Le
directeur général de la Caisse nationale des retraites (CNR) Slimane Mellouka a affirmé, hier, dimanche, qu'il n'y aura pas de
hausse des pensions de retraite. Il a expliqué, lors de l'émission ?Café et
journal' de la TV Ennahar qu'aucune augmentation des
pensions des retraites n'est prévue l'année prochaine, en raison des
déséquilibres financiers de la Caisse. Cette situation financière tendue de la
CNR est, également, le résultat de la faible proportion des cotisations des
travailleurs, ce qui a impliqué une intervention directe de l'Etat, pour
renflouer la Caisse, a-t-il expliqué. Actuellement, il y a un peu plus de trois
millions de retraités, selon le DG de la CNR, qui a ajouté qu'en 2016, il y a
eu entre 120.000 jusqu'à 180.000 départs en retraite, ce qui est énorme pour la
Caisse.
En
2017, il y a eu, également, a-t-il ajouté, entre 35.000 et 40.000 départs en
retraite, et « la même proportion est prévue pour 2018 ». C'est énorme, et donc
« les cotisations des travailleurs vont baisser de 60% », a, encore, précisé le
DG de la CNR. D'autre part, la Caisse débourse, actuellement, près de 900
milliards de dinars, d'allocations retraites, directes aux ayants droit et indirectes
aux familles des ayants droit notamment, affirme M. Mellouka.
Cette pression sur les finances de la Caisse est le fait, notamment, des
départs massifs en retraite des enseignants, avant l'application du nouveau
décret relatif au régime des retraites, qui avait supprimé, vers la fin de
l'année dernière, les retraites proportionnelles et anticipées, vivement décrié
par les travailleurs du secteur de l'Education nationale. En fait, c'est la loi
n°16-15 du 1er Rabie Ethani
1438, correspondant au 31 décembre 2016, qui a modifié et complété certaines
dispositions de la loi n° 83-12 du 2 juillet 1983 relative à la retraite, dont
l'âge de départ légal fixé à 60 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes,
la retraite anticipée sous condition, et la suppression de la retraite
proportionnelle. Cette loi est entrée en application, le 1er janvier 2017. Djaouad Bourkaïb, DG de la
Sécurité sociale, au ministère du Travail, avait estimé, après la décision du
gouvernement de mettre fin à la retraite anticipée que « la retraite
proportionnelle et sans condition d'âge disparaît, car elle a été mise en place
dans le cadre de l'ajustement structurel du FMI et cela va être supprimé pour
que la retraite revienne à 60 ans. » « Ce qu'on supprime, a-t-il ajouté, c'est
le départ volontaire, sans raison, à 50 ans. Ce n'est pas possible de maintenir
ce système, c'est quelque chose qui va porter préjudice au système de retraite
». Plus globalement, le problème de la CNR est structurel, lié à des départs
massifs en retraite anticipée, sans qu'il y ait des emplois créés et donc de
nouveaux cotisants. En octobre dernier, au moment de la préparation de la loi
15-16, du 31 décembre 2016, mettant fin au régime de retraite anticipée, M. Bourkaïb avait, notamment insisté, sur le nécessaire rééquilibre
de la Caisse de retraites. « Il y a un peu plus de 3 millions de (personnes),
qui bénéficient de la retraite. 1,8 million sont des pensions directes, le
reste sont des avantages aux ayants droit », a-t-il expliqué, alors que le
montant annuel global en droits contributifs est de 800 milliards de DA, entre
2015 et 2016. Par rapport aux recettes de cotisations, « il y a un écart, pris
en charge, dans le cadre de la solidarité inter-caisses, dû aux départs en
retraite, sans conditions d'âge et anticipée », ajoute t-il,
avant de préconiser d'agir sur « la cause principale de cet écart, le départ
avant l'âge de départ à la retraite. »