Que de perte d'argent, aucune vision, concernant la
collecte des peaux des animaux sacrifiés (ovins et bovins). En plus, ces
dernières sont très souvent abandonnées sur place, ajoutant une couche de
dégradation à l'environnement. Le citoyen est unanime pour pointer du doigt les
différents secteurs concernés en premier lieu, les professionnels de la
tannerie, obligés à se rabattre sur l'importation et sur des réseaux qui
s'approvisionnent chez nos voisins de l'Est. Aujourd'hui, la perte due à la
non-récupération de ces peaux avoisine les 50 milliards de centimes,
estime-t-on. «Avant, les toisons faisaient la fierté des foyers, elles étaient
séchées et utilisées pendant les journées de froid hivernal;
on sortait les meilleures pour les invités», se rappelle et regrette Hadja Akila. Durant ces deux jours de fête, les atteintes à
l'environnement et à la salubrité publique se sont multipliées avec le
spectacle désolant des déchets du contenu des viscères de moutons, des résidus
de foin et autres aliments. Pour un élu de la commune de Thenia,
«l'Etat devrait organiser le secteur et éliminer ce phénomène malheureux, en
impliquant les autorités locales et en organisant la collecte de ces peaux, en
allouant des lieux techniques pour les collecter et en créant des institutions
pour l'activité dans ce secteur», tout en soulignant qu'«il s'agit d'une
matière première commercialisable à l'étranger et rentable». Et pourtant, la
veille de la fête religieuse, l'entreprise Madinet
gérée par le centre d'enfouissement technique de Corso, en collaboration avec
l'APC de Boumerdès, a lancé une campagne sur la
collecte de toisons mais les consignes n'ont pas trouvé écho auprès d'une
population dont le seul objectif restait comment sacrifier son mouton. Les
peaux qui proviennent des bêtes sacrifiées à l'occasion de l'Aïd, soit plus de
quatre millions de têtes annuellement, peuvent être exportées vers les pays du
Sud méditerranéen comme le Portugal, l'Italie, qui sont les pays européens les
plus importants dans l'industrie du cuir. Aujourd'hui, une semaine après l'Aïd,
des sachets débordants jonchent encore sur les trottoirs de certaines cités de
l'est de la wilaya. A Khemis El Khechna,
c'est le lit d'un oued qui a accueilli des tonnes de restes des jours de fête.
Des toisons sont encore exposées dans les espaces des cités à la portée des
enfants, accroissant ainsi les risques de maladies. Pourquoi ne pas orienter
les jeunes investisseurs (ANSEJ et CNAC) vers ce secteur, créateur de richesse
et d'emploi dans une région à vocation agricole ?