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Une
nouvelle surchauffe des prix des fruits et légumes est enregistrée
à la veille de la célébration de l'Aïd El-Adha. En
dépit des assurances et des déclarations rassurantes des responsables des
ministères du Commerce et de l'Agriculture, c'est maintenant le même scénario,
bien rodé, qui revient chaque année à la veille des fêtes religieuses, ou les
fêtes nationales, avec de longues périodes de congé.
Cet Aïd el-Adha 2017 ne déroge pas à cette navrante et intolérable habitude des marchands et intermédiaires du commerce des fruits et légumes de faire monter les prix à des niveaux astronomiques. Hier la laitue était à plus de 200 DA/kg, la courgette également à plus de 220 DA, alors que le reste du panier de la ménagère ne valait pas moins. Les haricots verts à plus de 260 DA/kg, la tomate entre 45 et 65 DA/kg, la pomme de terre en moyenne à 55 DA/kg, ou les haricots rouges à 360 DA/kg. C'est une situation tout à faite inédite, à la veille de chaque Aïd El-Adha ou la fin du Ramadhan, cette situation n'a semble-t-il pas incité les ministères concernés à trouver une solution radicale, selon des associations de consommateurs qui dénoncent la passivité du ministère du Commerce. Pour les poissons, si la sardine a vu sa cote descendre jusqu'à 250 DA/kg dans certaines régions, la crevette reste intouchable à plus de 1800 DA/kg, tout comme les autres espèces, dont la dorade et le pagre (plus de 900 DA/kg). Pour autant, les prix des viandes rouges restent constants, à 1400/1500 DA/kg pour l'ovine et 1200/1300 DA/ kg en moyenne pour la viande bovine, alors que le poulet est proposé vif à 250 DA/kg. Mais, ce sont les prix des produits agricoles qui enregistrent les plus fortes hausses, en particulier ceux demandés durant cette période, dont la courgette, la carotte ou le navet. Même si le poivron reste haut à 150 DA/kg et l'aubergine (50-60 DA/kg), car les ménages, en prévision des jours de congé et les départs pour les fêtes de l'Aïd, font leurs emplettes pour ne pas être pénalisés par la fermeture des marchés et le manque de commerces en pareille période. Cette situation de débandade sur le marché agricole a été dénoncée une fois encore par les professionnels privés de la filière. Selon le président de la Fédération nationale des marchés de gros de fruits et légumes (FNMGFL), Mustapha Achour, «il appartient aux ministères du Commerce et de l'Intérieur de mettre fin à ces phénomènes» de hausses conjoncturelles des prix des fruits et légumes. «Il est inconcevable que 70% de la production agricole soit orientée et commercialisée sur les circuits informels, loin des marchés de gros, qui devraient être mieux gérés par les APC et les wilayas», estime-t-il. La faillite des circuits officiels, des collectivités locales et des ministères concernés dans la gestion des marchés des produits agricoles a fait que les circuits informels prospèrent et ce sont eux qui gèrent en réalité la filière du commerce des produits agricoles. «Entre le moment de la récolte et de la commercialisation, plusieurs spéculateurs et intermédiaires interviennent pour acheminer les produits vers les marchés parallèles. Il arrive que le même produit soit vendu deux à trois fois entre les spéculateurs avec une marge bénéficiaire pour chacun, et c'est de cette manière que le produit arrive aux marchés de gros et de détail au double de son prix», poursuit le président de la FNMGFL. Il a également appelé le ministère du Commerce pour qu'il élabore un code rigoureux qui oblige les producteurs locaux et les importateurs à faire entrer leurs productions dans les marchés de gros et à ne pas les vendre sur les circuits informels. A défaut, il faut imposer des sanctions sévères contre toute violation du circuit commercial du produit. Les lobbies de la filière sont-ils plus forts et plus puissants que les organismes officiels de contrôle et de régulation de la production agricole ? Une question qui se pose d'elle-même, car au mois d'avril dernier, il y a eu l'annonce faite par le gouvernement Sellal qu'il y aura quelque 10.000 contrôleurs des ministères du Commerce et de l'Agriculture sur le terrain pour lutter contre la spéculation sur les produits agricoles. Eviter une mauvaise surprise Peine perdue, ou simple effet d'annonce, car les prix se sont envolés, en juillet et août, hormis une relative accalmie à la mi-juin 2017. Selon l'Office national des statistiques (ONS), le coût de la vie s'est encore détérioré au mois de juillet dernier par rapport à la même période une année auparavant. A fin juillet 2017, l'inflation s'était établie à 6,1%, une baisse insignifiante de moins d'un point par rapport à juin dernier, qui a enregistré une hausse de 6,5% de l'évolution des prix. Par rapport à 2016, il n'y a pas eu donc évolution ni amélioration du coût de la vie avec tendance à la baisse de l'inflation en Algérie. Bien au contraire, comparativement à la même période en 2016, l'inflation a encore progressé en juillet 2017 et pourrait s'aggraver ce mois d'août. Selon l'ONS, l'inflation était de 5,5% en juillet 2016. Une hausse qui inquiète d'autant qu'elle reste constante et a tendance à s'aggraver du fait de l'absence de mesures et autres décisions de régulation des prix et des marchés. Par ailleurs, il n'y a pas que les fruits et légumes qui sont les plus demandés à la veille de l'Aïd. La demande est également forte pour les autres produits alimentaires comme les pâtes, la semoule, les jus ou les produits laitiers, en prévision toujours de ce week-end de fête religieuse. Les supermarchés sont en effet bondés, avec une forte demande sur les produits alimentaires, y compris les jus de fruits et les produits de conserve. En dépit de l'annonce de l'ouverture des commerces de proximité durant les deux jours de l'Aïd, les familles tiennent quand même à faire leurs emplettes pour ne pas connaître les désillusions des années passées, avec la fermeture durant plusieurs jours des commerces de proximité, sinon la rareté de certains produits, dont le pain, l'eau minérale ou le lait. |
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