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Au lieu que
toutes ces angoisses secrétées par la crise actuelle nous plongent dans la
mélancolie et le fatalisme, elles devraient être, au contraire, le coup de
talon qui nous permet d'avancer, en mettant notre énergie et nos efforts au
service du pays. Le peuple est aujourd'hui dans l'urgence d'écouter la vérité
de la bouche de ses dirigeants. Il a surtout besoin de
vrais débats de société, il demande des clarifications qui jurent avec la
langue de bois et cette culture démissionnaire de «la fuite en avant» qu'il
subit, malgré lui, depuis plusieurs décennies.
En plus, en cette époque charnière où les schémas traditionnels de gouvernance politique et de perception du monde sont partout effondrés, il va falloir envisager d'autres canaux et moyens pour mieux s'approcher du citoyen et le convaincre du bien-fondé de toutes les démarches politiques à entreprendre, fussent-elles sans grande importance. C'est pourquoi, une des choses qui devrait animer les élites est justement l'envie de conquérir l'esprit des foules, à commencer d'abord par les jeunes, sans démagogie et sans essayer de leur imposer quoi que ce soit. Citoyens démunis, diplômés exaspérés par la crise qui sévit sur le marché de l'emploi, travailleurs sans ressources qui assistent, impuissants, au délitement des repères de la société et à la dégringolade de leur pouvoir d'achat, chômeurs sans perspectives, jeunes sans diplômes ni logement, femmes en situation d'extrême précarité, vieux retraités qui n'arrivent guère à arrondir leurs fins de mois, cadres d'État en déprime, etc. Tous attendent, à vrai dire, quelque chose, fût-ce une petite lueur d'espoir venant de la part de leurs responsables pour les apaiser moralement. Or, si ces derniers se laissent facilement eux-mêmes déjà décourager ou gagner par l'impuissance, ce facteur monstrueux producteur du pessimisme, que restera-t-il aux autres, c'est-à-dire à la plèbe d'en bas ? Que dalle sans aucun doute! Certes, le bilan de ceux qui nous gouvernent n'est jusque-là guère réjouissant mais il n'en demeure pas moins que les Algériens sont prêts à accepter les conséquences, fussent-elles choquantes ou douloureuses, du langage de la vérité et de la franchise. Car, c'est l'unique voie vers la résolution de leurs problèmes. Quand on se rend compte que les comptes publics sont aujourd'hui à la dérive, que l'économie nationale va droit dans le mur, que l'État dépense plus d'argent qu'il n'en fait rentrer aux caisses, et qu'on est face à la contagion massive du phénomène de la corruption, il devient évident d'assainir les choses pour voir plus clair. Aussi, un travail d'explication, d'accompagnement et d'implication élitiste est-il attendu. Mieux, il est nécessaire pour assurer les citoyens que l'État est là, près d'eux, prêts à les aider, les orienter... La réforme passe par la proximité, le dialogue et une liaison de confiance avec les masses, décidément ! |
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