On
le savait tous et le ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, vient de le confirmer en s'exprimant sur les
relations entre le Maroc et l'Algérie qu'ils qualifient d'inexistantes. Dans
une interview au magazine Jeune Afrique, le ministre marocain a ainsi déploré
l'absence de coopération entre les deux pays, expliquant que «les relations
avec l'Algérie ne connaissent aucune évolution». Il présente un bilan famélique
puisque, selon lui, aucune visite d'officiels algériens au Maroc n'a été
enregistrée depuis plus de sept ans alors que la coordination est au point mort
à tous les niveaux. Evoquant l'Union du Maghreb arabe (UMA), il regrettera que
les réunions ne se tiennent plus et dira que «le Maghreb demeure la région la
moins intégrée du continent». Ce n'est pas la première fois que Rabat utilise
la carte de l'UMA pour charger l'Algérie et en février dernier, dans un
entretien accordé à l'hebdomadaire Afrique-Asie, Amar Belani,
ambassadeur d'Algérie en Belgique et auprès de l'Union européenne (UE), avait
tenu à répondre à ce propos au chef de la diplomatie de Sa Majesté. En réponse
aux affirmations marocaines sur l'extinction de «la flamme de l'UMA» et la
trahison de «l'idéal maghrébin», l'ancien porte-parole du ministère des
Affaires étrangères estimait que «ce constat est excessif et qu'il ne
correspond pas tout à fait à la réalité qui nous impose, au contraire, de
fournir davantage d'efforts pour consolider le processus maghrébin sur des
bases saines». Il insistera, à l'occasion, sur l'idée que l'Algérie demeure
profondément attachée à l'idéal maghrébin en tant qu'objectif stratégique et
aspiration profonde des peuples maghrébins. Dans la vision du diplomate
algérien, le responsable de cette situation est tout désigné, tenant à rappeler
quelques faits historiques. «Ce n'est pas l'Algérie qui a
gelé officiellement sa participation aux travaux de l'UMA en 1995; ce n'est pas
non plus le gouvernement algérien qui a déclaré «inopportune» la visite de
travail d'un chef du gouvernement en 2005 et ce n'est certainement pas
l'Algérie qui a remis en question le consensus partagé lors du Sommet de Zéralda de juin 1988 -qui a servi de plateforme pour le
lancement de l'UMA en février 1989- selon lequel la relation bilatérale et le
processus de l'intégration maghrébine doivent être préservés et découplés de la
question du Sahara Occidental qui fait l'objet d'un traitement adéquat au sein
des Nations unies, conformément à la doctrine onusienne de décolonisation»,
précisera Amar Belani. Par ailleurs et pour ne
pas déroger à la traditionnelle règle des attaques contre l'Algérie, Nasser Bourita reprochera à notre pays des campagnes diplomatiques
et médiatiques acharnées depuis l'annonce du retour du Royaume au sein de
l'Union africaine. La question sahraouie étant au centre des débats, Rabat joue
le rôle de victime dans un dossier où il est le principal coupable. Ces
habituels contre-feux allumés par le Makhzen, à chaque crise interne,
convoquent un modus operandi rodé où la cible
préférée reste l'Algérie. Ces derniers mois, une offensive sans égale mesure a
été menée par la diplomatie marocaine tirant à bout portant sur tout ce qui est
algérien.
De l'épisode des réfugiés syriens bloqués dans un no man's land entre les
deux frontières, à la «pièce de théâtre de bas étage», jouée aux Caraïbes lors
de la réunion du Comité spécial des 24, organe de l'ONU sur la décolonisation
et au tollé enregistré lors de l'investiture de Leïla Aïchi,
la sénatrice algéro-française dans la 9ème
circonscription des Français établis à l'étranger, les Marocains ont
constamment cherché à entrer en confrontation avec les Algériens, leur faisant
endosser le rôle du méchant dans l'affaire. La
politique du nouveau Premier ministre marocain, Saad-Eddine El-Othmani, figure du Parti justice et développement (PJD, islamiste),
est résolument hostile à l'Algérie puisqu'elle l'a placée parmi ses priorités à
abattre.