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Education: Les Syndicats prévoient une rentrée scolaire difficile

par Yazid Alilat

  Des syndicats d'enseignants, membres de l'Intersyndicale, prévoient une rentrée scolaire 2017-2018, prévue le 6 septembre prochain, difficile, avec notamment un déficit d'enseignants et des classes surchargées. Pour cette rentrée, le ministère de l'Education nationale organisera, ce dimanche, une conférence nationale pour préparer cette échéance, et qui sera supervisée par la ministre de l'Education nationale Nouria Benghebrit. Cette conférence, selon le ministère, sera consacrée aux « dernières retouches et à l'examen des grands dossiers », en prévision de la prochaine rentrée scolaire. Des ateliers thématiques seront programmés lors de cet évènement. Dimanche dernier, le ministère de l'Education nationale avait organisé des sessions de formation pédagogique préparatoire, à travers tout le territoire national, au profit de plus de 10.000 enseignants, admis au dernier concours de juin 2017. Ces sessions de formation, qui s'étaleront jusqu'au 31 août, à raison de 200 heures réparties sur les différentes phases de l'année scolaire, visent à couvrir tous les postes et encadrer tous les groupes pédagogiques, à l'échelle nationale, précise le ministère. Pour autant, sur le front syndical, on estime que cette rentrée sera difficile, et marquée par un déficit d'enseignants expérimentés. Messaoud Boudiba, porte-parole du Cnapest, a indiqué, dans une déclaration au «Le Quotidien d'Oran» que le grand problème de cette rentrée sera l'application du nouveau programme pédagogique promis par la ministre, mais dont aucun cadre du secteur, enseignant ou inspecteur de l'Education nationale, n'a une idée concrète. « Pour nous enseignants, il y a d'abord les nouveaux programmes et jusqu'à maintenant, nous enseignants, comme les inspecteurs et les responsables de la scolarité, ignorons ce qu'il y a de nouveau dans ce programme ». La ministre de l'Education nationale, Mme Nouria Benghebrit avait annoncé, à la fin de l'année scolaire 2016-2017, un vaste programme d'action pour cette rentrée dont la prise en charge effective de la Formation, selon les normes académiques requises, de l'ensemble des enseignants des trois paliers de l'Enseignement et ce, au mois de juillet 2017, ainsi que l'édition de nouveaux manuels scolaires. Elle avait, également, annoncé, au mois de juin dernier, dans un point de presse, la poursuite des actions et opérations de refonte du secteur dans le but de sa modernisation globale. « Nous n'avons pas reçu de livres, ni nous, ni les enseignants, ni les inspecteurs de l'Education », ajoute Messaoud Boudiba, avant de relever que « personne ne sait de quoi sera faite cette rentrée ». « Ni les inspecteurs, ni les enseignants ne savent quoi faire, à la rentrée, pour les classes de 3ème et 4ème années du Primaire et des 2ème et 3ème années du Moyen. En fait, les enseignants vont commencer l'année à zéro avec les nouveaux manuels scolaires, qu'on n'a pas encore reçus. » Pour Messaoud Boudiba, il est clair qu'il y aura trop de pression sur les enseignants, sur le plan pédagogique ou de la scolarité, et la prise en charge des nouveaux programmes ». Le deuxième point « noir » de cette rentrée scolaire 2017-2018 est focalisé sur « les nouveaux enseignants recrutés par voie de concours. Ils ont reçu une formation très légère et rapide qui ne leur permet pas de s'adapter, rapidement, aux nouveaux programmes scolaires », estime-t-il, et « donc ils vont rencontrer les élèves sans une grande préparation, ni formation, et ce sera, une fois encore, l'aventurisme et la grande inconnue pour les élèves. » Selon le directeur de la Formation, au ministère de l'Education nationale Kamel Hamadou, plus de 10.000 enseignants, admis au dernier concours de juin 2017, suivent une formation pédagogique, qui va leur permettre de se préparer à prendre en charge leurs élèves. M. Hamadou a ajouté que cette formation accélérée cible tous les groupes pédagogiques et tous les postes, au niveau national. Cette formation préparatoire a une durée de 200 heures, réparties sur l'année et pendant les vacances notamment, et s'étendra jusqu'au 31 août. Quant à la convocation des enseignants de réserve, elle se poursuit pour combler le déficit enregistré concernant certaines matières, souligne t-il. C'est ce point que le porte-parole du Cnapest a pointé du doigt, annonçant le « départ en retraite de quelque 50.000 enseignants et techniciens de l'Education. » « Donc, en septembre, il y aura un déficit en enseignants, et ce sera un problème pour le ministère. Ce sera la débandade, comme chaque année », souligne-t-il, avant d'affirmer que «le ministère n'apprend pas de ses erreurs et les répète chaque année.» De son côté, Meziane Meriane, coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l'Enseignement secondaire et technique (Snapest) explique que les rentrées sociale et scolaire, cette année seront difficiles. Elles seront « très lourdes pour l'ouvrier et le fonctionnaire, pour les bas salaires avec cette inflation des prix, car le marché n'est pas contrôlé par l'Etat ». Et, plus précisément sur cette rentrée scolaire, Meziane Meriane souligne que « le décret 97-13 (relatif à la retraite) a tout faussé. » Pour lui, « il y aura une rentrée scolaire très difficile, avec la surcharge des classes, et donc on sera loin des objectifs d'une éducation de qualité. » Il poursuit : « c'est là, la conséquence de décisions hâtives prises, sans concertation, des syndicats, notamment pour le dossier de la retraite. » « Nous n'allons pas rester les bras croisés face à ces problèmes, et nous n'avons pas tourné la page de la retraite anticipée, et la défense du pouvoir d'achat des travailleurs », explique-t-il. Les syndicats du secteur de l'Education nationale avaient demandé au gouvernement Sellal, qui avait revu l'âge de départ à la retraite, supprimé la retraite proportionnelle pour les enseignants ayant entre 20 et 25 ans d'ancienneté (décret 97-13 du 31 mai 1997), et conditionné le départ anticipé à la retraite, de bien négocier ce dossier. Sans suite, seule la retraite anticipée, adossée à la pénibilité du travail, a été maintenue, mais les secteurs bénéficiaires ne sont pas encore désignés. Le coordinateur du Snapest a, également, dénoncé « l'exclusion des syndicats indépendants de la Tripartite : c'est un cafouillage énorme, c'est dramatique et on va se battre pour nos droits.»