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Le système politique algérien et les gens du voyage

par Mazouzi Mohamed*

Ainsi font, font, font / Les petites marionnettes, Ainsi font, font, font / Trois p'tits tours et puis s'en vont. Les mains aux côtés / Sautez, sautez marionnettes, Les mains aux côtés / Marionnettes recommencez. Ainsi font, font, font / Les petites marionnettes, Ainsi font, font, font / Trois p'tits tours et puis s'en vont. Et elles danseront / Les petites marionnettes, Et elles danseront / Quant les enfants dormiront.

Quel étrange comportement que celui de nos ministres et hommes politiques, tantôt diabolisés tantôt encensés, et qui brusquement sont déboulonnés de manière aussi inattendue et mystérieuse. Ils s'éclipseront tous avec la même dégaine altière et cynique. Ils font le serment d'une allégeance à vie en dépit de tous les déboires et disgrâces qu'ils ont eu à essuyer. Personne ne pourra jamais valider et corroborer ni les griefs émis à leur sujet, ni les mérites qu'on leur prête.

Une seule évidence demeure, tous ces hommes-majordomes sont conscients que leur employeur, ce système concasseur qui les a adoptés est par nature extrêmement capricieux, versatile, parfois ingrat et sujet aux réactions les plus imprévisibles. Alors ils se prémunissent de milles manières, soit en confectionnant des matelas de sécurité, soit en tissant méticuleusement de nouvelles alliances dans l'espoir d'un retour de grâce.

Si on devait comparer le système politique algérien dans sa manière d'interagir avec les hommes dont il se sert, l'image qui lui conviendrait le mieux, c'est celle des « Gens du voyage», ces forains aux semelles de vent. On ne sait jamais quand ils viennent ni quand ils partent. On sait seulement qu'ils sont là pour un moment, juste le temps de jouer leurs tours, faire du tapage, créer un peu d'ambiance et de diversion et laisser après leur départ des masses éberluées par une esbroufe magistrale et une magie insolite , désuète mais qui s'avère assez efficace et nécessaire. C'est ce qui distingue le système politique algérien : distraire les foules par l'art de l'intrigue et le gout de l'inachevé, échafauder des mystères, débusquer des complots et en oudrir d'autres, dévoiler des trahisons et des défections, dissimuler des crimes et faire disparaître des pièces à convictions , faire circuler des rumeurs que personne ne pourra vérifier, ameuter les foules, semer le doute dans les esprits des gens, pour enfin aboutir au résultat final, identique à celui que l'on voit dans le film « Insaisissables » : Ce que vous voyez n'est jamais la réalité. En fin de compte, il y aura tellement de prestidigitation tapageuse que vos sens se verront submergés en permanence par des flots d'illusions. Le but : inhiber ce qu'il y a de plus précieux en vous, la raison, l'entendement, le discernement, mais en prenant toutefois le soin de laisser se développer en chacun de nous une forme de stupeur compulsive et abêtissante qui crée dans la société ce besoin irrépressible de jouer aux charades, un civisme d'un genre assez particulier qui nous pousse à imaginer les scénarios les plus incongrus où on verra fusionner à propos d'un même événement les jugements les plus contradictoires (satires, dithyrambes , diffamations, admiration, dégoût.?).

C'est l'unique privilège (ou sortilège) qu'un pouvoir congénitalement réfractaire à la transparence et à la vérité concède intentionnellement à un peuple pour brouiller ses sens et pérenniser sa docilité.

Le peuple finira par aménager lui même ses forums d'exutoire et de catharsis.

« - C'est elle qui remplit d'espoir, Les promenades les salons de thé. C'est elle qui raconte l'histoire quand elle ne l'a pas inventée. C'est la parlote, la parlote.

-Marchant sur la pointe des lèvres. Moitié fakir et moitié vandale. D'un faussaire elle fait un orfèvre. D'un fifrelin elle fait un scandale. La parlote la parlote.

-C'est au bistrot qu'elle rend ses sentences, Et nous rassure en nous assurant, Que ceux qu'on aime n'ont pas eu de chance, Que ceux qu'on n'aime pas en on tellement. La parlote, la parlote- La parlote, la parlote » (1)

On a laissé pendant trois décennies le peuple spéculer sur un système omnipotent composé de mystérieux généraux considérés comme des croquemitaines, de cabinets noirs qui cousaient et décousaient les règnes de nos dirigeants. Une paranoïa accompagnée d'un business florissant qui durera le temps où se mettra en place une autre aberration aussi abominable qu'incompréhensible, un terrorisme sans visage ni finalité hormis substituer à un règne de stupidité une période de terreur et un chaos, malheureux prélude à d'autres formes de pouvoir et d'alliance non moins douteuses. Vint ensuite un règne qui se refusait de gouverner au trois-quarts.

Un grand toilettage lent et laborieux se mit soigneusement en place pour amoindrir l'omnipotence de l'uniforme au profit d'une ploutocratie civile de dernière heure. Ce rêve de ne plus gouverner aux trois-quarts volera en éclats. Le pouvoir sera désormais morcelé et divisé en quotes-parts. C'était avoir visé très haut.

« Comment nommer les choses lorsqu'elles sont indéfinissables, opaques, insaisissables ? Ce n'est ni le titre d'un polar, ni d'un film de science-fiction, mais le nom donné au pouvoir algérien par ceux qui le pratiquent : le Système. Cette curiosité lexicale n'est pas qu'un fantasme. Dans les plus hauts cercles de l'État, le concept de Système est validé, avec tout l'inconfort, l'aberration qu'il suppose. Un diplomate de haut rang resté en poste à Alger pendant plusieurs années affirme : « Je vais partir sans savoir qui gouverne réellement. » Un autre représentant de la diplomatie française : « Je n'ai jamais vu ça ailleurs. Il s'agit d'un des pays les plus difficiles du monde en termes de compréhension. » (2)

L'Algérie n'est pas une exception. Dans les plus grandes démocraties du monde, le mensonge et la dissimulation font partie intégrante de la politique. « Les citoyens sont non seulement écartés des centres de décision politique, mais également tenus dans l'ignorance de l'état réel de cette même opinion publique. » (3)

En dépit de tout ce que l'on pourra relever comme défaillances dans leurs institutions démocratiques et une presse littéralement apprivoisée et servile, ces pays n'agissent jamais de manière à mettre en péril l'intérêt supérieur de la nation. Au contraire, ces pratiques peu honorables utilisées par ces grandes puissances ont été le ferment de leurs richesses et de leur prospérité.

On verra comment la Francafrique permettra à moindres frais mais avec les moyens les plus ignominieux à la France de continuer à engranger beaucoup plus de dividendes que du temps de l'empire, multinationales et anciennes puissances , dans une complétion féroce , plongeront l'Afrique dans un chaos indescriptible fait de famine, de pillages des ressources et de génocides.

« La démocratie est le pire des régimes - à l'exception de tous les autres déjà essayés dans le passé. » clamera un jour Winston Churchill.

On verra les Etats-Unis utiliser la même insensibilité criminelle qu'un sérial Killer pour asseoir sa suprématie , elle épuisera quasiment toutes les méthodes ; fomentant des complots de toutes sortes , ne lésinant sur aucuns moyens : financiers , assistance technique , propagande , assassinats , enlèvements , coup d'états , conflits meurtriers et guerres , mise à l'écoute du monde entier , voire de ses propres citoyens et des pays alliés.

«On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps.» Ce fameux théorème d'Abraham Lincoln ne peut se réaliser que si la société arrive par des coups de sort miraculeux à produire des intelligences résilientes, éclairées et prêtes à tout pour éviter que le pouvoir ne soit absolu au-delà de ce que la loi, la morale et le bon sens l'exigent.

« Il n'est pas un crime, pas un truc, pas un sale coup, pas une escroquerie, pas un vice qui ne perdure sans le secret qui l'entoure. Exposez ces faits au grand jour, décrivez-les, attaquez-les, ridiculisez-les dans la presse et tôt ou tard l'opinion publique les chassera. La publicité n'est peut-être pas la seule chose nécessaire mais c'est une chose sans laquelle toutes les autres démarches resteront vaines » (4)

Ce n'est pas la constitution qui est le gage d'une démocratie idéale, ce n'est pas non plus une apparente séparation des pouvoirs et ce n'est surtout pas le peuple , encore faudrait-il que cette hypothétique souveraineté dont on l'affuble et qui est la source du pouvoir lui-même soit intrinsèquement tributaire d'une certaine forme de savoir , La démocratie n'est pas cette illusion d'avoir le droit et la liberté de disposer de l'information dans une société ou aucune information impartiale , objective et fiable n'est disponible.

Ce n'est pas le peuple qui doit aller en quête de l'information lorsque tout le monde s'amuse à la pervertir, c'est l'information qui doit être en permanence à la disposition du peuple selon des mécanismes savamment et intelligemment conçus au non de l'intérêt général pour servir des causes nobles et notamment la vérité , et in fine instaurer entre le peuple et l'Etat une confiance et dignité réciproques méritées.

«Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit. «(5)

Dès le début de son premier mandat, le président Bouteflika qualifiait de « Tayabat El hammam » ceux à qui incombait la tâche d'informer le peuple sur la gouvernance d'un pays qui s'avérait le plus souvent chaotique.

Redoutable arme à double tranchant, la liberté de la presse, ce libre arbitre si précieux et fondamental, comporte intrinsèquement cette propension à désinformer, à mentir, à conjecturer, à soutenir les ennemis de la vérité et de la justice. Mais peut-on un seul instant imaginer une démocratie sans presse.

Aucune presse au monde n'est à l'abri de ces dérives. Publié en 2016 par l'association Reporters Sans Frontières (RSF), le classement mondial de la liberté de la presse, dresse un tableau peu reluisant sur ce quatrième pouvoir partout dans le monde. «Le paysage médiatique français est largement constitué de groupes dont les propriétaires ont d'autres intérêts, qui souvent pèsent beaucoup plus, que leur attachement au journalisme». Le livre « Les nouveaux chiens de garde » de l'écrivain et journaliste français Serges Halimi, dressera un tableau pathétique d'un système médiatique français complètement perverti par un jeu d'influences, d'intérêts réciproques et de domination qui nuit énormément à la liberté et au droit à l'information tels que le peuple est en mesure d'espérer. Le « contre pouvoir » s'est assoupi avant de se retourner contre ceux qu'il devait servir. Pour servir ceux qu'il devait surveiller. Est-ce plutôt l'impudence de leur société de connivence qui, dans un périmètre idéologique minuscule, multiplie les affrontements factices, les notoriétés indues, les services réciproques, les omniprésences à l'antenne ? Est-ce enfin l'assaut répété et chaque fois victorieux - des industriels contre les dernières citadelles de la liberté de la presse ? «(6)

Karl Marx disait que « La première liberté consiste pour la presse à ne pas être une industrie. »

L'Intellectuel Noam Chomsky n'a jamais cessé de dénoncer le mensonge et l'arsenal de manipulations dont se servent les puissances financières et l'Administration américaine pour investir, s'approprier l'âme du journalisme et débaucher complètement celui-ci au profit d'une information biaisée ,partiale et parcellaire. Bref ! Une information qui ne doit servir que les intérêts de ces lobbys financiers et politiques omnipuissants.

« Du fait des services qu'ils rendent, de contacts quotidiens et de leur dépendance réciproque, les puissants peuvent compter sur des relations personnelles, recourir à la carotte et au bâton pour influencer et contrôler un peu plus les médias. Ceux-ci se sentiront obligés de colporter les nouvelles les plus douteuses et de taire les critiques pour ne pas froisser leurs sources ou ternir des relations aussi privilégiées. » (7)

On ne pourra parler de démocratie idéale que si coexistent activement les fondamentaux qui font son esprit et sa force : Information, transparence et obligation de rendre compte. Un goût du secret trop prononcé peut nuire à la qualité du processus décisionnel public et empêcher les citoyens de constater les abus dont les pouvoirs publics peuvent être responsables. Cette tendance peut avoir un effet destructeur sur la quasi-totalité des aspects ayant trait à la société et à la gouvernance. L'ONG internationale de défense des droits de l'homme, a décrit l'information comme étant l'« oxygène de la démocratie », tandis que le Rapport mondial sur le développement humain (PNUD-2002) qualifiait un débat éclairé de « sève de la démocratie ».

La transparence permet la mise en œuvre effective des principes et des valeurs qui fondent l'action publique et elle renforce ce faisant la confiance des citoyens dans les institutions : elle en est même un pilier. Elle vise à assurer une meilleure participation des citoyens au processus décisionnel ainsi qu'à garantir une plus grande légitimité, efficacité et responsabilité de l'administration à l'égard des citoyens dans un système démocratique.

Evidemment, tout cela relève de l'onirisme et de l'utopie, à voir le climat délétère qui anime la vie politique en Algérie et illustre admirablement l'usage du malentendu et de l'opacité comme style, éthique et esthétique politiques. Un pouvoir peu loquace, impénétrable et une agora qui se nourrit de conjectures.

L'épisode de Abdelmadjid Tebboune constitue une parfaite illustration d'un mécanisme néguentropique couramment usité et destiné à éviter des débordements regrettables, un processus de réajustements, de préservation des équilibres régionaux, d'harmonisation des contraires, une opération de recadrage. En fin de compte , peu importe la justice et la vérité, peu importe le progrès et le développement, rien ne vaut une paix sociale rafistolée en permanence.

Recourir systématiquement, de manière abusive et inconsidérée à l'import/import fait sans doute le bonheur des superettes mais compromet sérieusement la relance économique. Surveiller le bradage du foncier agricole, industriel et touristique est une urgence nationale. Juguler, amoindrir, neutraliser l'influence néfaste de l'argent et du monde des affaires sur le mode de gouvernance de l'Etat est une autre urgence nationale. Ces priorités, pour ne citer que celles-ci faisaient partie d'une certaine feuille de route entérinée par tout le gotha politique, médiatique et intellectuel. Et il se trouve que ces trois addictions intentionnellement alimentées font partie d'une même problématique qui toucherait à long terme à la sécurité nationale. Et du jour au lendemain tout le monde commence à remettre en question ce consensus.

Avant le limogeage de Tebboune , une chaîne de télévision nationale arabophone se met à gloser sur des événements et des décisions politiques qu'elle essaye de présenter comme des communiqués présidentiels.

Cette herméneutique est frénétiquement relayée en boucle, cette guéguerre par presse interposée qui sévit depuis longtemps nuit énormément à la vérité, à la justice, et altère le jugement des citoyens sur la crédibilité de ses institutions. Mais c'est souvent ce qui arrive lorsque l'Etat n'estime pas nécessaire de communiquer directement avec son peuple. Alors les « Tayabat EL-Hammam » prolifèrent, celles inféodées au palais comme celles de la plèbe.

« La confusion reste totale d'autant qu'aucune voix officielle ne vient mettre un terme aux spéculations. » (8)

Nous donnons l'impression de partir tous en croisade contre des monstres face auxquels nous nous amusons pathétiquement et vainement à livrer le même combat. Ca devient grotesque et intolérable.

Les plus irréductibles essayent tant bien que mal de conserver leur virginité, le reste se vend au plus offrant. Représentants de l'Etat, dotés en principe de tous les pouvoirs pour asseoir l'autorité inébranlable de l'Etat et préserver son intégrité, Ils auront tous énormément de peine à contrer les effets pervers de la collusion entre pouvoir et argent sale.

En 1990, le défunt Boudiaf pensait affronter un ennemi facile à neutraliser, il réalisera rapidement que l'extrémisme n'était que l'arbre qui cachait une forêt plus dense peuplée de prédateurs de tout genre.

La Maffia politico-financière s'avérera moins aisée à amadouer, éradiquer ou phagocyter.

En 1999, le président Bouteflika prend conscience du même danger caractérisé selon ses propres termes par « un magma de brigandage, de mafiosi, de gens véreux ». Et pourtant, on verra essaimer, proliférer et prospérer comme jamais les plus spectaculaires opérations de brigandage, sous les yeux ébahis d'un peuple et d'une élite exténués et abasourdis et face à la déconcertante pusillanimité d'une justice ligotée.

Pourquoi cet échec patent et endémique ? On peut le formuler différemment mais pour dire toujours la même chose. a) L'Etat est le produit de ces mariages contre-nature. b) L'Etat ne peut fonctionner sans l'implication de ces oligarchies financières. c) Ce sont ces empires financiers de pacotille qui composent et recomposent indéfiniment l'ossature de l'Etat.

- En 2012, M. Ouyahia, ex-ministre et patron du RND, avait dénoncé ces pratiques intolérables d'un monde interlope où sur le dos du peuple, complotent, manigancent et spéculent des personnalités politiques avec des cercles maffieux. Il dira à ce sujet « L'argent commande en Algérie. Il commence à gouverner et à devenir mafieux » - En 2015, les lamentations de L'ex-ministre du commerce, feu Bakhti Belaib, présentent un véritable cas d'école. Voilà un ministre, responsable d'un secteur névralgique, doté de tous les instruments juridiques, politiques et coercitifs que lui confère son poste mais qui aura passé son temps à se battre contre des moulins à vents, se voir intimidé et menacé lui et les cadres de son secteur. Juché sur un piédestal et détenteur à priori d'un certain pouvoir mais incapable de mettre fin aux agissements criminels d'une meute d'affairistes rampants qui essayent tous les jours de rogner la puissance tutélaire d'un Etat poreux. Qu'il repose en paix dans ces lieux où le droit régalien et la justice ont un véritable sens.

- En 2016, un autre ministre et pas des moindres, chargé d'un secteur assez sensible car en ces temps de vache maigre, l'intelligence économique mise au service de son secteur sera précisément propice à renflouer un budget de l'Etat longtemps tributaire d'une manne pétrolière qui s'évapore à vue d'œil. M. Abdelouawab Nouri ministre de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat se réveillera un jour, étonné d'avoir été floué par ces maraudeurs des bonnes affaires, il se dit «abasourdi» face à l'escamotage de 65 hectares attribués illégalement à Dounia Park, site de grands projets par excellence, autrefois fleuron d'une France coloniale. Bref ! Notre Ministre, gardien de ces lieux, M. Abdelouawab Nouri constate que «Ces lots de terrains ont été distribués dans un irrespect total de la législation en la matière et loin de toute transparence, en vue de l'implantation de projets imaginaires, représentés pour la plupart d'entre eux, par des fast-food», ajoutant qu'il est «impossible d'insuffler le développement du secteur touristique, par l'encouragement de la culture du fast-food, et du déni de la loi». Verdict final ! Point de scandale parait-il, ce ne fut qu'un malentendu qui sera aussitôt dissipé, pour le bien de la cohésion gouvernementale. Une opération de « Recadrage » comme celle inhérente au limogeage d'Abdelmadjid Tébboune.

- Toujours en 2016, M. OUYAHIA réitère et annonce cette fois aux médias nationaux qu'« une catégorie de la classe politique associée aux détenteurs de l'argent sale et du double passeport, sont tentés de semer leur haine parmi le peuple algérien pour détruire le pays et prendre le pouvoir au milieu de la tragédie» Fort bien, en apparence cette accusation demeure quand même plus grave encore que celles déjà proférées par ses prédécesseurs, néanmoins, cette forme de prédation n'a rien d'inédit, on a tout vu dans ce pays.

- En 2017, ce sera au tour de M. Abdelmadjid Tebboune de partir en guerre contre cette irréductible maffia qui gère cette superette qu'est devenue l'Algérie. Le club ou le cercle de toutes ces vierges éplorées ne cessera de grossir, triste spectacle de la pitoyable et pathétique impuissance de l'Etat face à ces énergumènes qui gèrent ce pays comme une véritable superette. Le règne de Tébboune le justicier fût aussi bref que ses vacances.

Quid de la justice ? Il y a toujours des « lignes rouges à ne pas franchir ». C'est la devise sacrée de la politique algérienne. On en a eu un aperçu lors du procès Khalifa Bank. Proclamée sentencieusement lors des audiences. La devise d'un pouvoir qui exècre toute initiative personnelle tendant à sortir du dédale et s'amuser à courir après une justice et une vérité utopiques. Icare ne fût qu'un mythe aussi bien que la légendaire Thémis.

Dans notre réalité, il n'y a ni glaive ni balance, et les yeux bandés de cette dame ne sont synonymes ni de l'équité ni de l'impartialité mais plutôt de la capitulation.

Comme on dit chez nous « Tekhti Rassi Oua Etfout » « Elli Bîid ââla Zaza bââklou »

L'économie informelle, de par son ampleur contrôle plus de 40% de la masse monétaire en circulation et 70% des segments de produits de première nécessité.

Tout ça pour quelques containers, quelques barils de pétrole, quelques licences d'Import/Import, quelques concessions de lopins de terre. C'est à tout cela qu'est réduit le pays. Les paroles du Président Bouteflika sont prophétiques. Il avait dès le début de son règne fustigé avec véhémence cette économie de bric-à-brac.

« Kech Bakhta OueFnadjel Meriem », disait-il. Il semblerait que nous n'avons pas tellement évolué et que nous sommes toujours en présence de cet Etat/Nation/Bazar.

On y trouve d'ailleurs dans la nature toute une palette de créatures qui, afin de survivre et prospérer, utilisent des moyens peu conventionnels et forts surprenants. Des phasmes qui se métamorphosent pour mieux se dissimuler, des mantes religieuses qui dévorent leurs partenaires en pleine copulation, des rémoras qui s'acoquinent avec le squale le plus vorace et le plus dangereux. «La vérité, dans le langage, est donc très-utile, non-seulement pour la science, mais même pour la conduite de la vie : car les discours inspirent de la confiance, quand ils sont d'accord avec les faits ; et, par cette raison, ils déterminent ceux qui les ont bien compris, à vivre d'une manière conforme à ce qu'ils expriment » (9) M. M.

Notes :

1- Jacques Brel, « La Parlote »

2- Christophe Dubois et Marie-C.Tabet « Paris-Alger : Une histoire passionnelle », p.101, Éditions Stock, 2015

3- Noam Chomsky « Le lavage de cerveaux en liberté », Le Monde diplomatique, Aout 2007

4- Joseph Pulitzer

5- Déclaration universelle des droits de l'homme, Art.19.

6- Hacen Ouali , « Qui veut abattre Tebboune ? » El-Watan du 09/08/2017

7- Serge Halimi, Les Nouveaux Chiens de garde, Raisons d'agir, p11,12 , éditions, Paris, 1997

8- Noam Chomsky, Edward Herman, La fabrication du consentement : De la propagande médiatique en Démocratie.

9- Aristote, « La Morale, Ethique à Nicomaque »

*Universitaire