La Journée nationale du moudjahid,
qui est incrustée profondément dans notre temps aoûtien, englobe une double
commémoration de l'offensive populaire du Nord-Est en 1955 contre l'occupant et
la tenue du congrès de la Soummam en 1956, érigeant deux étapes charnières dans
le processus insurrectionnel de la révolution algérienne, aboutissant à la
radicalisation du combat libérateur mené par le peuple. Si le
sursaut formidable, conduit par le martyr Zighout
Youcef, avait donné une nouvelle impulsion au mouvement insurrectionnel
national, favorisant l'allègement de la pression subie par la région des Aurès,
le congrès de la Soummam, dont la plateforme fut conçue par Larbi Ben M'hidi et Abane Ramdane,
avait imprimé un nouvel axe stratégique à la lutte armée, empreinte de discipline
et d'esprit d'initiative, qui parvient à transformer tout le torrent de
l'enthousiasme populaire en énergie créatrice, qui allait ébranler tous les
fondements de l'ordre colonial, en générant les synergies en mode exponentiel à
même de pouvoir briser le mur de la terreur coloniale.
La fidélité aux deux messages
combinés du 20 Août nous impose de redoubler d'effort tenace dans la
préservation de la mémoire de tous nos martyrs, connus ou anonymes, qui, depuis
1830, n'avaient pas hésité à aller devant le sacrifice suprême, rêvant d'une
Algérie indépendante, une et indivisible, d'une nation debout et fière avec ses
femmes et ses hommes libres, probes et dignement engagés dans la mission de
bâtisseurs. Aujourd'hui, dans le recueillement devant le
carré des martyrs à Oued Zenati ou ailleurs et avec
le timbre fédérateur de l'hymne national, nous nous devons d'admettre que la
notion de fidélité au serment nous impose aussi de nous consacrer pleinement à
la construction de notre présent et à l'élaboration de notre avenir sans la
tricherie pour l'école buissonnière ni la malice de cacher la poussière sous le
tapis, mais avec la même abnégation de nos aînés, en se gardant des chantres
sempiternels du doute et du renoncement. D'aucuns vous diront que malgré
l'omniprésence des gardiens du temple, les vicissitudes de la vie provoquent
souvent des errements où l'on se hasarde dans les voies du relâchement et de la
stagnation pour se noyer dans les mares machiavéliques et les incohérences des
faux débats emplis de stérilité, fomentés par les officines occultes et les
cellules dormantes de la cinquième colonne revancharde ou encore les
irréductibles insatisfaits. L'on revisite l'histoire de notre glorieuse marche
et cette double commémoration intervient à une période cruciale où l'on assiste
à une refonte de nos méthodes de gouvernance, en s'impliquant judicieusement
dans le nivellement de grande envergure du vaste chantier ouvert sur tout le
territoire. Nous sommes engagés dans une course contre la montre, puisant dans
nos propres capacités et notre instinct managérial, afin de parvenir à extirper
l'incurie et l'insouciance ambiante sous le chapiteau exécutif et le dôme de
l'édilité, ne tenant pas compte du fait que chacun demeure sous contrat de
performances, soumis à une évaluation périodique dans la gestion des affaires
publiques. Il va sans dire qu'en ces temps de vaches maigres et pour booster la
croissance économique, le coefficient le plus coté sera porté assurément à la
rubrique de la mise en valeur des territoires et leur attractivité
transversale, qui va accompagner toute la dynamique générationnelle dans la
mise en forme du renouveau économique national. La mission reste pesante et
ardue mais tous les voyants affichent sa faisabilité pour peu que l'on
contourne judicieusement les chapelles obscurantistes des derviches hurleurs
qui ne cherchent qu'à assassiner les espérances. Pour peu aussi que l'on se
démarque des mauvais réflexes de l'égocentrisme, l'attentisme et la
désinvolture, pour s'investir dans des actions salvatrices et novatrices avec
le même état d'esprit que celui de nos aînés d'hier, qui avaient été les
précurseurs d'un certain 1er novembre 1954, les guides éclairés d'un
soulèvement populaire un 20 août 1955, ou encore les concepteurs de la
plateforme du congrès de la Soummam tenu il y a 61 ans. En gage de gratitude,
nous nous imposons de verser de la sueur par respect au sang versé par nos
aînés, montrant ainsi notre capacité dans l'engagement à préserver leur
mémoire. Il s'agit en fait de notre liberté, de notre patrie et de notre
dignité. Vivement que la mémoire est immortelle et que les peuples qui décident
d'avancer font aplatir toutes les montagnes.