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Planteurs, Ras El-Aïn et Kouchet El-Djir: Mais où trouver l'argent pour les aménagements ?

par Houari Saaïdia

  Alors que le tentaculaire bidonville perché à flanc de montagne des Planteurs se vide de ses occupants, au gré des relogements successifs, l'avenir de cet espace déstructuré n'est plus une vue de l'esprit, mais un projet à concrétiser.

Or le problème, c'est où trouver l'argent pour matérialiser le POS, en ces temps d'austérité où d'importants chantiers sont à l'arrêt faute de moyens financiers ?

Une source officielle de la wilaya fait savoir qu'il existe en effet un plan d'aménagement, en l'occurrence un plan d'occupation des sols (POS) relatif à ce site surplombant le quartier de Sidi El-Houari. «Ce plan, qui fera sous peu l'objet d'une séance de présentation en vue de l'enrichir, est l'instrument d'urbanisme qui nous orientera dans le processus de structuration et d'aménagement de ce périmètre de la ville», indique la même source. Voilà qui «rassure» un tant soit peu et -surtout- fait gagner du temps, s'agissant de l'après-démolition, de la phase post-relogement. En ce sens que l'existence d'une étude de POS ficelée et approuvée, un outil de planification qui fixe les règles générales et les servitudes d'utilisation, organise les zones urbaines ou à urbaniser (en prenant notamment en compte les besoins en matière d'habitat, d'emplois, de services et de transport), protège les milieux et sites naturels, sauvegarde les patrimoines historiques et architecturaux, etc., que les pouvoirs publics comptent mettre en œuvre, est la pièce à conviction idéale permettant aux pouvoirs publics locaux de plaider l'opportunité d'inscription de programmes (au profit de ce site) et le meilleur raccourci pour passer du vœu à l'acquis, de la demande à l'offre. A l'évidence, précise encore la même source, on compte aménager le secteur par parties, c'est-à-dire par lots successifs. L'évacuation du périmètre occupé par plusieurs centaines de maisons de fortune ne pouvant être opérée d'un seul coup mais par vagues itératives en fonction des quotas disponibles du programme RHP de logements LPL qui lui est consacré, l'idée est de procéder par îlot, en mettant en place les réseaux primaires et secondaires ainsi que les équipements de base.

A QUAND LA FIN DU RELOGEMENT ?

«Attendre que toutes les familles soient relogées et que tout le site soit évacué pour entamer l'aménagement, c'est hypothétique comme raisonnement car on ne sait jamais quand l'opération de relogement va finir et on n'est d'ailleurs même pas sûr si ça va finir un jour, étant donné que le programme RHP disponible est en termes de consistance très en-deçà de ce qui existe réellement sur place, lequel dépasse quantitativement et de loin le recensement officiel», explique-t-on. En attendant, le paysage digne d'un décor d'après-guerre, avec des habitations réduites en ruines à coups de bulldozer et de boule de fer et des décombres à perte de vue, a de beaux jours devant lui puisqu'on a jugé utile de ne pas déblayer le terrain et de laisser la scène telle quelle pour empêcher la réémergence d'éventuelles constructions illicites. «Reboiser tout le terrain récupéré, cela serait un sinistre retour à la case départ, puisque ce faisant, nous mettrons en place, de nos propres mains, les conditions favorables à une résurgence du phénomène baraquement. L'idée, c'est de restructurer ce secteur, de le ré-urbaniser spécifiquement tout en respectant ses caractéristiques, ses singularités, dont en prime son entourage immédiat par Sidi El-Houari», avait déclaré l'ex-chef de l'exécutif local, rappelle-t-on, en marge d'une opération de relogement ciblant un pan de ce site d'habitats précaires.

POS APPROUVE : 200 HECTARES DONT LES 3/4 A URBANISER

Le wali se voulait pragmatique, loin de l'idéalisme des adeptes de l'écologisme et de la ville verte ainsi que du passéisme des nostalgiques qui se souviennent encore et toujours des jardins et des sources d'eau douce du ravin de Ras El-Aïn, lequel élément structurait jadis une logique d'aménagement basée sur l'activité majeure d'exploitation terrienne, assortie d'activités liées aux moulins, lavoirs et fontaines qui ponctuaient les rythmes des pratiques sociales dans le temps et l'espace. Réalisée par le BET Buvor, l'étude du POS qui a été approuvée en 2001, prévoit surtout de meubler les trois quarts de ce périmètre site s'étendant sur une superficie de 203 ha en habitats collectifs et équipements publics, d'aménager un terrain à boiser ainsi que quelques espaces verts et aires de détente et de loisir, tout en sauvegardant une parcelle de 51 ha, entre patrimoine historique et site naturel. Il est utile de rappeler que sur le plan de la ville d'Oran de 1964, établi par le Service de l'Urbanisme, le ravin de Ras El-Aïn ne figure pas comme projet mais se présente sous forme de zone sans désignation entre les groupes de quartiers Eugène-Etienne et les Planteurs à l'ouest, et le camp militaire dénommé Saint-Philippe à l'Est. A partir de 1975, apparaît l'étude du Plan directeur d'urbanisme d'Oran. L'examen du plan de synthèse de l'occupation des sols, montre une zone de rénovation à l'ouest de la ville et dans laquelle se situe le ravin. Elle se développe sous une vaste forme oblongue et hachurée. Une ligne abstraite la divise transversalement en deux parties dont l'une est dénommée Sid el Houari, tandis que l'autre, sans limites précises, juxtapose les noms de Ras el-Aïn et Les Planteurs. Ce mode de représentation qui ne reflète pas la notion d'occupation de sol, donne à supposer qu'il n'y avait pas suffisamment de données concernant la zone et qu'elle nécessitait par conséquent une étude particulière. En tout état de cause et selon les indications de la légende, aucun critère d'affectation ou d'usage du ravin n'apparaît dans l'étendue délimitée. En 1988, l'Institut national de cartographie (INC) produit un plan actualisé d'Oran avec sa nouvelle toponymie. L'absence de diagnostic pour justifier les interventions se traduit par la reprise de projets qui datent de la période coloniale. Leur conception se comprenait dans l'esprit de donner au site la vocation touristique caractérisant sa structure morphologique originelle.

L'APRES-DEBIDONVILLISATION

Les bidonvilles de Ras El-Aïn, les Planteurs, Kouchet El-Djir sont considérés comme les plus anciens du pays et qualifiés en 2002, souvenons-nous, par un ministre, de «véritable enfer». En 2005, une enquête, avec comme objectif de transférer quelque 12.000 ménages, avait été entamée et un projet de relogement d'envergure auquel a adhéré la Banque mondiale a été lancé. Une fois achevé, le site de Ras El-Aïn et des Planteurs devait être transformé, selon les annonces légères et à fleur de peau de l'époque, en forêt urbaine pour faire fonction de poumon de la ville. Ce quartier a pris une tout autre dimension suite à un exode rural massif à partir des années 70. Même sur un terrain accidenté, il était possible d'effectuer des aménagements urbains notamment en matière d'accessibilité. Sur ce plan, force est de constater que dans la majorité des îlots, l'accès ne peut être effectué qu'à pied et, pour preuve, la collecte des ordures ménagères se faisait dans un passé récent à dos de mulets avant que des bacs à ordures ne soient installés pour faciliter la tâche des équipes d'éboueurs. Il faut dire également que l'absence de réseaux d'assainissement et d'eau courante rend la situation hygiénique de ce «quartier» des plus précaires. L'urbanisation sauvage a engendré une occupation du sol dans un premier temps vers la forêt du Murdjadjo, donnant naissance à l'actuel quartier des Planteurs, alors que dans un second temps, c'est toute la zone du ravin vers le mont qui a été occupée.