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Abdelmadjid Tebboune, l'éphémère et
désormais ex-Premier ministre, a eu pour projet l'organisation d'un «dialogue
social ouvert» pour bâtir un «consensus» autour des grands défis de l'heure.
L'on ne sait si Ahmed Ouyahia son successeur
concrétisera le projet ou en refermera le dossier. Ce que l'on sait du
«nouveau» locataire du palais du gouvernement plaide plus pour la seconde
hypothèse.
Ouyahia n'est pas en effet réputé ouvert aux débats sur les intentions de l'exécutif gouvernemental et les mesures et décisions qu'elles induisent, et encore moins pour ceux inclusifs des forces politiques et sociales en opposition avec les politiques menées par celui-ci. Il y a pourtant que le projet dont Tebboune a fait état a été inscrit dans le plan d'action gouvernemental qu'il a présenté au Parlement qui l'a approuvé et dont Ouyahia n'a pas manifesté l'intention de lui en substituer un autre du moment qu'il traduit des orientations qui ont été fixées par le président de la République. Ouyahia qui ne tient pas tant à relancer l'idée formulée par son prédécesseur prendra probablement prétexte de l'écho mitigé qu'elle a eu auprès des acteurs politiques et sociaux à qui elle a été destinée. Il l'enterrera en pensant avec certitude que son prédécesseur a failli fourvoyer le pouvoir dans un processus qui n'émane ni de sa culture politique ni de sa conception de la gouvernance. Déjà que le dialogue social format «tripartite» est un passage obligé auquel il se soumet uniquement pour entretenir la fiction qu'il en existe un avec les partenaires du gouvernement en la matière, celui dont des protagonistes pourraient s'aviser de mettre sur la table des sujets clivants entre ce dernier et eux lui est à proprement parler inconcevable. Abdelmadjid Tebboune ou ceux qui lui ont soufflé l'idée d'un dialogue social ouvert ne se limitant pas au tête à tête convenu entre le gouvernement et les partenaires au sein de la tripartite ont montré en l'occurrence qu'ils ont eu conscience que les défis qui se profilent pour le pays en raison de l'aggravation de la crise économique, financière et sociale exigent un consensus dans le pays qui soit moins étriqué que celui qui s'annonce dans les réunions de la tripartite avec pour parties impliquées une centrale syndicale qui ne se maintient en vie que grâce au privilège du statut de syndicat officiel et interlocuteur exclusif que le pouvoir lui confère, et des organisations patronales qui sont loin de se prévaloir être représentatives d'un segment majoritaire du patronat national. Il est à craindre qu'Ouyahia, droit dans ses bottes et imbu de la prétention d'être le «sauveur» qu'attend l'Algérie en ces temps où se précise pour elle le spectre d'une faillite aux terribles conséquences, en est à considérer qu'il n'a nullement besoin du consensus national qu'a souhaité son prédécesseur et s'en tiendra aux kermesses que sont les réunions de la tripartite. |
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