Les
visas Schengen seront-ils de nouveau au centre d'une crise entre l'Algérie et
l'Union européenne? Tout porte à le croire et les
dernières informations rapportées par la presse indiquent que des pressions
existent entre Alger et Bruxelles avec comme enjeu les visas d'entrée sur le
territoire européen, en dehors de l'Angleterre. A l'origine, la durée de
traitement des demandes de visas pour les principaux pays de l'espace Schengen
qui s'est considérablement allongée. Les cas de refus seraient également en
hausse. Selon le quotidien arabophone El Khabar, le
ministère algérien des Affaires étrangères avait demandé des explications à
plusieurs pays de l'espace Schengen sur les raisons de ces retards. Des raisons
qui sont en relation avec le dossier de la migration. Selon TSA, qui a cité une
source européenne proche du dossier, l'Algérie, au même titre que d'autres pays
africains, pâtit des nouvelles mesures restrictives prises par l'UE pour la
délivrance des visas, particulièrement après les derniers attentats terroristes
qui ont touché l'Europe. Les Européens reprochent surtout à l'Algérie «une
coopération non satisfaisante» sur le dossier migratoire, particulièrement «la
réadmission des immigrés en situation irrégulière en Europe», explique encore
la source d'informations. Pour rappel, en mars dernier, le communiqué de presse
ponctuant les travaux de la 10e session du Conseil d'association Algérie-Union
européenne évoquait les sujets des migrations et la mobilité. A propos de ces
deux derniers points, selon la presse espagnole, Alger a accepté, lors de cette
session, de répondre à la demande de Bruxelles de réadmission des sans-papiers
algériens présents en Europe en échange d'une plus grande souplesse dans
l'octroi de visas Schengen. L'Algérie avait déjà été critiquée aussi bien par
l'Allemagne que la Belgique sur sa politique de réadmission des immigrés
illégaux alors que Bruxelles demandait à ce que la coopération dans ce dossier
«s'améliore». 3.900 Algériens ont été rapatriés sur les 16.065 expulsions
décidées en 2015 par les pays européens qui soulignent «des difficultés
majeures» quant à leur identification par les autorités algériennes et l'émission
des documents nécessaires à leur rapatriement. L'ensemble des Etats membres a,
également, émis 530.000 visas de court séjour pour les Algériens, ce qui place
l'Algérie à la septième place au monde parmi les pays qui en ont le plus
bénéficié. Pourtant, et à croire la source de TSA, l'accord d'Alger serait
resté au stade de la bonne intention sans effets concrets. L'Algérie n'aurait
pas accepté le principe d'un «dialogue formel» avec l'Europe préférant un cadre
plus informel en «mettant l'accent sur les causes profondes des migrations»,
précise encore la même source d'informations. Face à cette situation, les
autorités algériennes auraient décidé, par principe de réciprocité, de limiter
le nombre de citoyens des pays de l'UE désireux obtenir un visa d'entrée en
Algérie. Le chef de la diplomatie algérienne aurait menacé, dans des
correspondances adressées à certaines ambassades européennes comme la France ou
l'Espagne, de recourir à la réciprocité en annulant l'octroi des visas aux
ressortissants de ces pays jusqu'à la fin de l'année en cours.
Le
département de Messahel aurait envoyé des demandes
d'explications aux ambassades de nombreux pays européens sur les raisons du
retard enregistré dans le traitement des demandes de visas Schengen et d'y
répondre en apportant des précisions. Selon des sources du MAE algérien, ces
retards perturbent, d'une manière comme d'une autre, les obligations
contractuelles entre l'Algérie et ces pays d'Europe alors que de nombreuses
plaintes ont été enregistrées par Alger concernant des retards allant jusqu'à
six mois pour la délivrance de visas ou dans le traitement des demandeurs
algériens.