|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Quand la
cour européenne de justice a rendu son arrêt statuant que le Sahara occidental
ne fait pas partie du royaume marocain et que par conséquent les Etats membres
de l'Union doivent en tenir compte dans les accords qui encadrent leur
coopération économique avec ce dernier, le Palais royal et le Makhzen ont mis
en branle une opération chantage visant à les dissuader d'en tenir compte. L'opération
avait consisté à laisser du côté marocain la masse de migrants campant aux
frontières des enclaves de Ceuta et Melilla prendre d'assaut les clôtures
interdisant les entrées clandestines à celles-ci. L'afflux de migrants qui en a
résulté a donné prétexte aux soutiens européens du Maroc à faire pression sur
la commission exécutive européenne pour l'emmener à ne pas faire cas de l'arrêt
de la CJUE. Les tergiversations et les atermoiements dont fait montre la
commission exécutive de l'UE sur l'arrêt de la cour de justice démontrent que
le chantage marocain a été dissuasif.
Pour ne pas l'avoir fermement dénoncé en tant que pratique inacceptable, les pays de l'Union européenne s'exposent à la récidive du chantage marocain à l'ouverture de la vanne migratoire à chaque fois que le Palais royal et le Makhzen auront motif à être mécontents d'un aspect ou d'un autre des relations qu'ils entretiennent avec le royaume. Ce que confirme le fait que les clôtures séparant Ceuta et Melilla du territoire marocain ont été il y a quelques jours à nouveau le théâtre d'une ruée de migrants sous le regard complaisant et encourageant des forces de sécurité marocaines qui pour être massivement déployées en ces lieux ne peuvent prétexter d'avoir été débordées. Cette fois, le chantage sordide à l'immigration clandestine a visé directement l'Espagne dont la reine doit incessamment effectuer une visite dans les enclaves espagnoles en territoire marocain. Il a eu pour but de pousser les autorités espagnoles à convaincre leur reine à annuler sa visite dont la symbolique pour l'opinion publique marocaine apparaît nettement plus parlante que les promesses de leur monarque d'un prochain retour des enclaves de Ceuta et Melilla dans le giron du royaume. Parce que l'Espagne est liée au Maroc en raison de sa proximité avec lui et par la diversité leurs échanges et coopération économique, elle est de ce fait le maillon faible qui fragilise les ripostes que l'Union européenne pourrait envisager contre le maître chanteur que s'est révélé être le Maroc. Ce pays est le seul au monde à pratiquer l'immonde chantage à l'immigration clandestine et à ne pas être mis au banc des accusés et à encourir des sanctions qui le contraindraient à y renoncer. |
|