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Le secrétaire général de la coordination nationale des imams: «Une campagne menée par les salafistes»

par Z. Mehdaoui

  Plusieurs imams sont agressés ces derniers mois à l'intérieur même des mosquées par des «salafistes» présumés. Certains imams, comme c'est le cas à Skikda, Oum El Bouaghi, Tiaret, Oran et Batna, ont été agressés physiquement alors qu'ils accomplissaient la prière avec les fidèles, avons-nous appris du secrétaire général de la coordination nationale des imams, Cheikh Djelloul Hadjimi. Ce dernier, qui s'interroge clairement sur la « passivité et le silence » du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, affirme qu'il existe une sorte de campagne, menée par des personnes proches du courant salafiste, et qui vise à terroriser l'imam au sein même des lieux de culte, en lui reprochant de « dévier » des préceptes de l'islam. Rencontré au siège de la coordination des imams à Télémly à Alger, Cheikh Djelloul soutient que l'imam aujourd'hui, en sus des problèmes sociaux auxquels il est confronté, est menacé même dans son intégrité physique. « Cela rappelle malheureusement une époque que nous croyons révolue où l'imam était particulièrement ciblé à cause de son engagement nationaliste envers son pays », nous a déclaré Cheikh Djelloul qui a tenu à tirer la sonnette d'alarme sur des agissements qu'il qualifie «d'une extrême gravité». Il explique que pour le moment seul le ministère de l'Intérieur a réagi aux dizaines de courriers envoyés par la coordination des imams. En effet, le département de Nouredine Bedoui, dans une correspondance adressée aux walis, a instruit les responsables locaux à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les imams dans l'exercice de leurs fonctions.

Il faut savoir que de nombreux imams sont régulièrement intimidés par ces mêmes salafistes connus des services de sécurité. Dans une lettre adressé au ministère de l'Intérieur, la coordination nationale des imams rappelle que le domicile d'un imam a même été saccagé puis incendié à Tiaret par ces salafistes dont certains sont des repentis qui ont bénéficié de la charte pour la paix et la renonciation nationale. Selon le même document, un autre imam exerçant dans la wilaya de Skikda a été agressé à trois reprises. Un linceul a été envoyé à cet imam et des graffitis sont inscrits à l'intérieur des murs de la mosquée ou il prêche.

C'est d'ailleurs pour toutes ces raisons que lundi dernier la coordination nationale des imams a organisé un rassemblement à Skikda pour dénoncer ces « agissements » qui portent atteinte, selon Cheikh Djelloul, à la religion musulmane. Cheikh Djelloul Hadjimi, une figure très connue au sein de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) et célèbre en Algérie pour son « modernisme », a toujours réitéré que les imams doivent avoir un comportement exemplaire, faire preuve d'un patriotisme sans faille, rester ouverts sur la société et sur le monde extérieur sans qu'ils ne soient influencés par les courants et les idéologies qui se répandent dans le monde musulman et qui visent à asservir la population pour qu'elle soit à la merci de puissances extérieures qui ne veulent pas forcément du bien pour l'Algérie.

Le secrétaire général de la coordination des imams, qui active sous la bannière de l'UGTA, n'a jamais caché son antipathie envers le salafisme version wahhabite qui a fait son apparition en Algérie lors de la décennie noire.

En tous les cas, devant les agressions répétées dont sont victimes les imams ces derniers mois, une plateforme de revendication a été adressée au président de la République, le Premier ministre, le ministère de l'Intérieur, le ministère de la Justice ainsi que le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs. Un rassemblement a été également organisé par la coordination lundi dernier au niveau de la ville de Skikda pour dénoncer les attaques répétées des salafistes qui ont réellement repris du poil de la bête sachant qu'ils contrôlent le commerce informel à travers tout le pays. La coordination quant à elle ne compte pas baisser les bras pour défendre un secteur qui regroupe plus de 30.000 imams répartis à travers plus de 20.000 mosquées.