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Dans
une note envoyée jeudi à l'association des banques et établissements financiers
(ABEF), le ministère du Commerce a ordonné la libération immédiate et sans
délai des marchandises importées avant l'instauration du régime des licences,
qui sont en souffrance dans les zones sous douane, c'est-à-dire bloquées dans
les ports du pays depuis le début du mois de juillet. Ainsi donc, après trois
notes ambiguës, qui ont pratiquement gelé, sinon paralysé l'activité
commerciale et engorgé les ports du pays, l'ABEF fait machine arrière, tout
comme le gouvernement, qui semble avoir été ?'recadré'' avec la dernière
?'instruction'' de mardi dernier du président Bouteflika au Premier ministre.
Dans sa note envoyée aux banques de la place, l'ABEF leur a demandé de
domicilier les importations des marchandises concernées. «J'ai l'honneur de
vous informer que l'Abef a été destinataire d'une
correspondance émanant du ministère du Commerce ayant trait à la libération,
sans délais, concernant toute cargaison, dont les documents d'importation
prouvent la commande de la marchandise avant l'instauration du régime de
licences d'importation», indique l'Abef dans cette
note adressée aux PDG des banques.
«Dans les ports du pays, c'est le chaos, une grande débandade», a indiqué à ?'Le Quotidien d'Oran'' un opérateur économique, dont la marchandise est bloquée au port d'Alger depuis la fin du mois de juin. «Nous avons pour plusieurs centaines de millions de dinars de marchandises bloquées au port d'Alger. Le dédouanement a été bloqué, mais sans que l'on nous en explique les raisons», précise cet opérateur spécialisé dans la plasturgie, qui a de gros contrats avec des entreprises publiques. Depuis le mois de juillet dernier, l'ABEF, sur instructions du Premier ministère, avait pratiquement bloqué, sinon gelé toutes les opérations de commerce extérieur, dont l'importation de certains produits alimentaires, de plomberie, de BTP et autres. Dans les ports, les marchandises importées avant la première note de l'ABEF, le 5 juillet dernier, dont les matières premières et équipements de chantiers, ont été bloquées, leur dédouanement gelé. L'«association des producteurs de boissons, l'APAB, entre autres, grands importateurs de matière première pour la fabrication des jus, avait protesté, et saisi le ministère du Commerce sur la dangerosité d'une telle décision qui allait pratiquement tuer l'industrie agroalimentaire. Le ministère du Commerce n'a pas réagi. Par la suite, le mardi 18 juillet, la même ABEF transmet une seconde note aux banques de la place dans laquelle elle précise la liste des produits suspendus dorénavant à l'importation. Au total, la note porte sur 193 références douanières de produits interdits d'importation. Poursuivant dans cette logique, apparemment sur instructions du Premier ministère via le ministère du Commerce, l'ABEF pond le 3 août dernier une note dans laquelle le gouvernement Tebboune étend encore plus la liste des produits suspendus à l'importation. Cette nouvelle liste porte sur les articles de robinetterie, les transformateurs électriques, le marbre fini, le granit fini, les produits rouges (tuiles et briques), les tapis, les savons et préparations organiques, les produits finis en plastique, les meubles en bois ainsi que les farines de céréales. En fait, cette troisième note de l'ABEF a été envoyée aux banques pour clarifier les produits et matières concernées par la suspension des importations, la note du 18 juillet étant ?'ambiguë'' et sans positions tarifaires, selon des opérateurs dont les domiciliations bancaires avaient été refusées ou gelées par les banques commerciales pour absence de clarté dans la note de l'ABEF. Ce cycle ?'infernal'' de notes et de contre-notes de l'ABEF, devenu un organe décideur à la place de la Banque centrale, est ainsi stoppé net et annulé par la dernière instruction de ce jeudi 10 août, qui annule pratiquement toutes les précédentes instructions émises par le Premier ministère. Tout ce remue-ménage dans le système commercial du pays intervient au lendemain d'une ?'instruction'' du président Bouteflika recadrant la gestion par le gouvernement Tebboune de l'économie nationale. Dans le lot des nombreuses failles du gouvernement Tebboune objet d'une lettre de recadrage mardi 8 août du président Bouteflika, il y a notamment la sévère critique des importations bloquées alors que les commandes des opérateurs avaient été passées avant l'instauration des licences, un fait inédit contraire aux règles du commerce international, et surtout des instructions données aux banques pour prioriser le logement au détriment de l'investissement, ainsi que des ?'pressions'' exercées sur les hommes d'affaires. Selon la chaîne TV Ennahar qui a donné l'information, le président Bouteflika a transmis mardi 8 août des instructions urgentes à son Premier ministre pour «mettre fin à l'anarchie née des dernières initiatives» prises par le gouvernement, dont celles sur les importations. Le chef de l'Etat a ordonné de libérer, selon la même source, les marchandises bloquées dans les ports et dont la commande a été passée avant l'instauration des nouvelles mesures. Le président Bouteflika a également relevé et dénoncé la «publicité faite autour des dernières mesures prises» par le gouvernement et a demandé au Premier ministre de «respecter les textes de loi» dans la conduite de l'action de son gouvernement. Mais, ce qui a le plus marqué dans ces ?'instructions'' du président Bouteflika à son Premier ministre, c'est cet avertissement contre le ?'harcèlement'' des hommes d'affaires. La chaîne privée algérienne a expliqué par ailleurs que ces ?'instructions'' font suite à des rapports de patrons et importateurs dont les marchandises avaient été bloquées, et que le président Bouteflika avait reçus, comme il a été également destinataire de rapports évoquant des pressions exercées sur des walis et des instructions données aux banques pour financer uniquement les projets de logements LPP et de geler les autres financements. |
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