L'Algérie brûle! Le mot n'étant pas de trop, hélas! Les feux de forêts
ont fait de grands ravages cette année dans notre pays, et on ne sait plus,
puisque l'été n'est pas encore fini, ce qui va survenir dans les jours de
canicule qui viennent. Aux soucis d'une rentrée sociale qui promet d'être trop
chaude, s'ajoute cette calamité des feux. Mais pourquoi y a-t-il eu autant
d'incendies en série dans un espace de temps très court ? Ceux-ci ont-ils été
tous provoqués par des mains criminelles, comme dans le cas de quelques wilayas
de l'Est, où les services de sécurité ont mis aux arrêts des pyromanes présumés? Ou c'est uniquement en raison du manque
d'entretien de notre faune et flore, la négligence des espaces verts et les
températures exceptionnelles enregistrées aussi bien dans les zones côtières
qu'à l'intérieur du pays? Puis pourquoi ce peu
d'empressement des autorités à réduire ce fléau des feux, lequel sévissait
pourtant depuis plusieurs années? Notons, par exemple,
qu'aucun conseil de ministres n'est convoqué à cet effet pour évoquer et
examiner cet important dossier qui concerne directement la vie des citoyens
dans leur environnent.
Pas de
réponse là-dessus quoique le bilan général du désastre soit alarmant ! Trop
alarmant même ! D'après les dernières déclarations du sous-directeur de la
Protection civile, chargé des Statistiques et de l'Information, environ 1 028
incendies sont enregistrés entre le 1 et le 26 juin. Ce qui aurait entraîné la
perte de plus de 2.423 hectares de surface forestière, 2.682 hectares de
brousse, 1.347 hectares de récoltes agricoles, et environ 118.449 arbres
fruitiers. Des chiffres qui font très peur à plus d'un titre. Pire, aidés par
les vents, au moins 150 incendies se sont déclarés en seulement 24 heures la
semaine dernière, causant des pertes estimées à 888 hectares (
en plus de Skikda, Jijel, Tizi-Ouzou et Béjaia
qui en sont déjà sérieusement touchés, pas moins de 360 hectares de forêts sont
entamés à El-Tarf et 20 hectares autres à Bordj Bou
Arreridj). Que s'était-il passé réellement pour qu'on en soit arrivé là? Alors que les hypothèses et les suppositions
s'enchaînent sur l'origine de ce drame écologique, le carnaval des flammes n'en
finit pas d'étonner plus d'un. Le cul entre deux chaises, les responsables
politiques ne font, pour l'instant, que tenter de «calfeutrer» l'ampleur de la
catastrophe par des discours d'apaisement à l'adresse des sinistrés. Ainsi des
visites officielles sont-elles organisées, il y a quelques jours en Kabylie,
région très touchée par les feux, pour assurer les habitants du soutien
gouvernemental en cette épreuve difficile. Mais est-ce suffisant ? Pas du tout
! D'autant que les Algériens se sentent, encore une fois, comme délaissés par
les pouvoirs publics dans une période charnière. En plus, ce qui est étonnant
dans tout ça, c'est qu'outre le problème de ces feux ravageurs, l'Algérie «
brûle» aussi à plusieurs niveaux : social et surtout économique. Ce qui rend le
réquisitoire citoyen contre les dirigeants, lourd d'ondes négatives. Étant déjà
dans une mauvaise passe par rapport à «l'oukase de l'austérité» imposé aux
masses, le gouvernement Tebboune aura alors fort à
faire dans les semaines prochaines pour convaincre de la justesse de ses
démarches, parer à la grogne populaire et pouvoir aller facilement de l'avant.