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![]() ![]() ![]() ![]() Bir El Ater, deuxième agglomération de la
wilaya de Tébessa. Côté jardin, Djebel Onk fut un fleuron de l'industrie de
transformation, jusqu'à ce que la crise économique vienne affecter le secteur
des mines à son tour. Le complexe d'extraction et traitement du phosphate a eu
son heure de prospérité, on y débarquait de partout pour travailler. Depuis, Bir El Ater, par la force des
choses, sa situation géographique de localité frontalière, à cheval entre le
nord et le sud en allant vers le Sahara, tous ces éléments avaient fait, il y a
quelques décennies déjà, du fief de Ouled Sidi Abid
une plaque tournante de la contrebande tous azimuts. Une réputation surfaite,
disent certains. Car le phénomène de la contrebande reste l'apanage de
quelques-uns, distribuant les rôles, qui ont fait leur beurre sur le dos des
autres, des dizaines de milliers de sans-grade, au vu d'une conjoncture
socioéconomique des plus moroses, avaient été traînés dans l'engrenage des
activités commerciales illicites, faute de mieux, des circonstances atténuantes
pour des jeunes happés par le chômage et la mal-vie. L'étau de quelques
affairistes sans vergogne se resserra aussitôt sur des jeunes obnubilés par la
tentation de la richesse vite acquise, peu importe les moyens, des miroirs aux
alouettes dressées au bord des routes et les victimes se comptaient par
centaines. Aujourd'hui Bir El Ater
et ses satellites, Oum Ali, Saf Saf
Ouesra, plus au sud Negrine
et Ferkane vivent au rythme des activités de la
contrebande, des communes sans ressources, peu de projets viables. Vrai ou faux,
ici la vie des gens est réduite, les perspectives ne sont guère claires. De
toute façon, les habitants de la région sud de la wilaya de Tébessa vous disent
que les opportunités du boulot «légal» sont peu nombreuses, les concours de
recrutement dans le public ou le privé sont réservés à quelques privilégiés,
l'émigration vers d'autres villes n'est plus la solution. Bir
El Ater, c'est aussi ces problèmes au quotidien, de
l'alimentation en eau potable, de défaillance des réseaux d'assainissement dans
les cités résidentielles, de l'état dégradé des routes et des retards dans
l'attribution des logements. Alors, un moment on a cru aux promesses des
pouvoirs publics, de faire de Bir El Ater un pôle minier d'importance, avec les programmes
successifs de modernisation et équipement des capacités de production des
gisements de phosphate de Djebel Onk, la mise en service du gisement de Blad El Hadba, destiné à approvisionner le futur complexe
de transformation du phosphate d'El Aouinet/ Oued Kebarit. Pour ce faire, le projet de la réhabilitation de
la voie ferrée Djebel Onk/ Annaba a été lancé. Tout cela présageait la création
de milliers d'emplois au profit des jeunes sans travail dont beaucoup sont
universitaires. Alors, en attendant que la chance tourne, l'on continue de
végéter au gré des circonstances, avec les moyens du bord, du carburant revendu
de l'autre côté des frontières, d'autant plus que la monnaie du pays voisin
vient compenser les risques encourus, une marge bénéficiaire conséquente
encourage les jeunes à recourir à une activité décriée par l'opinion, mais
demeure tout de même la seule planche de salut. Les denrées alimentaires, les
pièces détachées feront également l'affaire ; tant qu'on a dans le viseur cette
belle habitation à construire, cette grosse bagnole à acquérir, pour se vanter
devant ses semblables et se venger de la vie. Depuis Bir
El ater, tout en postulant au rang de wilaya
déléguée, d'après le nouveau découpage administratif à l'horizon, la région
tout en entière voit en cette opportunité l'occasion de se débarrasser enfin de
certaines pesanteurs, considérées comme un frein à son décollage
socioéconomique.
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