La
Banque d'Algérie (BA) a mis en place, comme elle l'avait promis, en novembre
dernier, le nouveau mécanisme interbancaire contre le risque de change induit
par les fluctuations du dinar. La BA a annoncé que le Conseil de la monnaie et
du crédit (CMC) a, récemment, adopté un projet de règlement relatif au marché
interbancaire des changes et aux instruments de couverture du risque de change.
Ce mécanisme permet de se protéger contre les risques de change, dus aux
fluctuations de la valeur du dinar face aux autres devises, le dollar en
particulier, car un opérateur économique peut être pénalisé par la baisse du
dinar face aux devises étrangères entre le moment de la commande d'une
marchandise et le moment du paiement effectif. Cet opérateur pourrait se voir
dans l'obligation de débourser davantage pour s'approvisionner en matières
premières, à l'international pour assurer ses engagements contractuels.
L'information sur l'entrée en vigueur de ce règlement, cependant, n'a été
rendue publique que 20 jours, après la réunion et la décision du CMC, comme si
les banques, en Algérie, évoluent en autarcie. « L'adoption de ce règlement par
le CMC, lors d'une session ordinaire, tenue le 10 juillet, est motivée par le
fait que le régime de change, applicable en Algérie, est un régime flottant »,
explique la BA, et « expose, de par la fluctuation des cours de change, les
opérateurs économiques et investisseurs à des risques de change, lors de la
réalisation de leurs transactions internationales, pouvant leur occasionner des
pertes de change substantielles », explique une source proche de la Banque
d'Algérie. Le nouveau règlement offre la possibilité, aux opérateurs
économiques et aux investisseurs, « de se prémunir de ces risques de change, en
permettant aux intermédiaires agréés, le recours à une panoplie d'instruments
de couverture de risques de change, en les autorisant à effectuer, pour leur
propre compte ou pour le compte de leur clientèle, des opérations de couverture
de risque de change devises contre dinars ». Mais, ce mécanisme est encadré par
des règles « d'éthique et de bonne conduite très précises », selon la BA, en
particulier en ce qui concerne le marché interbancaire des changes. Et, ces
règles sont applicables à tous les intervenants sur le marché interbancaire des
changes, qui sont, strictement, tenus de les respecter, précise la BA, selon
laquelle ce « règlement s'inscrit dans la suite logique de la modernisation de
la réglementation des changes », et constitue un « jalon important, dans
l'amélioration du climat des affaires ». Ce nouveau dispositif, relatif à la
prévention du risque de change, « permettra aux opérateurs économiques et
investisseurs d'avoir une meilleure lisibilité et visibilité » quant à la
maîtrise des coûts et risques liés aux transactions internationales, durant
toutes les étapes de leur réalisation. Ces dispositions bancaires seront,
cependant, « mises en oeuvre, de façon progressive et
didactique, par l'organisation de rencontres et de séances de travail
régulières, avec les banques commerciales, tout au long du processus
d'élaboration des instructions d'application y afférentes », explique, encore,
la Banque d'Algérie. Pour assurer une bonne mise en oeuvre
de ce règlement, la Banque centrale va opérer, par étapes, dont la première
sera liée aux opérations de change à terme classiques, alors que les instruments
plus complexes tels que les opérations de change et les swaps de devises seront
introduits, au fur et à mesure de l'adaptation de la place bancaire, aux
conditions de leur lancement. Comment un tel système fonctionne, notamment pour
éviter le risque de change ? Avec la mise en place de ce dispositif contre le
risque de change, lorsqu'une entreprise se présente chez sa banque pour se
protéger contre ces risques, elle se verra proposer un taux de change
prédéterminé (avec une marge par rapport au cours moyen des derniers jours), à
l'échéance souhaitée et ce, quel que soit le taux réel, à ladite échéance.
Ainsi, le client de cette banque aura une idée précise sur ce qu'il devra
payer, et c'est la banque qui prendra en charge une éventuelle dépréciation du
dinar. Ce procédé ou cette technique bancaire est utilisée par les grandes
banques internationales ou les fonds d'investissements, en exploitant et en
proposant des produits bancaires dérivés, ou à travers le marché des devises,
les marchés des matières premières ou d'actions, et d'autres instruments
financiers, pour éviter des pertes financières, liées à certaines conjonctures
économiques ou politiques. La Banque d'Algérie vient, par ailleurs, de répondre
aux nombreuses sollicitations des opérateurs économiques pour trouver une
solution au risque de change, l'Algérie ayant perdu des centaines de millions
de dollars, car ses transactions commerciales n'étaient pas assez couvertes
contre ce risque, et les banques de la place étaient, également, incapables de
proposer une solution aux opérateurs en l'absence d'une intervention de la
Banque centrale. Pour rappel, le dinar avait été dévalué en 2015 de 20 à 22% et
de 3% en 2016. « La raison est que les monnaies de nos partenaires se sont
dépréciées par rapport au dollar », avait expliqué un cadre de la BA, M. Ben Belkacem.