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Dans
le conflit entre le «patron»' des patrons algériens et le Premier ministre, le
dossier s'est davantage épaissi, cette fin de semaine, et pris des contours,
autrement plus obscurs.
Après l'incident de samedi dernier, à l'Ecole supérieure de la sécurité sociale, à Ben-Aknoun, le patron du FCE, s'est réuni avec le SG de l'UGTA et plusieurs organisations patronales, pour «laver» l'affront fait, par le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune, qui lui a intimé l'ordre de quitter la salle, via son service du protocole. La riposte du Patronat algérien, allié, pour une fois, au patron de la puissante Centrale syndicale UGTA, a été claire, une levée de boucliers contre le Premier ministre, et a sonné, pratiquement, le début d'une guerre de tranchées, entre le gouvernement et ses partenaires sociaux. Dans leur communiqué de mardi, le FCE, l'UGTA et certaines organisations patronales, signataires du pacte de croissance avec le gouvernement (CNPA, CIPA, CAP, CGP-BTPH, AGEA) ont dénoncé le «traitement réservé» à Ali Haddad par le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune. Dans un communiqué commun, elles ont exprimé leur «vive préoccupation après le traitement réservé au président du FCE, M. Ali Haddad, le samedi 15 juillet 2017 à l'Institut supérieur de la Sécurité sociale.» Le geste de Tebboune, qui a ordonné à ce que Haddad n'assiste pas à la cérémonie de remise de diplômes qu'il devait présider, a «indéniablement, porté préjudice au Pacte économique et social», ajoute le communiqué. Mais, depuis mardi, la situation a évolué. Il y a d'abord ce communiqué rendu public, jeudi 20 juillet par le FCE, qui dénonce les déclarations de responsables d'organisations patronales, à la presse, faites au nom du FCE. Dans cette mise au point, le Forum des chefs d'Entreprises, que préside Ali Haddad, a récusé, certaines déclarations de milieux patronaux, faites en son nom, dans la presse nationale et précise que «ces personnes ne représentent qu'elles mêmes et pas le Forum, qui leur interdit de parler au nom du FCE ou celui de son président.» Se désolidarisant de ces déclarations, le FCE rappelle qu'»il reste fidèle à ses principes dont celui d'être une force de proposition et son objectif reste l'élaboration de propositions pour l'Entreprise et l'Economie nationale.» Par contre, le communiqué-mise au point du FCE ne mentionne, aucunement, le «clash» avec le Premier ministre. L'évolution de la situation, dans cette affaire, est venue du Palais du gouvernement, le lendemain de la «riposte» de ce qu'on peut appeler le «clan» Haddad, qui rassemble, étrangement, le Patronat et la Centrale syndicale UGTA, traditionnellement proche du pouvoir, et farouche adversaire des cercles patronaux. Dans un communiqué de son département presse, le Premier ministère avait diffusé, mercredi, un communiqué dans lequel il souligne que «la consécration du principe de la séparation, entre le pouvoir politique et le pouvoir de l'argent, figure dans le plan d'action du gouvernement, qui a été recommandé par le président de la République, lors du Conseil des ministres et validé par les deux chambres du Parlement». Le même communiqué du Premier ministère ajoute: «à ce propos, rien ne pourra entamer la volonté du gouvernement, qui restera attaché à exécuter, avec force, les objectifs tracés dans son plan d'action, en exécution du programme du président de la République, seule source de légitimité.» Le Premier ministre, qui a reçu quelques soutiens feutrés de milieux patronaux, a-t-il engagé une bataille d'arrière-garde en voulant faire le ménage, dès le début de son mandat, entre le pouvoir de l'argent et la vie politique, proprement dite, ou, à plus forte raison, a-t-il engagé une longue bataille de démystification du «mythe» Haddad ? En fait, des sources gouvernementales, une sorte de «gorges profondes» ont confié à des médias algériens qu'Ali Haddad a été, largement, soutenu par l'Etat, et a bénéficié de projets et de financements qu'il n'est pas capable de réaliser. «Gorges profondes» ont ainsi donné le chiffre étourdissant de 1 milliard de dollars de crédits, depuis 2010. Avec cette «valise» de dollars, il devait réaliser des projets d'infrastructures qu'il n'a pas réalisés, en totalité. Selon les mêmes sources gouvernementales, le Premier ministre avait lancé, une enquête sur les fonds octroyés à Ali Haddad, dès sa nomination. Tebboune a t-il ouvert la boîte à Pandore? Il aurait, selon l'enquête menée par le Premier ministère, bénéficié de plusieurs projets qu'il n'a pas réalisé, même s'il a encaissé l'argent de ces projets. Et puis, il y a son recours à la sous-traitance étrangère, qui exaspère et qui a bloqué le projet du grand port du centre du pays, à Cherchell. «Lorsqu'on ne maîtrise pas une technologie ou une technique, on ne soumissionne pas. Cela n'a pas été le cas de Haddad. Il obtenait des projets, avant de les confier aux entreprises étrangères», indique le site électronique TSA, citant une source gouvernementale. «Les Chinois nous ont clairement dit: que fait Haddad dans un projet que nous finançons totalement ? Quelle technologie maîtrise-t-il ?». Devant le Parlement, lors de la présentation de son plan d'action, Abdelmadjid Tebboune avait annoncé l'intention du gouvernement de relancer le projet, mais vraisemblablement, en évinçant l'ETRHB, l'entreprise de Haddad, qui avait même soumissionné pour des projets pétroliers. En parallèle, la grande interrogation demeure, également, sur la «collusion» de Sidi Saïd avec les milieux du Patronat algérien. Tebboune dérangerait-il ou veut-il mettre fin à des «empires» qui se sont bâtis avec l'argent du contribuable? Une chose est sûre : le grand perdant sera l'UGTA. |
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