Le «
clash » entre le chef du gouvernement Abdelmadjid Tebboune
et certains de ses partenaires sociaux semble aller vers le pourrissement, même
si, au sein de ce nouveau front, des lézardes apparaissent. Après la réunion de
mardi entre le patronat et l'UGTA, un conclave monté, rapidement, par le
président du FCE et le SG de l'UGTA pour organiser la riposte à l'attaque
frontale de Tebboune qui a fait virer samedi d'une
manière peu orthodoxe Ali Haddad d'une salle de cérémonie, une première
fissure, de ce bel enthousiasme à croiser le fer avec le gouvernement est
venue, hier, mercredi, sous la forme d'un démenti de l'Union nationale des
Investisseurs (UNI). Celle-ci, par la voix de son secrétaire général, Farid
Malek, a démenti la participation de l'UNI à la réunion de mardi à l'Aurassi des patrons et du SG de l'UGTA. Dans une lettre
transmise au Premier ministre, l'UNI écrit que « nous tenons à vous informer,
semble-t-il et selon la déclaration portée dans la presse électronique, qu'une
réunion de l'UGTA-FCE avec les associations patronales, tenue ce jour, le 18
juillet 2017 à l'hôtel ?Aurassi', en ce qui nous
concerne, nous n'avons nullement participé ni signé aucune déclaration. »
Le
communiqué ajoute qu' « aucun membre de l'Union nationale des investisseurs n'a
assisté à cette réunion, ni souscrit à la déclaration » et précise que « nous
regrettons vivement l'usurpation de notre signature sur la déclaration jointe
en annexe ». Dans la même lettre adressée au Premier ministre, le SG de l'UNI
se désengage ainsi, complètement de la posture du président du FCE et du SG de l'UGTA.
Tout comme l'UNI, d'autres organisations patronales, dont celle de la CGEA de
Saida ?Neghza', n'ont pas rejoint le front anti-Tebboune. Mardi, à l'issue d'une réunion organisée par Ali
Haddad et le SG de l'UGTA Abdelmadjid Sidi Said, la
riposte contre le geste qualifié d'affront contre le président du FCE et
au-delà contre le patronat, un communiqué commun signé par plusieurs présidents
de Fédérations patronales, estime que le geste de Tebboune
a « entaché, par un acte difficilement admissible », le dialogue social, sinon
porté « un coup de canif au Pacte national de croissance économique et sociale.
» Signataires de ce pacte avec le gouvernement, la Centrale syndicale UGTA et
les organisations patronales (FCE, CNPA, CIPA, CAP, CGP-BTPH, AGEA) ont dénoncé
le « traitement réservé » à Ali Haddad par le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune, samedi à l'École supérieure de la Sécurité
sociale. Ces mêmes organisations patronales avaient exprimé leur « vive
préoccupation après le traitement réservé au président du FCE, M. Ali Haddad,
samedi 15 juillet 2017, à l'Institut supérieur de la Sécurité sociale. » Dans
les milieux patronaux, on craint, cependant, que ce qui s'est passé avec Ali
Haddad pourrait se reproduire avec d'autres patrons. « Aujourd'hui, c'est Ali
Haddad, demain ce sera un autre. Les patrons le savent très bien. C'est pour
cela qu'ils ont décidé de réagir », indique une source proche des milieux
patronaux, citée par la presse. Quant à Ali Haddad, il a confié, lors de cette
réunion de mardi, à l'hôtel ?Aurassi' qu'il
répondrait «personnellement en tant que P-DG de l'ETRHB et non comme patron du
FCE » au Premier ministre. Pour autant, la polémique sur cette affaire enfle,
en particulier sur la posture de Sidi Said, avec le
patronat algérien. Ainsi, le leader de MSP Abderrazek
Mekri, a dénoncé cette position du SG de l'UGTA. « Le
patron de l'UGTA, n'a pas défendu, durant ses longues années à la tête l'Union
générale des travailleurs algériens, les intérêts de la classe ouvrière comme
il a défendu, hier, les intérêts du patronat », a-t-il dit sur sa page
?Facebook'. Il ajoute que « Sidi Saïd, qui a accompagné tous les gouvernements
précédents, dans le démantèlement de l'Economie nationale et l'affaiblissement
de la classe ouvrière, veut mettre fin à sa carrière comme défenseur des
intérêts du patronat », et estime que « la position adoptée par le patron de
l'UGTA n'est ni politique ni économique. » De son côté, le Front des forces
socialistes (FFS), estime que « le soutien apporté par l'UGTA au patronat est
une aberration », et « une position qui obéit à une logique de lutte des clans.
Sidi Said n'a jamais été du côté des travailleurs. Il
a toujours soutenu les forces de l'argent. » Pour le FFS, il s'agit, en fait,
de « l'incapacité du gouvernement à instaurer le dialogue avec ses partenaires
sociaux ». Quant au parti de Ali Benflis (Talaie El Hourryet), il a
qualifié cette affaire de « manœuvres politiques dont l'objectif est de faire
croire à l'opinion publique que le gouvernement actuel est bien déterminé à
lutter contre la corruption. » Ahmed Adimi, chargé à
la communication de Talaie El Houriyet,
croit savoir que « le régime est en train de sacrifier certaines personnalités
parmi ses fidèles, qui ont pourtant, joué un rôle important dans son maintien. On
s'attend à ce que le gouvernement procède à des arrestations de certaines
personnalités, au lancement de poursuites judiciaires contre d'autres. Une
manière de préparer l'opinion publique, aux prochaines élections
présidentielles de 2019. »