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Sidi Saïd «assume» une fois encore l'inexcusable

par Kharroubi Habib

La proximité de l'indéboulonnable patron du syndicat officiel l'UGTA avec le monde de l'argent et des affaires est chose avérée qu'il «assume» sans se préoccuper qu'elle lui vaut une bien peu valorisante image au sein de l'opinion publique. Pour la justifier ou du moins l'expliquer, Sidi Saïd se prévaut d'être sans préjugés contre ce monde et que conscient que celui-ci joue un rôle névralgique dans les politiques de développement du pays, il ne peut en tant que responsable de la principale organisation syndicale qu'entretenir avec lui cette proximité.

L'argument vaut ce qu'il vaut mais de là à ce que Sidi Saïd en fasse la raison qui lui a fait ranger son organisation syndicale aux côtés de celles du patronat pour une protestation solidaire contre l'attitude du Premier ministre à l'égard de l'entrepreneur Ali Hadad, le président du FCE, nul ne s'y attendait sachant que l'homme sait ne pas franchir les bornes qui séparent la manifestation d'une divergence de point de vue avec l'exécutif et une attaque en règle contre lui. En endossant au nom de l'UGTA le communiqué de riposte du patronat à l'attitude de Abdelmadjid Tebboune, Sidi Saïd a incontestablement pris fait et cause pour Haddad et le patronat contre le Premier ministre.

Ce n'est probablement pas un acte irréfléchi de sa part mais assumé en toute connaissance de cause et assurément avec la certitude que l'incident ayant opposé le Premier ministre à Ali Haddad est le prémice d'une volonté de la part de celui-ci de s'en prendre à l'influence que le monde des affaires avec lequel il a partie liée a pris dans la détermination de la conduite des affaires de l'Etat. A ce monde auquel le lient ses intérêts et ambitions politiques, Sidi Saïd a apporté le soutien de l'UGTA sans que celle-ci ait des raisons d'être solidaire et avec Haddad et avec le patronat.

Le conflit qui à l'initiative de la fédération UGTA a secoué le secteur de la poste et des télécommunications peu de temps après la prise de fonction du gouvernement a donné à voir que le patron de la centrale ne s'est nullement entremis entre ses protagonistes pour comme il était coutumier leur prêcher la modération et la recherche d'un accord consensuel. Sidi Saïd avait au contraire sonné le branle-bas syndical et fait prendre à l'ensemble des fédérations de l'UGTA une position de solidarité agressive avec celle des postes et télécommunications. Il en a été patent que pour des raisons qui restaient alors à élucider Sidi Saïd était déterminé à en découdre avec l'administration.

Son « étrange » attitude en l'occurrence aurait dû donner à comprendre que le courant ne passe pas entre l'inamovible patron du syndicat officiel et le nouveau Premier ministre. Le clash intervenu entre le patronat et ce dernier a donné l'occasion (ou l'a-t-il pensé) de lui faire sentir que si bras de fer il doit y avoir entre le monde des affaires et le gouvernement, lui rangera son organisation aux côtés du premier. On ne peut plus dévoyer une organisation syndicale que ne vient de le faire le sulfureux Sidi Saïd, qui a lui-même compris le risque de s'attirer une réplique qui le mettra à bas.