«Il n'y a rien à craindre. Notre barrage n'est
nullement affecté par cette longue période de sécheresse», a répondu M. Lemanaa Azzedine, directeur du barrage de Béni Haroun,
quand nous lui avons posé la question au sujet des inquiétudes de la population
de la région sur une éventuelle baisse du niveau des eaux du barrage,
perspective qui pourrait mettre en péril le programme d'approvisionnement en
eau potable à partir de cette grande retenue. «Le barrage de Béni Haroun, ajoute
notre interlocuteur, constitue vraiment une exception car il compte parmi les
grands barrages dans le monde qui bénéficient d'apports naturels tout au cours
de l'année, et ce grâce aux nombreux oueds, confluents qui l'alimentent et à la
pluviométrie de la région». M. Lemnaa a expliqué
ainsi que cette grande retenue d'eau bénéficie, bon an mal an, d'une
pluviométrie satisfaisante atteignant parfois 500 mm /an. «Ce qui représente
quand même une moyenne considérable», a-t-il estimé. Ensuite, les apports naturels
des oueds et des confluents qui viennent des wilayas limitrophes sont
satisfaisants. En plus, le barrage bénéficie d'un grand bassin versant qui fait
7 500 kilomètres carrés. Ce qui est également considérable. Cela signifie qu'il
collecte les eaux des oueds, des seguias et les eaux de pluies qui tombent sur
toute cette surface. En clair, toute goutte de pluie qui tombe soit à Téléghma ou à Oum-El-Bouaghi, par
exemple, finit sa course dans notre barrage.» Faut-il signaler aussi que le
barrage de Béni Haroun est conçu pour alimenter 6 wilayas de l'Est :
Constantine, Mila et Jijel qui bénéficient actuellement de ses eaux, et bientôt
Oum El-Bouaghi, Khenchela
et Batna qui sont en cours de raccordement», a noté le directeur du barrage.
Dans la foulée, M. Lemanaa
nous a signalé l'excellente initiative que vient de lancer le ministère des
Ressources en eau en partenariat avec la direction générale de la protection
civile, qui consiste en une grande action de sensibilisation à lancer
aujourd'hui au niveau du bassin du barrage de Béni Haroun pour sensibiliser les
jeunes et la populations riveraines de la retenue des eaux du barrage sur les
dangers des baignades dans les eaux du barrage. Notre interlocuteur ne l'a pas
dit explicitement, mais cette action semble être suscitée, notamment, par
l'accident survenu il y a quelques semaines à deux malheureux enfants qui, en
voulant prendre un bain dans les eaux du barrage, s'y étaient noyés. D'où la
nécessité de sensibiliser les riverains, notamment les jeunes, sur les risques
de baignade dans cette grande retenue d'eau. Et pour cela, la direction
générale de l'Agence nationale des barrages et transferts (ANBT) a mobilisé les
moyens nécessaires pour mener cette opération de sensibilisation en achetant
une cinquantaine d'embarcations équipées de moteurs puissants qui permettent
aux équipes de secours d'intervenir rapidement sur chaque point de la retenue.
La même opération, a-t-on appris, touchera dix autres barrages sur le
territoire national où les risques de noyade sont patents. Elle durera pendant
toute la saison estivale. «En ce qui nous concerne, chaque jour, les brigades
mixtes constituées par les agents de la protection civile et de la sécurité du
barrage feront des sorties nautiques d'inspection et de contrôle tout au long
de la retenue», a annoncé M. Lemanaa pour qui «le
bénéfice à tirer d'une telle action de partenariat est constitué par
l'expérience des agents de la protection civile dans ce genre de sauvetage,
expérience qui va beaucoup servir aux agents de sécurité du barrage». Et à la
fin, notre interlocuteur a souhaité une implication directe des secteurs
influents, tels que la société civile et des imams des mosquées pour garantir
une pleine réussite à cette opération de sensibilisation.