Le SNAPO a gelé
son mouvement de grève, annoncé pour aujourd'hui 12 juillet, à l'issue d'une
rencontre tenue le 10 juillet avec le ministre du Travail, de l'Emploi et de la
Sécurité sociale, Mourad Zemali, et ayant regroupé
des représentants du SNAPO, du CNOP, du directeur général de la Sécurité
sociale, ainsi que ceux de la CNAS et la CASNOS.
En trame de
fond, il s'agissait lors de cette rencontre, initiée 48h avant la grève des
pharmaciens, de dénouer le conflit né dans le sillage d'une volonté exprimée
par les deux DG de la CNAS et de la CASNOS, visant la suppression de la
majoration de la vente des médicaments génériques. Ce qui fut accompli, assez
facilement, semble-t-il, car le ministre n'avait rien à négocier avec les
syndicalistes du moment que l'objet de la grève, soit la suppression de la
majoration des médicaments génériques, n'a jamais été officiellement décidé.
C'est le ministre qui l'affirme, soulignant dans ce contexte que concernant les
inquiétudes du SNAPO et du CNOP sur les conséquences d'une suppression
unilatérale de la majoration accordée aux pharmaciens dans le cadre du tiers
payant, «aucune décision concernant la révision du système de rémunération des
pharmaciens n'a été prise à ce jour». Du coup, la grève n'a plus raison d'être.
Elle semble, du coup, inopportune même. D'autant que le ministre a joint l'acte
à la parole en signant le PV de réunion avec le même contenu de la déclaration
en question. Si l'on se fie à la déclaration du ministre, doit-on comprendre
que le SNAPO a mobilisé ses troupes pour «du vent» ? Bien sûr que non, preuve
en est cette alerte déclenchée chez les responsables du secteur. D'ailleurs, le
SNAPO a été clair à ce sujet, ses discussions à propos de cette volonté de
suppression de la majoration en question ont été menées avec les deux DG de la
CNAS et la CASNOS, qui devaient certainement sonder la température,
certainement aussi, sur instruction du ministère de tutelle, avant
d'officialiser la chose. La réplique intransigeante du SNAPO a permis de faire
revenir à de meilleurs sentiments les autorités de tutelle, probablement suite
à une intervention du Premier ministre en personne, qui initie ce jeudi un conseil
interministériel sur ce point et d'autres encore pour défricher un dossier
demeuré longtemps en dormance. Cette initiative est saluée par les partenaires
sociaux. Car, il se trouve que le Conseil national de l'ordre des pharmaciens
(CNOP) a plaidé pour une «approche globale» intégrant, entre autres, la
révision des marges bénéficiaires, afin de «préserver» la cohérence économique
et l'équilibre nécessaire des comptes sociaux, indique mardi un communiqué du
CNOP. Lors de l'audience avec le ministre du Travail, de l'Emploi et de la
Sécurité sociale, Mourad Zemali, le CNOP a mis
l'accent sur l'importance d' «une approche globale intégrant la révision des
marges bénéficiaires, la diversification et le renforcement du financement de
la sécurité sociale, seuls à même de préserver la cohérence économique et
l'équilibre nécessaire des comptes sociaux», précise le communiqué. Le Syndicat
national des pharmaciens d'officines (SNAPO), pour sa part, a appuyé
l'argumentaire du CNOP, en «détaillant et explicitant l'ensemble du travail
réalisé et les propositions formulées notamment sur le dossier des marges
bénéficiaires», ajoute la même source. Dans le même cadre, le CNOP a rappelé
que le travail du pharmacien devait se recentrer sur sa vocation première, à
savoir «la prise en charge de ses malades par la promotion de l'éducation
thérapeutique, de l'observance d'un acte pharmaceutique de qualité qui
permettrait de mieux œuvrer à la protection de la santé publique, en plus
d'engendrer des économies d'échelle aux caisses de sécurité sociale», note le
communiqué. La même source a rappelé, par la même occasion, le fait que le
ministre ait fait part de la «volonté» du gouvernement et de la «disponibilité»
de son département à collaborer dans un esprit de dialogue et de concertation
avec le corps des pharmaciens. M. Zemali a, en outre,
«souligné l'importance du partenariat historique avec la corporation des
pharmaciens qui a permis la réussite du système Chifa
et du tiers payant au profit des assurés sociaux et de leurs ayants droits,
qu'il convient de préserver et de développer davantage». Par ailleurs, après
l'audience avec le ministre, les représentants du CNOP et du SNAPO «se sont
engagés à formuler conjointement des propositions pour la rédaction de la
nouvelle convention du tiers payant», ajoute le communiqué. Une nouvelle
convention qui devrait aborder, entre autres, selon des membres du SNAPO, la
révision des frais de gestion administrative et électronique, le délai et les
procédures de paiement, les procédures de la résiliation de la convention,
ainsi que l'historique et l'activation de la carte Chifa.