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Eclipsé
par les discussions sur la Syrie à Astana au Kazakhstan qui sont chapeautées
par la Russie et l'Iran alliés de Damas ainsi que la Turquie soutien de la
rébellion, le processus de Genève initié dans le même but par l'ONU a toutefois
repris lundi.
Au vu des maigres résultats par lesquels se sont conclus les précédents rounds des pourparlers de paix placés sous l'égide de l'ONU, il est hasardeux d'augurer que celui qui a commencé avant-hier, le 7ème, donnera lieu à une avancée déterminante pour la recherche d'une solution politique négociée au conflit syrien qui fait rage depuis 2011. Il y a pourtant à espérer qu'il en serait ainsi tant comme l'a souhaité l'envoyé spécial de l'ONU Staffan de Mistura à l'issue de la première journée des négociations en estimant que cette fois « les astres sont favorables ». Par là, l'envoyé spécial a fait référence à l'accalmie intervenue sur le terrain suite à l'accord acté à Astana instaurant des zones de « désescalade » en vue d'un cessez-le-feu durable ainsi qu'aux révisions par certaines puissances impliquées dans le conflit syrien de leurs positions ayant contribué à l'impasse où s'est retrouvé le processus de Genève. Ces évolutions auxquelles s'est ajouté le « dégel » des relations russo-américaines amorcé par Poutine et Trump lors de leur tête-à-tête en marge du sommet à Hambourg du G20 à l'issue duquel ils ont annoncé être parvenus à un accord de trêve entrant en vigueur dans trois provinces méridionales syriennes. Sans excès d'optimisme, De Mistura a estimé que les résultats du dialogue d'Astana et les repositionnements des principaux intervenants dans le conflit syrien ont créé une atmosphère favorable aux discussions de Genève. Celles-ci peuvent en effet se mener en tenant compte qu'il existe désormais un consensus international sur le point ayant fait avorter les précédentes rencontres : celui du sort à réserver au président Bachar El Assad dans la solution politique au conflit syrien. A l'exception de l'Arabie saoudite, les Etats-Unis, la France et la Turquie qui sont les principaux soutiens de l'opposition anti-régime ne font plus un préalable non négociable du retrait du président syrien. Les négociateurs à Genève de cette opposition tenteront certes de remettre ce préalable sur le tapis des discussions mais en sachant qu'ils seront en porte à faux avec leurs parrains sans le soutien desquels la rébellion ira à son extinction, réduite qu'elle est sur le terrain par l'ascendant militaire pris sur elle par les forces loyalistes et leurs alliés. L'heure du pragmatisme est venue pour cette opposition qui se dénomme « modérée » car c'est à une démarche de la sorte que se sont convertis ses soutiens étrangers. L'Arabie saoudite encore réfractaire à cette reconversion pourrait vouloir la maintenir dans la position du refus de tout accommodement sur le sort du président syrien. En se pliant à la volonté saoudienne faisant fi du consensus international, l'opposition syrienne apporterait la preuve de son inféodation à Ryad et celle d'avoir été créée pour la mise en œuvre de l'agenda géopolitique de la pétromonarchie arabe dont la réalisation ne peut s'envisager avec le maintien en Syrie de Bachar El Assad et de son régime. |
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