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Prêches et discours religieux: Les mises en garde de Mohamed Aïssa

par M. Aziza

  Bien que l'Algérie soit le seul pays musulman qui ne dicte pas les prêches à ses imams, l'Etat, à travers le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, sévit et joue pleinement son rôle de « régulateur » face à des discours haineux et extrémistes.

C'est ce qu'a affirmé, hier, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, au Forum d'El Moudjahid, en réponse à des questions des journalistes sur certains prêches qui appellent les fidèles à ne plus envoyer leurs enfants dans les écoles publiques dont les programmes ne sont pas compatibles avec notre culture et notre religion. Pour les partisans de ce boycott, les enfants doivent apprendre le savoir dans les écoles coraniques. Le ministre a affirmé dans ce sens que l'Etat ne dicte pas de prêches aux imams, mais les services attachés au ministère des Affaires religieuses interviennent conformément à la loi contre des discours religieux qui appellent à la haine, à la violence et qui prônent l'extrémisme et le radicalisme. Pour Mohamed Aïssa, ce discours est très proche des idées et de l'idéologie du groupe extrémiste Boko Haram au Nigeria. Et de préciser que ce courant radical a commencé à nourrir des idées contre l'apprentissage à l'école moderne. « Ils ont commencé par des prêches et des discours haineux où l'école était leur cible privilégiée, ils sont passés ensuite aux massacres des lycéens et des enseignants », regrette-t-il. Tout en plaidant pour un discours religieux modéré respectueux, le ministre a mis en garde les imams contre ce genre de prêches et contre ce genre de discours reflétant les idées de Boko Haram. Il prévient : « Ils ont négligé les prêches du courant Boko Haram contre l'école, aujourd'hui, ce courant est passé de la parole à l'acte en semant la terreur dans la région ». Mohamed Aïssa a précisé que le ministère des Affaires religieuses avait déjà sanctionné un nombre important d'imams qui prônaient des discours haineux et dangereux, notamment entre les années 90 et 2000. Et d'affirmer que les sanctions se sont poursuivies mais avec un degré moindre, car aujourd'hui, les mosquées sont bien encadrées par l'Etat. La preuve, « le discours salafiste n'est plus dans les mosquées mais en dehors des mosquées », affirme-t-il. Il a reconnu qu'il y a toujours des cas isolés qu'il faut sanctionner mais conformément à la loi de la République. Le ministre a demandé à la presse de lui fournir les noms des mosquées qui favorisent des discours radicaux et subversifs.

«L'enquête sur l'enterrement d'un imam dans une mosquée à Chlef est en cours»

Le ministre des Affaires religieuses a été sollicité par la presse pour se prononcer sur la polémique déclenchée, suite à l'enterrement supposé d'un imam, suivant ses dernières volontés, le 28e jour du mois de Ramadan passé, dans la cour d'une mosquée à Aïn Merane (wilaya de Chlef). Le ministre a affirmé qu'une enquête a été diligentée par les autorités de la wilaya de Chlef et celle-ci est toujours en cours. Et de préciser que l'enterrement d'un imam au sein d'une mosquée demande au préalable une autorisation émanant du ministère des Affaires religieuses et des Waqfs. Et de poursuivre en affirmant que son département n'a jamais donné une autorisation de ce genre.

Le ministre a rappelé que pour enterrer la dépouille mortelle d'une personne décédée, il faut avoir au préalable une autorisation des services des collectivités locales. Il dira que «selon certaines informations, cet imam a été enterré près du trottoir de ladite mosquée, mais rien n'est officiel, car l'enquête suit son cours».

Les Ahmadites ont été manipulés par la main étrangère

Interrogé sur le sort de la secte ahmadite, Mohamed Aïssa a affirmé que ce dossier est clos. En soulignant que son département n'a fait qu'appliquer les lois de la République sur les adeptes de ce courant qui ont été manipulés, en évoquant la main étrangère. Sans vouloir dévoiler cette main étrangère, le ministre a rappelé que les lois régissant le secteur interdisent l'accomplissement d'une prière en dehors des lieux préconisés ou la collecte d'argent sans autorisation par l'Etat. «Nous avons sanctionné les Ahmadites, mais aussi les évangélistes et les musulmans», a-t-il souligné en citant le cas de deux imams traduits en justice pour collecte d'argent sans autorisation. Et de rappeler encore que pas moins de 42 mosquées privées d'autorisation ont été fermées en 2011.

La Grande Mosquée d'Alger sera encadrée par l'élite algérienne

La salle de prière de la Grande Mosquée d'Alger devrait être réceptionnée en décembre 2017, selon Mohamed Aïssa. Tout en plaidant pour le retour au référent religieux national, Mohamed Aïssa a affirmé que l'Algérie ne fera pas appel à des élites étrangères pour gérer et encadrer la Grande Mosquée d'Alger, comme c'est le cas pour certains pays. Le ministre a précisé que la Grande Mosquée d'Alger, qui est un lieu à la fois culturel et religieux, sera gérée et encadrée exclusivement par l'élite algérienne. Le ministre des Affaires religieuses a beaucoup misé lors de son intervention, sur la nécessité de promouvoir un discours religieux modéré et de s'attacher au réfèrent religieux national. Il rappelle que «l'Algérie a été victime des gens qui ont pensé que notre pays n'avait pas un réfèrent religieux ».