
Après
l'arrivée en quelques jours seulement de près de 10.000 migrants sur les côtes
italiennes, les autorités du pays tirent la sonnette d'alarme et sollicitent
une aide d'urgence et davantage de solidarité de la part de l'Union européenne.
C'est pourquoi, l'afflux massif des demandeurs d'asile en Europe a été au cœur
de deux sommets organisés le 6 juillet dernier. A Rome, une conférence
ministérielle internationale aurait réuni des représentants de l'UE, de l'ONU
et de la Libye tandis que 28 ministres de l'Intérieur européens se sont
rencontrés à Tallinn (Estonie) dans le but de trouver un accord consensuel à
même d'endiguer cette épineuse crise ! Mais que promettra cette fois-ci encore
l'Europe à ces milliers de migrants qui débarquent en masse sur son sol ? Puis
pourquoi a-t-elle attendu jusqu'à ce que l'Italie ait pris les devants pour
réagir après, à son tour ? Et, enfin, que va-t-elle proposer de concret à cette
dernière ? Tous les observateurs évoquent un plan d'action proposé le 4 juillet
par la Commission européenne, prévoyant de débloquer environ 35 millions pour
l'Italie et 46 millions d'euros pour la Libye. Or, là aussi, il y a quelque
chose qui sonne faux ! Car, aux yeux de beaucoup d'ONG, rejeter toute la
responsabilité du contrôle migratoire sur le dos de Tripoli pose un sérieux
problème. Le pays n'est-il pas en butte aux atroces violences de la guerre
civile et dépourvu de structure étatique solide ? En outre, comment des milices
paramilitaires belliqueuses, peu équipées, mal administrées et désorganisées
peuvent-elles gérer un pareil dossier, aussi sensible que compliqué ? En tous
cas, l'Italie qui aurait accueilli, jusque-là, environ 85.000 des 100.000
personnes arrivées en Europe depuis le début de cette année espère que des
mesures fortes seront adoptées dans ces deux sommets européens. Angelino Alfano, son ministre des
Affaires étrangères, souhaite même que tous les partenaires européens
manifestent le même degré de sérieux que son pays aurait manifesté à leur
égard. Il exige, dans la foulée, que les bateaux de secours puissent débarquer
dans d'autres ports européens et qu'une véritable «politique de relocalisation
des demandeurs d'asile» soit mise en place dans les 28 pays de l'UE. Vœu qui
semble irréalisable à l'heure qu'il est.
Preuve en est
que l'Autriche voulait même dépêcher en début de la semaine dernière l'armée à
la frontière italienne afin qu'elle fasse face à un éventuel afflux d'arrivants
! En réalité, si un plan de répartition de 100.000 migrants à travers l'Europe
est adopté en septembre 2015, près de deux ans plus tard, moins de 17.000 ont
effectivement été relocalisés ! Ce qui démontre le peu d'enthousiasme des
dirigeants européens à traiter le mal à ses racines. La prise de conscience
subite du vieux continent de l'ampleur du drame suite à la série de naufrages
de bateaux en 2015 en Méditerranée n'a été, au grand dam des concernés, que
trop éphémère. L'accord conclu, depuis, avec la Turquie d'Erdogan
pour le renvoi de migrants n'est que de la poudre aux yeux. Pire, il a mis l'Italie
dans une situation délicate, devenant ainsi le premier pays d'arrivée devant la
Grèce.