C'est
le clash entre le Snapo et les deux organismes de
sécurité sociale, en l'occurrence la Cnas et la Casnos. Dans un communiqué transmis, hier, à ses adhérents,
le Snapo annonce une grève nationale, à partir du 12
juillet, des officines pharmaceutiques qui seront fermées de 8h à 13h, en signe
de protestation contre l'annulation de la majoration de la marge bénéficiaire
consentie pour les ventes des médicaments génériques. Cette annulation, en
l'air depuis quelques jours, sera officiellement appliquée par les agences Cnas et Casnos, selon les termes
du communiqué du Snapo, signé par le président
national, Belambri Messaoud. « La réunion organisée
avec les deux DG de la Cnas et de la Casnos, le 02 juillet 2017, et qui vient de se terminer,
n'a apporté aucun résultat, d'où le recours à cette action de protestation »,
est-il souligné dans le communiqué. Ce mouvement de grève était attendu par les
pharmaciens, car les bureaux de wilaya du Snapo ont
reçu ces derniers jours un appel du bureau national, les exhortant à « se
préparer réellement à un mouvement de protestation ». D'ailleurs, pratiquement
tous les bureaux de wilaya du Snapo ont programmé et
fixé les dates pour la tenue des assemblées générales avec leurs adhérents bien
avant ce dernier communiqué du bureau national qui annonce officiellement le
débrayage ouvert à partir du 12 juillet, de 8h à 13h, afin de ne pas pénaliser
le malade. « Nous avons résisté à la décision d'annuler les incitations depuis
2015, nous avons gagné du temps, mais ces jours-ci, nous remarquons que la
sécurité sociale est vraiment décidée à en finir, et à passer à l'acte? », relevait le bureau national du Snapo
dans un communiqué daté du 27 juin dernier. La volonté de supprimer la
majoration de la marge bénéficiaire des médicaments génériques (20 %) n'est pas
nouvelle, car elle remonte précisément au mois de ramadan 2016, lorsque le SG
du ministère du travail avait donné instruction aux deux caisses de ne plus
accorder cette mesure incitative aux pharmaciens, mais le Snapo
avait réussi à geler, temporairement, la dite instruction. Aujourd'hui, le Snapo n'a pas pu convaincre ses interlocuteurs de la
nécessité de garder en vigueur cette mesure incitative, d'où le recours à la
grève pour exprimer la colère des pharmaciens, dont l'inquiétude sur leur
avenir est soulignée avec force et argument à l'appui. « L'annulation de ces
incitations provoquera immanquablement la fermeture de dizaines d'officines
pharmaceutiques », affirment des pharmaciens, qui parlent d'asphyxie financière
même avec l'application de cette mesure, que dire alors si on procède à son
annulation ?! Les pharmaciens rappellent qu'ils ont
énormément investi pour permettre à des millions d'assurés sociaux de
bénéficier de la carte Chifa et d'une couverture
gratuite en matière de médicaments. « Cela nécessite des efforts et un
personnel renforcé », relève-t-on dans ce sillage. Est-ce à dire qu'on pourrait
refuser la carte Chifa dans l'avenir ? Cela est
probable du moment que les pharmaciens seront contraints de réduire les
effectifs à l'ombre de cette crise financière qui les touche de plein fouet et
qui va s'aggraver avec l'annulation de la majoration de la marge bénéficiaire
sur la vente des médicaments génériques. « La marge bénéficiaire n'a pas été
augmentée depuis plus d'une décennie, et on arrive maintenant à nous éliminer
cette majoration qui nous permettait de souffler un peu, c'est inadmissible »,
s'insurgent les pharmaciens. Et, comme cette majoration va dans le sens du
soutien à la production nationale du médicament, les producteurs de
médicaments, par le biais de la Fédération algérienne du médicament, regroupant
l'UNOP, l'ADPHA et le SNAPO, a fait également part de ses inquiétudes face à
cette annulation de cette mesure, demandant solennellement aux promoteurs de
cette abrogation des majorations du prix du médicament générique de surseoir à
ce projet, «qui ne fera que destabiliser davantage
toute la filière pharmaceutique», prévient-on.