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Un
consensus national autour d'une nouvelle politique sociale devra être trouvé,
selon le Premier ministre. Il a annoncé, pour cela, le prochain lancement d'une
large consultation «pour redresser l'effort social de l'Etat». Acteurs
politiques, sociaux et syndicaux seront de ce fait invités pour discuter du
dossier et mettre fin ainsi à la politique des subventions traditionnelles qui
consiste à supporter les produits de base, l'éducation et l'accès à l'eau et
l'énergie, la santé, le logement, les retraites et enfin l'accompagnement des
faibles revenus, des démunis et des handicapés.
L'Etat réfléchit à une nouvelle approche et cherche pour cela un consensus pour légitimer son action. La fin des subventions est proche et l'idée officielle est de trouver un palliatif qui sauvegarde un tant soit peu le niveau de vie des Algériens. Du moins pour les plus défavorisés. Si la démarche répond aux injonctions du FMI et du patronat, Haddad, à la tête du FCE, expliquant que «l'État ne peut plus subventionner comme il faisait à l'époque où le pétrole était à 100 dollars», il n'en demeure pas moins que l'Etat va encore repousser les limites de patience des citoyens déjà largement entamée par les dernières lois de finances. Tebboune évoque de nouveaux mécanismes à adopter, loin de toute centralisation, en vue de définir une nouvelle politique sociale destinée «aux seules catégories vulnérables». Et c'est justement au niveau des définitions que les malentendus ou les injustices peuvent se trouver. En effet, on se demande qui devra dire que tel Algérien ou tel autre est vulnérable. Doit-on se fier aux seules fiches de paie, à la composition familiale ou à l'adresse du bénéficiaire ? Peut-on réellement dire qu'un Algérien qui touche 4 millions par mois est éligible à cette «nouvelle» forme de subvention ? Bouteflika avait tenu à rassurer les Algériens sur cette fameuse ligne rouge à ne pas dépasser, à propos de la préservation du pouvoir d'achat des citoyens, et Sellal, alors Premier ministre, de rappeler que plus de 1.630 milliards de dinars de transferts sociaux, soit 23,7% du budget de l'Etat, ont été inscrits dans la comptabilité de 2017. La volonté des pouvoirs publics est de canaliser les transferts sociaux vers les couches les plus défavorisées mais la politique économique du pays a fait en sorte d'enterrer la classe moyenne ce qui rend difficile toute tentative de séparer les couches sociales en Algérie. Fini alors le pain subventionné et le sachet de lait, l'huile ou la semoule. Les Algériens doivent s'aligner sur les prix qu'on pratiquera sinon vivre avec la faim en attendant le chèque de fin du mois. La solution est ailleurs et pas certainement dans les listes de la misère où comme on l'a vu dans le cas du couffin du Ramadhan, passe-droits, clientélisme et affairisme se mêlent à une opération caritative. Le mieux aurait été de taxer les grosses fortunes, celles qui achètent une baguette de pain au même prix que le chômeur endémique, père de famille. Mais là, aucune volonté politique ne s'est manifestée jusqu'à nos jours. Enfin, jusqu'à la venue de Tebboune. |
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