Chaque
année, ce sont plus de 200 cas d'hépatite A qui sont recensés à travers les
structures de santé d'Oran. La majorité sont
enregistrés dans les cités et quartiers périphériques de la wilaya, en raison
de la présence de foyers de contamination dus essentiellement à la consommation
de l'eau colportée. Malgré le danger et les campagnes de sensibilisation, les
Oranais continuent de s'approvisionner auprès des colporteurs d'eau. Pire, une
bonne partie des colporteurs ne respecte pas les règles. Il faut savoir que
l'exploitation de l'eau des puits à Oran n'est souvent pas respectée, surtout
lorsqu'on sait que dans la seule localité d'El-Hassi,
50% des puits sont exploités illicitement. L'exploitation des puits est
tributaire d'un certificat sanitaire délivré par les instances habilitées.
Malheureusement, dans la majorité des cas ces conditions ne sont pas
respectées. D'autre part, le stockage prolongé de l'eau par des revendeurs
activant dans des locaux est un autre danger pour la santé des consommateurs.
Du côté de la cité Lescure, de Saint-Pierre et d'autres quartiers comme
Maraval, Saint-Eugène ou Miramar, le constat est le
même. Des locaux situés au bas des immeubles, des caves et d'autres endroits
sont utilisés pour stocker l'eau dans des citernes repoussantes, souvent
rouillées. L'hépatite A est une infection hépatique provoquée par le virus de
l'hépatite A (VHA). Le virus se propage essentiellement lorsqu'une personne non
infectée (ou non vaccinée) ingère de l'eau ou des aliments contaminés d'un sujet
infecté. La maladie est étroitement associée au manque d'eau potable, à une
nourriture impropre, à l'insuffisance de l'assainissement et à une mauvaise
hygiène personnelle. Contrairement à l'hépatite B et à l'hépatite C, l'hépatite
A n'entraîne pas de maladie hépatique chronique et est rarement mortelle, mais
elle peut provoquer des symptômes débilitants et une hépatite fulminante
(insuffisance hépatique aiguë), qui a souvent une issue fatale. En effet,
seulement 20% des cas sont pris en charge par les services de santé, les autres
se dirigent vers la médecine alternative. En 2013, le service de prévention à
la direction de la santé de la wilaya a recensé trois décès d'enfants suite à
des séances de «scarification» (incision) où le malade avale des surdoses d'une
plante connue sous le nom «mélisse». En 2014, deux décès ont été signalés.
C'est un vrai sujet de préoccupation pour les services sanitaires qui
soupçonnent la présence d'éléments dangereux dans l'eau servie par des
colporteurs peu scrupuleux. Même si l'eau fournie par la Société de l'eau et de
l'assainissement d'Oran (SEOR) est potable, surtout que SEOR détient la
certification ISO 17025 qui spécifie les exigences de qualité et de compétence
propres aux laboratoires d'essais et d'analyses, l'Oranais ne consomme pas
l'eau du robinet, c'est parce qu'il s'est habitué depuis des décennies à
consommer de l'eau distribuée par les colporteurs, alors que la prolifération
des maladies à transmission hydrique (MTH) n'est pas écartée, comme l'hépatite,
la typhoïde. L'eau est le vecteur de transmission privilégié des MTH.