
C'est
stupéfiant de croiser sur les trottoirs populaires ou dans des cafés de la
papote, des mecs qui ne sont plus ce qu'ils étaient avant. Ces personnes ont
changé brusquement leur train de vie, et ils sont redevenus comme ils étaient
avant. Ces nabots font leur mue avec le temps et ses bouleversements. Des gens
qui rêvaient hier avec plein d'ambitions démesurées. Ils se pavanaient il y a
peu de temps dans la rue avec leurs semblables, bien nippés, le torse bombé, la
tête haute et la banane bien fixée sur le visage pour impressionner ceux qui
les regardent. Des «chekhssietes siyassia»,
des «personnalités politiques», élus et fonctionnaires, qui se prélassaient aux
frais de la princesse sans aucun retour pour ceux qui les ont désignés à cette
fonction. Il y a peu de temps, ils faisaient la pluie et le beau temps au
moment où ils étaient perchés dans leurs fonctions VIP, et qui n'ont pas eu la
chance d'être reconduits dans leurs fonctions comme ils s'y attendaient.
Naguère, ces revenants toisaient le peuple du haut de leur rang distingué.
Aujourd'hui,
ces riens ont regagné la vie et le rang populaire contre leur volonté, après
avoir perdu leurs privilèges et leur immunité. Ces messieurs sont revenus pour
emprunter les trottoirs et poser les pieds sur terre comme nous, alors qu'avant
dans les moments fastes, ils nous survolaient en voiture de luxe dégageant de
la poussière suffocante derrière eux. Aujourd'hui, ils font semblant d'être
redevenus des individus sobres dans la société en baissant la tête pour éviter
de rencontrer la vérité en face. Dans le présent, ils sont devenus tout petits, très petits même. Ils sont devenus nains dans
la taille. Là où ils sont, et là où ils passent, on entend cette drôle
interjection ironique «kiw» fusant de la bouche des
jeunes frustrés, juste pour les narguer pour leur mépris d'autrefois. Monsieur
«kiw» est un produit parvenu ridicule made in Algeria. Ces gens, qui ne méritent aucune sympathie, sont
pleins de reproches, et ils ne savent dire pour leur défense que «sahit khouya !» aux passants qui
les ignorent quand il les croisent. Hier, ils n'ont
pas été fidèles et sincères envers les électeurs. Au lieu d'être de braves
militants élus, porte-voix du peuple auprès de qui de droit, ils ont trahi
cette voix. Maintenant que les citoyens ne sont plus tendres avec eux, ils
rasent les murs pour éviter le regard accusateur et les coups de bec
populaires. «Kane w darwek khala
el makane» (il était?, maintenant il a cédé le
siège). Grandeur et décadence pour les assoiffés de pouvoir à qui on a dit au
revoir. La médiocrité a pris position et nargue la raison. La pensée négative a
pris le dessus et veut s'imposer pour pérenniser dans la grande maison. L'heure
est négative, et ne donne pas de la vie. Le négatif a de l'appétit, il veut à
tout prix s'éterniser pour ringardiser la société.