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Pourquoi l'assurance santé à l'international n'est pas pour demain

par M. Aziza

  Les compagnies d'assurances, notamment celles du privé, continuent à plaider pour la levée de l'interdiction sur le produit «assurance santé à l'international». Celles du secteur public préfèrent développer «l'assurance santé locale». Car, selon leur conception «l'assurance santé à l'international profite beaucoup plus aux réassureurs étrangers et aux structures de santé étrangères qu'aux assureurs algériens». C'est ce qu'a estimé Nacer Aberhouche, PDG de TALA-assurances, filiale de la CAAT, qui occupe aujourd'hui la première place dans les assurances de personnes.

Les avis diffèrent sur la question. Hakim Soufi, PDG de la compagnie d'assurances privée, Macirvie, a affirmé à plusieurs reprises à travers la presse que la demande sur le produit «assurance santé à l'international» est importante.

Selon ses déclarations, l'assurance santé à l'international garantira la traçabilité et la transparence sur les mouvements de fonds vers l'étranger. Pour lui, «cette assurance est très importante et peut générer entre un et deux milliards de dinars à la première année de sa réactivation».

Sachant qu'un nombre important d'Algériens, qui font face aux aléas de la prise en charge thérapeutique en Algérie, notamment les cancéreux, se soignent chez nos voisins en Tunisie et au Maroc.

Pour les cas les plus compliqués, la Turquie est leur destination favorite vu les facilités accordées, notamment en matière de visas.

A titre indicatif, pas moins de 2.000 patients algériens se sont fait soigner au Centre médical d'Anadolu au cours de ses dix dernières années. Sachant en outre que le nombre d'Algériens qui se soignent dans cet hôpital de référence augmente chaque année de 30 à 40%. Mais, force est de constater que contrairement aux Algériens, les Européens notamment des pays de l'Est, qui se soignent dans cet hôpital, très prisé par le fait qu'il est affilié au prestigieux hôpital John Hopkins de Baltimore (Etats-Unis), profitent des avantages de la carte d'assurance à l'international. Cette dernière permet une prise en charge des frais médicaux à l'étranger. Anadolu à lui seul, sans parler des autres groupes hospitaliers, reçoit une moyenne de 300 patients européens par mois.

Ce qui n'est pas le cas pour les Algériens qui, faute de prise en charge par la CNAS et en l'absence de carte d'assurance médicale à l'étranger, galèrent non seulement pour collecter de l'argent auprès des proches et des bienfaiteurs, mais font de «la gymnastique» pour transférer la devise en Turquie. Ils se trouvent parfois dans l'obligation de payer parfois des billets d'avion à leurs proches afin qu'ils puissent transférer cet argent légalement.

Pourtant, des solutions existent, l'assurance santé internationale permet aux clients de verser des primes en dinars en Algérie pour pouvoir prétendre à la couverture médicale en devises partout dans le monde. Autrement dit, une fois que cette «assurance internationale» sera activée après le feu vert des autorités, les Algériens intéressés par ce produit auront la possibilité de payer en dinars leurs soins à l'étranger sans prendre de risque.

«La priorité est pour l'assurance santé locale»

Le PDG de la compagnie d'assurance publique Tala estime qu'il faut d'abord développer l'assurance santé locale vu les potentialités du marché pour assurer un complément pour la sécurité sociale dans la prise en charge des frais médicaux qui sont en constante évolution.

Pour Nacer Aberhouche, l'assurance santé à l'international est un marché qui n'est pas aussi important que le local. Il faut savoir, dit-il, que «l'assureur procède seulement au transfert de devises à l'étranger» et que «le produit existe ; il suffit d'aller souscrire sur la base d'un contrat avec des assureurs ou réassureurs étrangers pour pouvoir ensuite leur transférer de l'argent en devises». Il estime que l'assurance santé internationale profite beaucoup plus aux réassureurs étrangers et aux structures de santé étrangères qu'aux assureurs nationaux. Il précise encore que dans ce cas, l'assureur algérien jouera le rôle de l'intermédiaire entre le patient algérien et le réassureur étranger. «On vend en dinars le produit aux Algériens, puis on va à la banque pour demander le transfert de devises aux réassureurs». Notre interlocuteur s'interroge : « Mais qui va payer ce transfert, est ce que c'est l'assureur ou le Trésor public ? ». «Certainement, le Trésor public ! Dans ce cas, je pense que ce n'est pas le moment vu la situation financière du pays», explique-t-il.

Nacer Aberhouche affirme qu'il n'est pas contre le développement de l'assurance santé à l'international mais «il faut d'abord penser à développer l'assurance santé locale». Les gens seraient disposés à prendre des assurances pareilles pour une meilleure couverture. Il souligne que sa compagnie travaille pour développer cette assurance à court terme, en commençant par la sensibilisation et la vulgarisation de ce nouveau produit, notamment sur les avantages de telle assurance. Notamment le tiers pays qui est une des formes de l'assurance santé. Le patient assuré sera pris en charge par un médecin ou une clinique et c'est la clinique qui va facturer à l'assureur à travers des conventions signées entre médecins, cliniques, avec les compagnies d'assurances. Il affirme que le projet est en chantier «mais ça va arriver».