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Dans le secteur de l'Education nationale, c'est vraiment la
grande vadrouille. Personne ne sait où va, depuis quelques années, l'école
algérienne. De mal en pis, elle traverse une crise profonde, une crise qui
annonce des lendemains inquiétants. Après le scandale de la session de
rattrapage du bac 2016, décidée par le gouvernement, après une fuite
généralisée des sujets d'examen, il y a cette année une session spéciale pour
les ?'retardataires'', décidée par le président de la République. C'est même,
suprême injure à la ministre de l'Education nationale, le Premier ministre qui
avait annoncé la décision du président en défendant son programme à l'APN.
L'Algérie, qui vit des moments difficiles avec une terrible pression sur ses
finances publiques induite par l'absence de politique prospective qui lui
aurait évité de subir le ?'énième'' contre-choc pétrolier, est entrée dans le
cercle restreint des pays où tout est possible. Mais, c'est pratiquement
l'unique fois dans le monde de l'éducation, qui fonctionne selon le système
d'un examen pour l'accès à l'université, que l'impensable se produit. On donne
la «chance» à un millier d'élèves de (re)faire leur
bac, car ils étaient arrivés en retard au centre d'examen.
Cette décision, unique dans les annales, inique car elle sanctionne tout le système éducatif national, désavoue en réalité tout ce qui a été fait pour que cette année, il y ait un retour aux vraies valeurs du baccalauréat dans notre pays. Sans triche ni des candidats, ni des encadreurs, ni des responsables. Hélas ! Ce n'est pas encore le cas, car avec ses effets boule de neige, les candidats recalés l'année prochaine vont eux aussi réclamer leur «3ème mi-temps». Une décision du président Bouteflika qui a en même temps divisé les syndicats enseignants et disloqué encore plus les fondements de l'équité et l'égalité des chances devant l'école. Même si, quelque part, a posteriori, on pourrait comprendre cela avec ces informations selon lesquelles des directeurs de centres d'examen avaient renvoyé injustement des candidats pour deux ou trois minutes de retard. Il n'empêche qu'au sein des syndicats, on ne comprend pas cet «oukase» décrit comme «populiste», «illégal», et qui souille la crédibilité du baccalauréat». Pour le CLA, c'est «une honte nationale», alors que le président du Snapest estime qu'il s'agit d'une mesure «catastrophique» qui bafoue les lois de la République. Mais, il y a d'autres syndicats qui qualifient la mesure du président Bouteflika de «juste et sage». Bref, une situation inédite et chaotique, qui donne la pleine mesure de la décrépitude dans laquelle évolue dorénavant le système scolaire algérien. Et dire que la ministre de l'Education nationale, le jour même où elle avait affirmé à Blida que «les exclus n'ont aucune justification à présenter», a été rabrouée dans la soirée avec l'annonce faite par le Premier ministre devant l'APN de la mesure décidée par le président Bouteflika. Dès lors, des syndicalistes estiment qu'avec cette autre fuite en avant, le système éducatif algérien a perdu son âme et, dorénavant, il est plus question de sauver l'école algérienne de la ruine totale, morale et pédagogique, que de saupoudrer cette déchéance par des réformettes hâtives et sans lendemains. Car ce qui scandalise encore plus, c'est que demain, ceux qui auront raté leur bac, si on suit cette logique des extrêmes, pourront revendiquer, eux également, des sessions de rattrapage. Un cycle sans fin d'une incroyable suite d'erreurs et d'errements des responsables du secteur le plus sensible, l'éducation des Algériens. A quand donc le retour à la normale, avec des examens qui ressemblent à de vrais examens, une école de qualité ? Et que tous les candidats soient égaux devant l'école ? |
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