Même si le Qatar accueille sur son sol la base militaire
américaine la plus stratégique du Golfe, il n'en reste pas moins une menace
pour les intérêts de l'Oncle Sam dans la région. Le parti pris de la chaîne
Al-Jazeera depuis les célèbres attaques terroristes des tours jumelles du World
Trade Center en septembre 2001 y est, à vrai dire, pour beaucoup.
Pour rappel, la diffusion à l'époque par ce média qatari des
vidéos de Ben Laden, le chef d'Al-Qaïda revendiquant à coups de prêches
incendiaires les multiples attentats terroristes commis un peu partout dans le
monde contre les Occidentaux n'avait jamais été du goût de l'ex-président
Georges Bush junior. Ce dernier aurait même tenté d'après le contenu de
quelques documents confidentiels, fuités le 22 novembre 2005 par le journal
londonien «The Daily Mirror» d'un «mémorandum secret» adressé aux autorités
britanniques, de persuader son allié Tony Blair de participer au bombardement
du siège de la chaîne à Doha mais le locataire de Downing Street et le
Pentagone l'en auraient dissuadé à la dernière minute. Déjà en 2001 au moment
de l'invasion de l'Afghanistan des Talibans par les forces alliées, les studios
de Al-Jazeera à Baghdad auraient été la proie des
missiles de l'armée américaine et, en 2003, celle-ci aurait causé par ses
attaques la mort de l'un de ses journalistes travaillant au cœur de la capitale
irakienne. est-Il est toujours utile de préciser que
cette pression sur ce média-là est due à l'influence des milieux médiatiques
américains qui lui sont dans leur majorité hostiles. Al-Jazeera étant accusée
non seulement d'instiller l'anti-sémitisme et la haine contre l'Occident mais
aussi de véhiculer du racisme anti-blancs. Le site
conservateur américain Breitbart News, fondé à Los Angeles par Steve Bannon, un
des adeptes de l'extrême droite aux Etats Unis, promu par l'administration de
Trump conseiller «chef de stratégie», ne cessait d'alerter l'opinion publique
sur le danger de cette chaîne-là, relayée en cela par Fox News, laquelle est
entrée déjà depuis longtemps en guerre médiatique ouverte contre les médias du
Moyen-Orient, considérés comme trop «propagandistes». On remarque également que
le Qatar suscite l'ire de la Russie et de certains pays arabes tels que
l'Égypte et l'Arabie saoudite parce qu'il est un exil doré pour des leaders
tchétchènes, des opposants à la monarchie wahhabite, des frères égyptiens
opposants, des islamistes talibans, des activistes du groupe Hamas et surtout à
cause d'Al-Jazeera. Al-Sissi en veut en particulier à celle-ci parce qu'elle
avait diabolisé son coup d'Etat de juillet 2013 contre Morsi et permis tout au
long de la révolution du 25 janvier 2011 la chute rapide du régime de Moubarak.
C'est pourquoi les autorités égyptiennes ont dû interdire tous les sites
internet de la chaîne satellitaire. De même, ses employés sont arrêtés et l'un
d'eux emprisonné pour propagation de mensonges et promotion du mouvement des
Frères musulmans. L'Arabie saoudite aurait, quant à elle, fermé le bureau
d'Al-Jazeera sur son territoire. Les rois saoudiens lui reprochent d'avoir
divulgué des secrets du palais et comploté contre la dynastie régnante.