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Plaidoyer pour l'unification de l'Adhan

par Abdelkrim Zerzouri

On a parlé, avant le mois du ramadan, de l'unification de l'Adhan, particulièrement à l'occasion du mois sacré où le muezzin prend une charge symbolique plus élevée que l'appel à la prière, en cela qu'il annonce la rupture du jeûne au coucher du soleil et l'Imsak à l'aurore.

C'est M. Mohamed Aïssa, le ministre des Affaires religieuses qui, reconnaissant qu'il y a des dysfonctionnements dans l'exactitude de l'appel du muezzin, a exprimé «son souhait» d'unifier l'Adhan. Hélas, nous sommes aux derniers jours du ramadan, et l'Adhan reste très fluctuant d'une mosquée à une autre, parfois l'une pas trop loin de l'autre. Certains ont pris l'habitude de rompre le jeûne dès le premier Adhan entendu et prendre acte à l'Imsak avec le dernier Adhan. Tellement la gamme est étalée dans le temps, en secondes bien sûr. Mais des secondes qui ont quand même valeur d'une journée de carême, puisque la moindre erreur peut hypothéquer le jeûne.

Il se peut qu'il y ait de petites variations dans le temps entre l'appel à la prière d'une commune à une autre, cela serait compréhensible, mais lorsqu'il s'agit de la même commune, du même quartier, il y a lieu de demander des explications et exiger une harmonisation. Pour Mohamed Aïssa, il y a deux causes principales à l'origine de ce dysfonctionnement, en premier lieu la pression exercée sur les muezzins par les fidèles qui insistent auprès de lui, presque des ordres qu'on lui donne, pour qu'il annonce la rupture du jeûne. Pourquoi ? C'est tout simplement une certaine petite mentalité qui s'est ancrée dans les mosquées, dont le principe est de gérer les affaires du lieu de culte jusqu'au plus petit des détails, de montrer qu'on existe. Et puis, il y a le réglage des montres et des horloges qui induit en erreur l'imam. Deux raisons qui provoquent le décalage dans les appels à la prière et qui ne sont pas des plus faciles à gérer ou à régler. Pratiquement, il est impossible de les éliminer du paysage en l'état des choses. D'où l'exigence de sonder d'autres voies plus sûres pour unifier l'Adhan, surtout faire en sorte que la rupture du jeûne soit annoncée au même moment, ainsi que l'Imsak.

 Depuis le temps que les Algériens entendent ces appels aléatoires de l'Adhan, et personne n'a trouvé la solution pour corriger les décalages. On continue à songer, à étudier les options à mettre en œuvre pour aboutir à une solution efficace, mais au bout du parcours, de tergiversation en tergiversation, le prochain ramadan nous rattrapera certainement avec nos mêmes erreurs. Pourquoi avoir honte d'appliquer une expérience qui a prouvé son efficacité en Turquie, par exemple ? Dans ce pays, c'est un seul et unique Adhan qui est retransmis en même temps dans toutes les mosquées de la région. Peut-être qu'on peut trouver une autre solution, meilleure, et sans attendre indéfiniment cette solution, il faut mettre en application ce qu'on peut avoir sous la main.