|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Le plan
d'action du gouvernement Tebboune sera exécuté dans
un délai très court par l'APN : les débats sont prévus ce mardi et devront être
clôturés vendredi soir par son adoption. C'est en quelque sorte une première
dans les annales de notre Assemblée qu'un programme de gouvernement soit
examiné, discuté et adopté en quatre jours. A un moment où tous les clignotants
de l'économie nationale sont au rouge. Emploi du temps serré du gouvernement ou
approche des vacances ? D'autant que ce plan d'action porte sur des mesures,
qui risquent de devenir vite impopulaires, sans explications et débats
approfondis. Parce que le gouvernement Tebboune, face
à l'érosion des réserves de change et la baisse des recettes pétrolières veut
s'attaquer de front à l'un des piliers, sinon la colonne vertébrale du système
économique algérien : sa politique sociale avec la subvention des prix des
produits de large consommation.
En 2016, il y a eu près de 18 milliards de DA pour les transferts sociaux. Car dans son plan d'action le gouvernement veut supprimer, même progressivement, la politique de subventions des prix, pour aller à « la vérité des prix ». Il est clairement indiqué dans ce plan d'action que l'exécutif compte engager « une évaluation de l'efficacité des dépenses publiques orientées vers les différentes subventions et exemptions fiscales, en vue de réduire celles destinées à des activités ne générant aucune retombée positive pour l'économie ou la société ». Certes, le gouvernement compte consulter un large panel d'acteurs, dont la société civile sur cette question de l'abandon des subventions. Mais, dans le fond, ce gouvernement et celui qui l'a précédé veut s'attaquer à un problème de fond, la rareté des réserves de change du fait de l'indigence des exportations hors hydrocarbures, et donc de la faiblesse de l'économie nationale, par de fausses solutions de replâtrage conjoncturelles dont les couches sociales les plus vulnérables seront les premières victimes. Avec la libéralisation progressive des prix des produits pétroliers à travers la loi de finances 2016 et 2017, des taxes de plus en plus pesantes sur des pans entiers de l'activité économique, et maintenant l'abandon progressif des politiques de subventions, qui ont assuré une si fragile paix sociale, le gouvernement Tebboune veut aller vite vers des réformes économiques très coûteuses sur le plan social. D'autant que le gouvernement ne semble pas cibler les vraies subventions, ces centaines de milliards de dinars qui grèvent lourdement les dépenses de l'Etat et mettent à mal les équilibres financiers: celles des entreprises publiques employant des milliers de travailleurs, déficitaires, qui ont cessé depuis longtemps de produire de la valeur ajoutée, qui ne produisent en fait presque rien, et que l'on s'obstine à ne pas jeter à la casse, ou à revendre à des repreneurs capables de les ressusciter ? La fin des subventions commence par là, assainir une fois pour toutes ces goulots d'étranglement de l'économie nationale, soit appliquer stricto sensu les bons principes du capitalisme : la cession à des repreneurs de ce parc de PME qui assèchent le budget de l'Etat. Là, on saisit mieux, même si l'on peut ne pas être d'accord, les récentes déclarations d'Ahmed Ouyahia, lorsqu'il avait appelé, en parlant du nouveau gouvernement, à la mise en place d'un nouveau modèle de gestion, et que « la démagogie et le populisme doivent céder la place au travail ». Il est vrai que le chef du RND n'a jamais été populaire, et son modèle économique, depuis les lointaines années 1990, tout autant. Mais, parfois, il est bon de percevoir ce que ne veut pas dire cet homme. |
|