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La
feuille de route du gouvernement s'annonce intéressante à plus d'un titre. Du
moins sur le papier, à en croire le plan d'action de Tebboune
qui sera présenté, demain, devant l'Assemblée nationale populaire. Plusieurs
axes ressortent du plan de bataille mis en place par l'équipe du Premier
ministre dont le plus notable reste cette volonté à assainir et renforcer la
bonne gouvernance à travers la transparence dans l'acte et la moralisation de
l'action publique. Tebboune n'ignore pas qu'en
l'absence de garde-fous et de mécanismes de surveillance, toutes les volontés
aussi bonnes soient-elles risquent de finir dans le mur à force de clientélisme
et des passe-droits qui nuisent aux programmes de relance. Si les textes sont
efficaces en théorie, la gestion passée l'est moins. Ainsi, le gouvernement de Abdelmadjid Tebboune compte,
entre autres, clarifier les règles qui organisent les rapports entre les
institutions et entre les institutions et les citoyens. Il vise également à
éliminer les situations de conflit d'intérêt et d'incompatibilité dans
l'exercice des mandats et fonctions, à protéger les biens publics et privés, à
renforcer la lutte contre la corruption et à prendre toutes les mesures visant
à lutter contre le gaspillage. Si ces mesures ne sont pas nouvelles en soit,
puisqu'elles reviennent dans la bouche de chaque nouveau mandat, l'opinion
publique et la classe politique attendent de voir leur effet réel sur le
terrain. La lutte contre la corruption, pour ne citer que cet exemple, est une
priorité nationale mais dans l'absolu. Concrètement, et de l'avis des observateurs
de la question, rien n'a été fait dans ce sens où la volonté politique fait
grandement défaut. Ce qui est nouveau, par contre, c'est cette allusion claire
aux conflits d'intérêts dans les institutions. Pour faire le ménage, le
gouvernement veillera «à garantir l'intégrité des responsables publics par le
renforcement des exigences de transparence et d'exemplarité, nécessaires pour
restaurer la confiance des citoyens envers les institutions», précise la
feuille de route de Tebboune et rapportée par l'APS.
Le gouvernement devra aussi s'atteler «à rénover le cadre déontologique et
juridique applicable aux agents publics par le renforcement des dispositifs en
vigueur». Enfin, et concernant les passations de marchés et contrats, il
promet, dans son plan d'action, d'«imposer une plus grande traçabilité de la
décision publique et des actes et procédures liés à la gestion des deniers et
biens publics et accroître la transparence de la commande publique, et
améliorer la transparence de la vie économique à travers l'encouragement de la
publication des comptes des entreprises». Vues comme cela, les priorités de Tebboune pour rétablir la confiance des Algériens en leurs
institutions sont une bonne nouvelle pour le moral national. Mais l'expérience
a montré qu'entre les effets d'annonce et les discours de bonnes intentions et
leur concrétisation sur le terrain existe un fossé incommensurable.
Tebboune ne promet ni plus ni moins qu'un coup de pied dans la fourmilière, dérangeant l'ordre établi par des années de népotisme, de mauvaise gestion et d'impunité aux plus hautes échelles de décision. Si le Premier ministre promet de réformer la vie publique, il a évité de demander des comptes sur la gestion passée. Quant au secteur de la justice, le gouvernement estime qu'elle n'est pas complètement indépendante puisqu'elle continuera à connaître une «réforme en profondeur» afin de renforcer son «indépendance» et son rôle dans la protection de la société et des libertés. Moralisation de la vie publique Les promesses du gouvernement, à propos de la protection des droits de l'homme, ne diffèrent pas trop des autres engagements pris antérieurement. Dans ce plan d'action, on évoquera aussi la révision du code communal et du code de la wilaya, l'élaboration d'une loi visant à promouvoir la démocratie participative au niveau local et à donner au citoyen, aux partis politiques et au mouvement associatif un «rôle responsable et plus actif» dans la mise en œuvre des politiques publiques. Tebboune n'a pas non plus oublié les journalistes auxquels il promet «dignité et décence sociale» et «amélioration de leurs droits sociaux» ainsi que la consolidation des garanties de la liberté de la presse et du droit à l'information. Dans sa lutte contre toutes les formes d'extrémisme, le gouvernement s'emploiera à promouvoir la culture religieuse prônant la «modération et la tolérance» et à protéger l'identité religieuse des «tentatives de déstabilisation». Parmi les autres axes proposés par le gouvernement, accroître l'apport des services des nouvelles technologies de l'information et de la communication (TIC) dans le produit intérieur brut (PIB), en les faisant agir pour le développement «d'une économie intégrée, ouverte et compétitive». La poursuite de la modernisation de l'administration publique et le renforcement de la qualité du service public figurent également dans les objectifs du gouvernement. Sur la scène internationale, l'objectif est de renforcer le rôle et la place de l'Algérie en dehors de ses frontières. L'Algérie devra ainsi poursuivre ses efforts de promotion de la paix, de la stabilité et de la coopération dans la région du Maghreb, de la Méditerranée, la zone sahélo-saharienne, en Afrique et dans le monde arabe. C'est ainsi que le gouvernement œuvrera à ce que le pays poursuive son action pour le renforcement de la coopération internationale en matière de lutte contre le terrorisme, l'extrémisme violent et le crime organisé, réitérant son soutien à la Palestine et au Sahara occidental. Au chapitre de la défense nationale, la continuité est de mise avec la modernisation et professionnalisation des forces armées. Objectifs «indissociables» de la lutte menée contre le terrorisme, que l'ANP appuyée par les forces de sécurité, poursuivra «inlassablement et sans relâche». Il en est de même pour la lutte contre le crime organisé transfrontalier, notamment le trafic de drogue, la contrebande et l'immigration clandestine. Le gouvernement encouragera et appuiera le développement du secteur de l'industrie de défense et de recherche-développement. Par ailleurs, la coopération avec les pays voisins, en matière de lutte contre le terrorisme et la subversion, ainsi que la criminalité transfrontalière sous toutes ses formes, aussi bien dans un cadre bilatéral que multilatéral, sera développée et renforcée, à travers les mécanismes opérationnels existants, affirme-t-on encore. |
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