Que
mijote Donald Trump dans sa tête ? Que prépare-t-il ?
Où va-t-il? Un mystère pour tous les observateurs, décidément! Durant sa campagne électorale, le président
républicain avait promis de déchirer le fameux accord sur le nucléaire qu'il
avait jugé trop en faveur des intérêts iraniens, mais s'étant rendu compte au
lendemain de son investiture à la maison blanche de «l'impossibilité» de son
projet, il s'est vite rétracté. En revanche, il aurait envisagé, depuis, des
nouvelles sanctions par rapport au non-respect des droits de l'homme par la
République islamique d'Iran et l'implication directe de celle-ci dans le
conflit syrien, en prêtant assistance au régime d'Al-Assad. Sa stratégie
consiste en un rapprochement avec les alliés sunnites des Etats-Unis sous
prétexte d'assurer leur sécurité et isoler ainsi Téhéran. D'ailleurs, sa visite
en grande pompe en Arabie Saoudite le 20 mai dernier s'inscrit dans cette
dynamique. Puis, la rupture diplomatique des pays du Golfe avec le Qatar,
soupçonné d'être un bailleur de fonds du terrorisme et trop complaisant avec
l'Iran ainsi que ses alliés régionaux, n'aurait pas été possible si Trump n'y avait pas mis de la pression. Il s'en est même
ouvertement revendiqué dans ses fameux tweets, plus
que jamais résolu à rogner les ailes à tous les relais des ayatollahs dans les
pays arabes. Or, éprouvées par les attentats perpétrés récemment par la
nébuleuse de Daech sur leur sol, les autorités
iraniennes comptent redoubler le nombre des conseillers envoyés en Irak et en
Syrie et un accroissement de soutien aux milices chiites sur place,
c'est-à-dire le juste contraire de ce qu'espère Trump.
En outre, les relations de l'oncle Sam avec l'Arabie Saoudite et l'Iran qui se
livraient depuis longtemps déjà sur fond de la fracture confessionnelle entre
sunnites et chiites à un duel sans merci par procuration afin d'asseoir chacun
son hégémonie sur le Moyen-Orient, évoluent en dents de scie, en fonction de
l'agenda américain dans la région. Avec l'administration actuelle, à titre
d'exemple, elles basculent plutôt du côté des Saoudiens, contrairement à Obama
qui aurait, lui, joué la carte de l'apaisement en faveur de l'Iran même si
l'accord sur le nucléaire conclu en juillet 2015 a été accepté avec réticence
par la majorité des Républicains au Congrès. Cela a permis au gouvernement
réformiste en Iran de respirer un air frais et de revenir en force sur la scène
internationale après un blocus politique et diplomatique de plusieurs
décennies. Tout compte fait, ce dernier a été récemment félicité par l'Agence
internationale de l'énergie atomique (AIEA), pour le respect des engagements
pris. Toutefois, si la réélection le 19 mai passé du réformiste modéré, Hassan Rohani, favorable pour le dialogue avec Washington et ses
alliés, aurait plus que réjoui les chancelleries occidentales, il n'en a pas
été de même pour Trump! C'est pourquoi les promesses
américaines de poursuivre la levée des sanctions liées au nucléaire n'ont
aucune chance d'être tenues. Il semble que les tests des missiles balistiques
capables de porter des charges nucléaires faits par Téhéran et dénoncés par la
communauté internationale, lesquels s'ajoutent à ses ingérences en Syrie, au
Yémen et surtout en Irak, ont augmenté la peur et l'animosité des Américains,
des monarchies du Golfe et de la Turquie d'Erdogan de
l'influence persane. Reste, enfin, à savoir ce qu'il subsiste du rapprochement
esquissé entre les Etats-Unis et la Russie, l'allié traditionnel de l'Iran,
surtout avec ce scandale à rebondissements des révélations de l'ex-chef du
F.B.I James Comey, pouvant enclencher une procédure
de destitution contre Trump, largement relayée par la
presse américaine.