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Bouteflika, ministre du Tourisme, Sellal?: Les réponses de Ahmed Ouyahia

par Ghania Oukazi

  Ahmed Ouyahia appelle à l'ouverture d'un débat économique et social pour «s'échanger des avis et s'éclairer mutuellement parce que si rien n'est fait, en 2024 ou 2025, on retournera chez le FMI, ça va être la tronçonneuse», a-t-il affirmé.

Le secrétaire général du RND a animé, hier, au siège de son parti à Ben Aknoun, une conférence de presse à travers laquelle il a tenté de répondre aux questions des journalistes dont la plus insistante revenait sur le limogeage du ministre du Tourisme, après 72 heures de sa nomination, dans le gouvernement Tebboune. «Il y a eu une faille de confiance et d'habilitation, ce n'est pas la fin du monde,» a-t-il répondu en substance. A la question est-ce que c'est le président de la République qui a choisi le nouveau gouvernement, est-ce qu'il gère malgré sa maladie ? Ouyahia lance «à cette question aussi cynique soit-elle, je vais donner une réponse aussi limpide soit-elle, le président décide, gère le pays, je vous l'assure, mais ce n'est pas lui qui fait les enquêtes d'habilitation, il y a les structures de l'Etat habilitées à le faire». Il estime que «si l'Exécutif avait laissé trois mois pour le faire partir, on aura parlé encore de scandale, avec certains, ce sera toujours un scandale». Il notera, cependant, que «le président de la République a choisi les ministres en coordination avec le Premier ministre qui, j'espère réussira et fera réussir le pays». Le remplacement du ministre s'il ne s'est pas encore fait, n'est pas selon le SG du RND «un dysfonctionnement important dans un Etat, possible qu'il le soit demain ou après, peut-être qu'on nommera un intérimaire?» Pour ce qui est du pourvoi du poste d'ambassadeur d'Algérie à Paris, il fera remarquer que «le mouvement dans le corps diplomatique se fait en général, en été, mais il peut y avoir une exception».

Plaidoyer pour la privatisation

La vacance du poste du président du CNES, depuis le décès de Mohamed-Seghir Babes, lui fera dire que «le CNES a été constitutionnalisé, la nouvelle constitution va tout lui changer». A-t-il ou non attaqué Abdelmalek Sellal alors Premier ministre, en a-t-il dénoncé «la démagogie et le populisme» ?, le SG du RND affirme sans hésiter «nous avons un défi majeur, il est économique, l'Algérie a besoin de changement, il faut réhabiliter le travail pour ne plus suivre les fluctuations du pétrole et la réunion de Vienne, il faut qu'on accepte les changements et les réformes». Il est convaincu que «nous allons vers des années difficiles et sans efforts nécessaires, la situation va se compliquer, les réserves de change vont en s'amenuisant, à cause de la chute du prix du baril, le monde a changé de siècle, il y a le gaz de schiste, l'OPEP et même les pays non OPEP ne peuvent plus agir sur les prix, le baril fonctionne avec le marché, l'époque des prix régulés est révolue». Il pense que «certaines réformes sont nécessaires comme la privatisation des entreprises publiques qui risquent de faire faillite, le seul client de ces entreprises c'est le gouvernement, un investisseur fort peut les prendre sinon on revient aux années 90». Il interroge même «ça fait combien d'années qu'on n'a pas parlé de privatisation ? Pourtant, c'est le président de la République qui avait pris la décision de céder à l'investisseur national privé 65% et plus tard les 40% qui restent et pour l'étranger il a décidé de la règle 51/49 ?» Ouyahia affirme aussi que «nous sommes pour un Etat social, une justice sociale, une solidarité nationale mais la politique des subventions nécessite des précisions pour profiter, véritablement, aux nécessiteux». A ceux qui disent de lui qu' «Ouyahia n'aime pas le peuple, je suis fils du peuple, j'ai peur pour le peuple si on ne peut plus lui payer les salaires.»

Les reproches d'Ouyahia à Sellal

Le directeur de cabinet de la présidence de la République et SG du RND a beaucoup insisté sur l'ouverture d'un débat économique et social entre les parties agissantes sur la scène nationale. «Un débat pour s'éclairer, échanger des idées et aussi permettre, à l'opinion publique, de comprendre un peu plus.» Il pense que «si on ne se réunit pas, si on n'ouvre pas un débat économique et social, 2024 ou 2025, on retournera au FMI, ça va être la tronçonneuse, il exigera de nous la dévaluation du dinar, la hausse des taux d'intérêt et l'ouverture du commerce, il va nous enfoncer le plus possible.» Il rappelle le programme d'ajustement structurel imposé à l'Algérie dans les années 90 par le FMI. «Une partie a été gérée par Mokdad Sifi, qui était un dirigeant du parti, et une autre par votre humble serviteur?. ça n'a pas été facile.» Il précisera alors que «le gouvernement ne peut pas être démagogue, il peut ne pas être assez courageux par crainte de dérapages?» Mais affirme-t-il «la Caisse des retraites est toujours en danger.» Il estime que «les choses amères sont faites par nécessité et non par plaisir, la démagogie et le populisme freinent le bateau Algérie.» Les propos d'Ahmed Ouyahia sont clairs et ne souffrent d'aucune ambiguïté à l'égard du gouvernement Sellal qu'il accuse, implicitement, d'avoir manqué de courage. «Je sens qu'il y a des blocages psychologiques, (?), les réformes ce n'est pas augmenter la TVA de 1%, les réformes c'est profond, certaines réformes peuvent être choquantes».