Le
président français, Emmanuel Macron, effectuera dans
les prochaines semaines, très probablement après le ramadhan et avant les fêtes
du 14 Juillet, une visite officielle en Algérie. C'est ce qu'a annoncé jeudi
l'Élysée et confirmé hier par la présidence algérienne. Dans un communiqué
rendu public jeudi, l'Élysée a précisé qu'Emmanuel Macron
s'est entretenu par téléphone le jour même avec le président Abdelaziz
Bouteflika. Il lui a ainsi annoncé sa prochaine visite en Algérie au cours d'un
entretien où les questions d'actualité régionale et la lutte antiterroriste ont
été discutées. Dans cet échange téléphonique, le président français, ajoute
l'Élysée, avait rappelé «son attachement et sa volonté de construire un rapport
d'amitié et de confiance avec l'Algérie, partenaire stratégique pour la
France». L'Élysée a en outre expliqué que les deux présidents ont fait le point
sur le dossier libyen et le dossier sahélo-saharien, et ont insisté sur
l'importance de la relation bilatérale entre les deux pays en matière de
coopération dans la lutte contre le terrorisme. Hier vendredi, la présidence
algérienne a indiqué de son côté que les deux chefs d'Etat ont souligné lors de
leur entretien de jeudi « leur détermination commune pour conjuguer leurs
efforts en vue d'extirper le terrorisme de la région du Sahel ». Les entretiens
téléphoniques entre les deux chefs d'Etat ont par ailleurs abordé le volet
économique des relations bilatérales. La présidence française explique ainsi
que les deux chefs d'Etat avaient discuté des ?'défis économiques et sociaux,
avec le besoin de mener des réformes pour retrouver les leviers d'une
croissance plus juste et plus équitable, et le rééquilibrage de nos balances
commerciales'', outre les ?'défis écologiques'' pour faire face au dérèglement
climatique et ?'conduire ensemble une transition énergétique indispensable au
XXIe siècle».
Pour
autant, l'annonce de la visite ?'dans les prochaines semaines'' de Macron à Alger rompt avec la tradition qui voudrait que
tous les présidents français, depuis le second mandat de Jacques Chirac, nouvellement
élus consacrent leur première sortie au Maghreb et en Afrique à l'Algérie. Cela
a été le cas pour Chirac en 2003, puis Sarkozy en 2007 et durant l'alternance
avec François Hollande en 2012, qui, lui, a consacré sa toute première visite
d'Etat à l'Algérie. Avec à la clé un contrat avec Renault, et la mise en place
et la réaffirmation d'un partenariat stratégique, alors construit par
l'ex-ministre de l'Industrie Benmeradi et
l'ex-Premier ministre français J.-P. Raffarin. Or, Macron
sort de cette logique en consacrant pour la première fois dans la tradition
bien établie à l'Élysée, sa première visite régionale au Maroc, prévue les 14
et 15 juin prochains. Le nouveau locataire de l'Élysée voit-il les choses
différemment ? L'annonce de ?'la visite dans les prochaines semaines'' de Macron à Alger a-t-elle été faite pour faire patienter et
ne pas faire grincer des dents les Algériens? D'autant que l'appel téléphonique
de Macron à Bouteflika est plus diplomatique qu'à
effet concret, puisque, à tout le moins, Paris sait qu'à Alger, on n'apprécie
guère certains travers de la politique française dans la région. La
non-détermination de la date de cette visite en Algérie du président Macron indique que son agenda immédiat ne porte que sur le
Maroc. Un autre ?'couac'' à posteriori de la diplomatie algérienne sous l'ère
de Ramtane Lamamra, qui
avait qualifié Macron de ?'l'ami de l'Algérie''?