Alors
qu'Alger a décidé, début juin, d'accueillir «à titre humanitaire» un groupe de
réfugiés syriens bloqués, depuis le 17 avril dernier, à Figuig au Maroc, cette
opération a tourné court après que Rabat eut refusé de remettre les migrants.
La délégation algérienne venue accueillir les réfugiés arrivée au point
frontalier, elle a été surprise par le refus des autorités marocaines de
remettre les familles de réfugiés. Selon un communiqué du ministère des
Affaires étrangères (MAE), Alger a levé «provisoirement» le dispositif mis en
place pour l'accueil et la prise en charge du groupe de ressortissants syriens
en question. Selon Abdelaziz Benali Cherif, le porte-parole du MAE, «le
gouvernement algérien a dépêché sur place, à Béni Ounif, une délégation officielle chargée de l'accueil, à
laquelle s'est joint le représentant du HCR en Algérie, Hamdi
Boukhari». Alger regrette qu'en dépit de toutes les
dispositions prises, le HCR n'ait pas été en mesure d'aboutir à une solution.
Le communiqué rappelle qu'«un dispositif spécial a été mis en place et les
moyens humains et matériels adéquats ont été mobilisés pour assurer
l'hébergement, dans des conditions décentes, et prodiguer les soins
nécessaires, conformément aux traditions d'hospitalité du peuple algérien, au
groupe en question». Saïda Benhabyles, présidente du
CRA, avait déclaré qu'«à Béchar, nous avons préparé toutes les conditions
d'accueil favorables. Nous avons mobilisé les médecins et les bénévoles». Elle
a rappelé le caractère récidiviste des Marocains dans ce genre de question. «Ce
n'est pas la première fois, c'est la quatrième. Auparavant, il y avait des
Subsahariens et même des Syriens», dira-t-elle.
Ce
dossier des réfugiés syriens refoulés du Maroc, dans un premier temps, vers un noman's land frontalier, a pris de telles proportions qu'il
a été au centre d'une brouille diplomatique entre les deux pays et
l'intervention d'ONG internationales dont Human Rights Watch (HRW). Cette dernière s'était interrogée sur
le destin de deux groupes de demandeurs d'asile syriens bloqués au niveau des
frontières algéro-marocaines, près de la ville
marocaine de Figuig. L'ONG américaine avait évoqué des enfants «piégés là-bas
depuis le 18 avril 2017», dans des conditions difficiles. HRW a précisé, se
basant sur les informations du HCR au Maroc, que les deux groupes totalisent 55
personnes, dont 20 femmes et 22 enfants. Deux des femmes étant dans un état de
grossesse avancé. Une femme a même accouché dans la zone frontalière le 23
avril, indique l'ONG qui s'était demandé si elle a bénéficié d'une quelconque
assistance médicale. HRW avait appelé les autorités des deux pays à assumer
leurs responsabilités et accorder des demandes de protection, en fonction de la
préférence des demandeurs d'asile syriens et veiller à ce qu'ils aient accès
aux services nécessaires, en particulier pour les femmes enceintes et
allaitantes. «Des hommes, des femmes et des enfants sont piégés dans une zone
désertique près de la frontière commune, incapables de demander l'asile», avait
résumé la situation, Sarah Leah Whitson, la
directrice exécutive de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW.