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Course contre la montre pour l'achat des vêtements de l'Aid: Les boutiques virtuelles, les magasins chics, le made in China et la friperie?

par J. Boukraâ

L'achat des vêtements est une nécessité. Porter des nouveaux habits, c'est le charme de l'Aïd, surtout pour les enfants qui attendent avec impatience, ce jour. Depuis quelques jours le repas du ?ftour' à peine digéré de nombreuses familles partent à la recherche de vêtements qui puissent procurer de la joie à leurs enfants. Certains font le pied de grue devant les magasins avant même l'ouverture de ces derniers; a-t-on constaté, lors d'une virée, vendredi soir, dans la majorité des rues, Khemisti, Larbi Ben Mhidi, Choupot, Akid Lotfi.

Les parents accompagnés de leurs enfants, profitent pleinement des soirées ramadhanesques pour faire leurs dernières emplettes. Le rapport qualité-prix demeure le casse-tête chinois des parents qui font le tour des magasins. Toutefois, la majorité est unanime que les prix ont connu une hausse vertigineuse, comparativement, à l'année précédente et même aux mois précédents. D'autres parents ont, carrément, changé de destination. Ainsi et depuis quelques jours, une certaine baisse de fréquence a été observée chez les magasins d'habillements surtout pour enfants, et ce, à la suite de la généralisation de cette nouvelle tendance qui est la vente sur Internet. Les parents se sont, massivement, tournés vers ces boutiques virtuelles. Ces derniers offrent des prix défiant toute concurrence, car échappant à toute forme de fiscalité et n'ayant, pratiquement, aucune charge salariale ou locative. En outre, elles ont l'avantage d être ouvertes H24 et 7/7 et évitent aux acheteurs les cohues et les longues files d'attente aux caisses. Gérées par une nouvelle race de traders, les prix sont constamment, en solde et négociables à souhaits. Les livraisons se font le plus souvent à des endroits publics et accessibles à tous et surtout pourvus d'une grande sécurité, généralement, soit à des carrefours, places publiques ou aires de repos et de loisirs tels que le jardin citadin. Les Oranaises et les Oranais se sont lancés dans les ventes privées. Artisans, jeunes créateurs, mères aux foyers qui tentent d'augmenter leur revenu, trouvent, facilement, grâce à Facebook, un lieu où exposer et vendre leurs produits. Une manière de contourner les démarches très fastidieuses de création d'entreprise. «Hanout les Oranais», «achat-vente Oran, pour femmes», «achat-vente Oran, Oued kinss», sont tous de sites parmi d'autres qui proposent des vêtements et autres accessoires. Si, pour l'instant, les sites officiels de vente, à l'instar de Ouedkniss, ne sont pas nombreux, les pages créées sur le réseau social Facebook poussent comme des champignons suivant le rythme du nombre d'internautes qui augmente chaque jour. Ainsi faire du shopping sans déplacement et à un simple clic est, désormais, possible. Des centaines de pages sur Facebook proposent toutes sortes d'articles. « Oui, sur le net. Pas besoin de sortir de chez-soi. Un micro-ordinateur ou un simple smartphone suffit pour commander mon article. Je trouve des produits moins chers que dans une boutique classique. Mais il faut être abonné à ces pages pour dénicher des vêtements d'une excellente qualité à un prix très bas. On y trouve de tout pour tous et pour toutes les bourses», dira Asama, jeune fille, la vingtaine, qui a fait plusieurs affaires sur Facebook.

Le «made in China» et la friperie pour les petite bourses

Du côté des magasins classiques, la fièvre des prix a touché les vêtements. Malgré leurs petites tailles, les vêtements d'enfants affichaient des prix exorbitants. Cette année, les commerçants ne semblent pas vouloir déroger à cette règle qui est décidément ancrée, à jamais, dans la société. Exposés dans les vitrines, les tenues vestimentaires proposées sont cependant, chères de l?avis des pères de familles. Dans la majorité des boutiques du centre-ville les prix affichés dépassent les 4.000 DA pour une robe et peuvent atteindre facilement les 12.000 DA. Les shorts sont proposés à 1.500 voire 3.000 DA, les tee-shirts, entre 1.200 et 3.000 DA. Les pantalons en jeans entre 1.500 et 4.000 DA. Les chaussures dites de marque sont proposées, à un prix fixé entre 2.200 et 4.500 DA, selon l'origine et la qualité. La plupart de la marchandise provient de Chine, de Turquie, d'Espagne, d'Italie et de France. Si les plus «aisés» préfèrent les boutiques des quartiers chics à Akid Lotfi, centre-ville et Choupot, qui proposent des vêtements à des prix dépassant tout entendement, d'autres préfèrent les marchés des quartiers traditionnellement connus. C'est le cas de Mdina Jdida, où règne une ambiance inhabituelle. Ici on peut trouver des vêtements de moindre qualité (importés de Chine) et à des prix raisonnables. Le marché de Mdina Jdida, enregistre également un rush impressionnant des ménages en quête de produits bon marché. Dans ce marché des vendeurs à la sauvette proposent, souvent, des articles aussi bien bon marché que de moindre qualité. Des occasions inespérées pour les petites bourses afin de faire plaisir à leur progéniture, à l'arrivée de l'Aïd El Fitr. Des jeans à 1.000 DA, des robes entre 1.500 et 3.000 DA, chemise entre 600 et 1000 DA, chaussures entre 500 et 1.500 DA, le marché de Mdina Jdida est une aubaine pour les petites bourses. Beaucoup de familles éprouvent, souvent, des difficultés à gérer leur faible budget, déjà plombé par les dépenses durant le mois du Ramadhan, sachant qu'elles doivent faire face aux dépenses de l'Aïd. Devant cet état de fait d'autres parents qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts, se ruent actuellement vers la friperie «de luxe», en vue de satisfaire les demandes de leurs enfants. La ruée vers les boutiques de friperie, est devenue, ces dernières années, une destination privilégiée des ménages. «C'est la misère qui pousse à la fripe» souligne un vendeur. La friperie reste la source d'approvisionnement des milliers de familles, à Oran, en vêtements: usagés. En cette période, les étals de la friperie sont pris d'assaut par les chefs de familles en quête d'une bonne occasion. Au marché de Mdina Jdida ainsi que dans le quartier El Hamri, les magasins de friperie sont légion. Les petites bourses optent pour cette solution pour vêtir leur famille, quelquefois nombreuse. Ils attendent les nouveaux arrivages pour avoir le choix et font, parfois, de bonnes affaires. «La friperie, pour nous les pauvres, est notre seul moyen d'acheter des vêtements à des prix abordables», affirme un père de famille. « Ces deux dernières années même les prix de la fripe ont augmenté. mais ils restent très abordables», rétorque une mère de 5 enfants.