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Soutien à Rachid Boudjedra: Protestation devant le siège de l'ARAV

par M. Aziza

Nombre d'intellectuels, hommes de l'art, des personnalités politiques ainsi que des journalistes ont observé un sit-in, hier, devant le siège de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (ARAV). Ils se sont rassemblés pour dénoncer les dépassements et le dérapage de la chaîne de télévision Ennahar.

Si l'écrivain Rachid Boudjedra, victime d'humiliation par cette chaîne privée, a été accueilli par les applaudissements des protestataires, l'arrivée surprise de Saïd Bouteflika a suscité l'étonnement et des interrogations des uns et des autres. L'énigmatique apparition du frère et conseiller du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lors de ce rassemblement, a suscité un sentiment d'incompréhension. Certains n'ont pas cru leurs yeux. Serein, Saïd Bouteflika s'est approché de Rachid Boudjedra pour lui exprimer son soutien et sa solidarité. Boudjedra lui souffle «il faut bouger, je ne suis pas le seul à avoir dénoncé ces pratiques déshonorables, on est là pour parler au nom de toutes les personnes qui ont été humiliées par cette chaîne de télévision» avant de le remercier d'être venu.

Si Rachid Boudjedra a remercié le soutien de Saïd Bouteflika au mouvement, d'autres se sont soulevés pour crier haut et fort en répétant «pas de récupération du mouvement» et en criant «ici c'est les enfants du peuple, vous n'êtes pas l'enfant du peuple». Au moment, où Saïd Bouteflika quittait les lieux du rassemblement, en allant vers sa voiture, des voix sont montées un peu plus fort pour crier «vous n'êtes pas le fils du peule».

Interrogé, le journaliste et écrivain, Hmida El Ayachi, sur la visite surprise de Saïd Bouteflika, il dira après les actes, on aura sûrement une lecture sur son soutien et sa présence au rassemblement. Sofiane Djilali, du parti Jil Jadid, a estimé qu'il est de son droit de participer s'il veut être citoyen «mais pour le moment, il n'est pas considéré comme citoyen», ferme-t-il la parenthèse sans vouloir commenter sa présence.

Sofiane Djilali a préféré parler de ces médias qui, selon ses propos, «sont des instruments du pouvoir qui font dans la démagogie pour des objectifs qui peuvent être financiers ou d'audience». Et d'affirmer que ces médias sont capables d'humilier et d'agresser le citoyen algérien pour défendre leurs intérêts.

Pour le chef du parti Jil Jadid, «c'est la goutte qui a fait déborder le vase car les Algériens, dit-il, sont fatigués par ce genre de pratiques et ces dérapages de mauvais goût». Il affirme: «aujourd'hui, le citoyen algérien doit être reconnu dans tous ses droits et il doit être accepté comme citoyen et qu'il ne soit pas humilié à tout bout de champ».

Hmida El Ayachi affirme que cette chaîne doit se soumettre à la réglementation et la loi au même titre que les autres chaînes de télévision et toute la presse. Et d'affirmer qu'on est tous là pour défendre la dignité du citoyen algérien. «On est contre cette agressivité et ce terrorisme médiatique».

Pour lui, le message est passé, le ministre de la Communication, celui de la Justice et de l'Intérieur doivent agir en principe pour préserver la dignité du citoyen algérien. Il a affirmé en outre que ce mouvement, qui est né spontanément et qui n'a aucune casquette politique, a pu rassembler 1.000 signatures aujourd'hui, pour dénoncer ce genre de pratiques. Il précise qu'aujourd'hui la balle est entre les mains de l'ARAV, la justice et la communication.

Zouaoui Benhamadi, président de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel, a reçu quelques représentants des protestataires et la presse. Il a exprimé sa solidarité avec le mouvement. Et d'affirmer que ce rassemblement a donné à l'ARAV la matière pour intervenir. Une réunion avec ses cadres s'est tenue après sa rencontre avec les protestataires.

Dépôt de plainte contre Ennahar par Boudjedra

L'écrivain Rachid Boudjedra a affirmé qu'il déposera aujourd'hui (dimanche) une plainte contre la chaîne de télévision Ennahar, avec le soutien de l'Office national des droits d'auteur et des droits voisins (l'ONDA). Il a également souligné qu'ils vont engager un collectif d'avocats pour l'étude de ce dossier, en s'insurgeant contre la chaîne qui a utilisé des méthodes terroristes qui n'ont rien à voir avec les principes de la caméra cachée dont il était victime.

Pour Rachid Boudjedra, il s'agissait d'un enlèvement. «Ils ont enlevé ma femme, puis ils ont tenté de me frapper à la sortie d'un restaurant. Ils m'ont embarqué dans une voiture en m'emmenant vers l'endroit où ils ont filmé la scène». Et de poursuivre: «j'ai pensé à un moment donné que j'étais séquestré par un groupe terroriste et qu'ils allaient me tuer».

Il reconnaît «sincèrement, j'avais peur pour ma personne et pour ma femme qu'ils ont enlevée sans m'informer où ils ont pu l'emmener». Et d'ajouter: «c'était un cauchemar qui a duré deux heures».

Rachid Boudjedra affirme qu'il n'a pas donné une autorisation pour la diffusion de cette caméra cachée, contrairement, dit-il, aux déclarations du directeur de la chaîne, Anis Rahmani, qui avait affirmé que cette émission a été faite avec son accord.

Il conclut: «j'ai donné mon accord pour participer à un débat culturel, sur le roman et Rachid Boudjedra et non pas pour que je sois agressé par un groupe ayant des fausses armes et fausses cartes d'institutions». Il dira: «dans ce cas, le ministère de l'Intérieur et de la Justice doivent s'autosaisir sans attendre la plainte».