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FMI - Algérie: «Défis importants», «réserves confortables» et «réformes structurelles nécessaires»

par R. N.

  «L'Algérie reste confrontée à des défis importants posés par la baisse des cours pétroliers. L'activité économique a été globalement résiliente, mais la croissance s'est ralentie dans le secteur hors hydrocarbures, en partie, sous l'effet de la réduction des dépenses», indique le rapport du Fonds monétaire international (FMI) publié le 1er juin, après la conclusion des consultations de son Conseil d'administration sur l'Algérie, le 26 mai dernier.

Selon le document, la croissance économique de l'Algérie hors hydrocarbures «est estimée à 2,9 % pour 2016». «Le taux d'inflation est passé de 4,8 %, en 2015, à 6,4 %, en 2016, et se chiffrait à 7,7 %, en glissement annuel, en février 2017» note le FMI.

A propos du chômage, dont le taux annoncé est de «10,5 % en septembre 2016», le FMI estime qu'il «reste particulièrement élevé chez les jeunes (26,7 %) et les femmes (20,0 %)».

Pour le FMI, «malgré un certain redressement des finances publiques, en 2016, les déficits budgétaire et courant restent larges et la dette publique a augmenté, en partie sous l'effet de la matérialisation des garanties de prêts octroyées par le gouvernement». Seuls avantages notés, des réserves de change «encore abondantes» malgré une chute «rapide» et un endettement extérieur encore «très faible».

Recourir à des «possibilités de financement»

Les administrateurs du Fonds, par ailleurs, «saluent les efforts que les autorités déploient pour s'adapter au choc pétrolier» et leur «détermination à poursuivre un assainissement soutenu des finances publiques», mais soulignent l'importance de «mettre en œuvre un dosage équilibré des mesures de politique économique, ainsi que des réformes structurelles ambitieuses, pour assurer la viabilité des finances publiques, réduire les déséquilibres extérieurs, diminuer la dépendance, à l'égard des hydrocarbures et rehausser la croissance potentielle».

Le FMI soutien les mesures prises pour «réduire le déficit budgétaire», «à savoir accroître les recettes hors hydrocarbures, maîtriser les dépenses courantes, poursuivre la réforme des subventions, tout en protégeant les plus démunis, ainsi qu'accroître l'efficience de l'investissement public et en réduire le coût», précise, encore, le document.

Le Fonds recommande de «recourir à un éventail plus large de possibilités de financement» par le biais d'un «recours prudent à l'endettement extérieur», mais également la «cession d'actifs publics» (privatisation, ndlr), et «donner plus de flexibilité du taux de change». A ce propos, les administrateurs du FMI «préconisent la mise en œuvre de mesures pour développer le marché des changes officiel et réduire l'activité sur le marché parallèle». Ces mesures «pourraient», selon la même source, «fournir une marge de manœuvre budgétaire pour opérer un ajustement plus progressif et plus propice à la croissance que celui prévu actuellement, et diminuer, ainsi, son impact sur l'activité économique».

Des «réformes structurelles de grande envergure»

Le FMI estime que pour «diversifier l'économie et promouvoir un secteur privé dynamique», l'Algérie doit «opérer des réformes structurelles, de grande envergure». Il salue les «mesures prises pour améliorer le climat des affaires, ainsi que les travaux en cours sur une stratégie à long terme qui permettrait de refondre le modèle de croissance du pays», mais souligne «qu'il est nécessaire d'agir, rapidement, pour réduire la bureaucratie, améliorer l'accès au crédit, ainsi que renforcer la gouvernance et la transparence».

L'introduction par la Banque d'Algérie des «opérations d'open market pour gérer la liquidité» a été saluée par le FMI qui recommande que «la Banque centrale élimine, sans tarder, les opérations de réescompte afin d'encourager les banques à gérer leurs liquidités, de manière plus efficace», et encourage les autorités à relever le «taux directeur» pour juguler les «tensions inflationnistes».

Pour le FMI, le secteur bancaire algérien est «dans son ensemble», «bien capitalisé et rentable», mais recommande «d'accélérer le passage à un dispositif de contrôle basé sur le risque, à accroître le rôle de la politique macro-prudentielle, à renforcer la gouvernance des banques et à mettre en place un dispositif de résolution des crises».

Le Fonds note, aussi, la nécessité pour l'Algérie de «réduire l'inadéquation des qualifications, d'améliorer le fonctionnement du marché du travail, d'accroître le taux d'activité des femmes et de continuer d'ouvrir l'économie aux échanges et à l'investissement direct étranger».