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Réfugiés syriens bloqués à la frontière: Alger ouvre ses portes «à titre humanitaire»

par Moncef Wafi

  Alger a décidé «à titre humanitaire» de mettre un terme au calvaire vécu par un groupe de réfugiés syriens bloqués, depuis le 17 avril dernier, à Figuieg, au Maroc.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif, a indiqué, dans une déclaration, à l'APS, qu'Alger a informé le représentant du Haut-Commissariat des Nations unies, pour les Réfugiés (HCR), Hamdi Boukhari, de sa décision d'accueillir, sur son territoire, le groupe de ressortissants syriens, dont une femme enceinte et des enfants, bloqué, en territoire marocain. Pour le porte-parole de la diplomatie algérienne, «ce geste humanitaire exceptionnel» tient compte «de la situation particulièrement difficile» de ces migrants et souligne la volonté d'Alger d'y mettre un terme en les accueillant, sur son territoire, leur assurant l'hébergement et les soins nécessaires, «et de leur permettre, si tel est leur souhait, de rejoindre d'autres membres de leurs familles, dans le cadre d'un regroupement familial dans d'autres pays». La même source révélera que le «devoir de solidarité» a conduit l'Algérie à accueillir, sur son sol, depuis le début de la crise syrienne, plus de 40.000 ressortissants syriens «qui ont bénéficié d'un dispositif leur permettant de jouir de facilités, en matière de séjour, de libre circulation, de scolarisation, d'accès aux soins médicaux, au logement et à l'exercice d'activités commerciales».

Rappelons que ce dossier des réfugiés syriens refoulés du Maroc, dans un premier temps, vers un no man's land frontalier, a pris de telles proportions qu'il a été au centre d'une brouille diplomatique, entre les deux pays et l'intervention d'ONG internationales, dont Human Rights Watch (HRW). Cette dernière s'était interrogée sur le destin de deux groupes de demandeurs d'asile syriens bloqués aux frontières algéro-marocaines, près de la ville marocaine de Figuig. L'ONG américaine avait évoqué des enfants «piégés là-bas, depuis le 18 avril 2017», dans des conditions difficiles. HRW a précisé, se basant sur les informations du HCR au Maroc, que les deux groupes totalisent 55 personnes, dont 20 femmes et 22 enfants. Deux des femmes étant dans un état de grossesse avancé. Une femme a même accouché dans la zone frontalière, le 23 avril, indique l'ONG qui s'était demandé si elle a bénéficié d'une quelconque assistance médicale. HRW avait appelé les autorités des deux pays, à assumer leurs responsabilités et accorder des demandes de protection en fonction de la préférence des demandeurs d'asile syriens et veiller à ce qu'ils aient accès aux services nécessaires, en particulier pour les femmes enceintes et allaitantes.

L'ONG ajoute, également, que Rabat a indiqué qu'elle accorderait des visas d'entrée à seulement 9 des Syriens qui ont des parents vivant, légalement au Maroc. Les autorités marocaines ont accusé, publiquement, l'Algérie d'avoir expulsé les demandeurs d'asile, vers le Maroc et convoqué l'ambassadeur d'Algérie, à Rabat.

De son côté, Alger en a fait de même et le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, alors en poste, avait expliqué que cette démarche n'était qu'«une réponse à l'attitude de nos frères au Maroc». Le ministère des Affaires étrangères a révélé avoir convoqué, le 23 avril dernier, l'ambassadeur du Maroc, afin de lui signifier le rejet catégorique des «allégations mensongères» et lui démontrer le caractère «totalement infondé» de telles accusations.