L'écrivain
algérien Rachid Boudjedra, malmené mercredi dernier
dans une émission de divertissement (caméra cachée) d'Ennahar,
a annoncé avoir porté plainte contre cette chaîne de télévision.
Le
célèbre écrivain de La Répudiation ou de l'Escargot entêté, tout comme nombre
d'Algériens, a été la cible, lors de cette émission, de questions qui ont fini
par avoir raison de son calme, comme elles ont outré tous ceux qui ont vu la
vidéo ou suivi l'émission, et qui ont fustigé cette chaine TV pour avoir
?'humilié'' l'écrivain. Et, depuis mercredi, une vive polémique est entretenue
sur les réseaux sociaux, avec des appels à une réaction officielle de
l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (ARAV), et des ministères de la
Communication et de la Culture. Boudjedra, invité au
programme (de caméra cachée) Rana Hkamnak
VIP 2, réalisé par deux journalistes d'Ennahar, a vite
fait de découvrir les objectifs ?'cachés'' de l'émission, s'il est athée ou
croyant. Au début de l'émission, il était calme et prêt à répondre à toutes les
questions, même celles sur sa ?'religiosité''. Mais, l'émission déborde quand
un faux agent de sécurité entre sur le plateau et lui demande ses papiers
d'identité, ce qu'il fit sans broncher. Tout bascule lorsque le ?'supposé''
policier accuse Boudjedra d'être athée et un espion à
la solde de l'étranger. L'écrivain est hors de lui, bouscule tout devant lui et
sort précipitamment du plateau. La suite, c'est une noria de dénonciations de
tous ceux qui ont vu la vidéo (qui a été depuis supprimée) à travers les
réseaux sociaux. Face à l'indignation de téléspectateurs, d'intellectuels,
d'activistes de la société civile ou de simples citoyens, le directeur général
du groupe Ennahar, Anis Rahmani,
a via Twitter présenté des excuses à Boudjedra. ?' Je présente mes sincères excuses au romancier
Rachid Boudjedra et au public au nom d'Ennahar, pour les dépassements dont il a été victime dans
la caméra cachée qui n'a pas respecté les règles du travail'', écrit-il dans
son tweet. Dans un second tweet,
il précise qu'il s'agit d'une ?'regrettable atteinte à l'éthique du métier''. A
la suite de cette émission, l'écrivain algérien aurait déposé jeudi une plainte
contre la chaîne privée Ennahar, selon plusieurs
médias. D'autant qu'il a estimé avoir été ?'trahi'' par les responsables de la
chaîne, qui lui avaient pourtant promis de ne pas diffuser la vidéo. Les
réactions à cette mésaventure de Rachid Boudjedra ont
été nombreuses, dont une pétition demandant l'ouverture d''''une enquête sur
cette affaire et l'interdiction de ce genre d'émissions exécrables'', qui
exposent les citoyens à des vexations insupportables, par une cinquantaine
d'intellectuels. Sur les réseaux sociaux, il y a ce ?'post'', qui résume la
colère des internautes: ?'violenté, malmené, poussé à bout, forcé de clamer
qu'il est musulman (nous ne sommes pas loin des mises en scènes de Daesh) et de se justifier comme un enfant, l'un des plus
illustres auteurs algériens vivants a subi humiliations et railleries de la
part « d'animateurs » qui n'ont eu aucun respect pour lui et n'ont certainement
jamais lu une ligne de sa littérature.'' L'auteur de ?'Les figuiers de
Barbarie'' a nourri ainsi une impressionnante vague de sympathie sur les
réseaux sociaux. Aucune réaction n'a été pour le moment enregistrée tant au
niveau de l'ARAV que des ministères de la Communication ou de la Culture.