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COMMUNICATION POLITIQUE : NOUVELLES DU FRONT !

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Le différend opposant les imprimeries étatiques (Sia-Alger, Sio-Oran et Sie -Constantine) ainsi que Simpral (Alger) à un quotidien de langue arabe «relève en vérité (contrairement aux informations publiées par ce journal, dans son édition du 4 mai), de créances que ce journal n'a pas payées et qui s'élèvent à plus de 57 milliards de centimes (exactement 574.490.985,81 DA)», révèle Abdelkader Metchat, premier responsable de ces imprimeries.

Une ardoise équivalente à une année d'activité. Un échéancier a, certes, été établi mais il n'a pas, dit-on, été respecté par la SARL du quotidien en question. 29 chèques ont ainsi été rejetés. Une situation qui a engendré un déséquilibre structurel et chronique, menaçant la viabilité de ces imprimeries, à l'instar de SIMPRAL (ancienne imprimerie d'El Moudjahid, rue de la Liberté, Alger) qui se retrouve, actuellement, en difficultés. Etc... etc...

En réalité, le problème ne date pas d'aujourd'hui et ne concerrne pas le seul titre suscité. Pas d'aujourd'hui, car les différents «pouvoirs» qui se sont succédé ont, toujours, pour des raisons assez politiciennes, «fermé les yeux» sur les dettes d'impression des journaux publics et privés ?parallèlement aux faveurs publicitaires (au début des années 90, les faveurs touchaient à la diffusion) -, allant bien souvent jusqu'à faire presssion ?discrètement, cela s'entend- sur les imprimeries publiques afin qu'elles «tirent» les canards, même les plus boîteux.

La crise financière actuelle et le retrécissement du marché publicitaire ainsi d'ailleurs qu'une stagnation du marché des consommateurs, viennent donc de «réveiller» les gestionnaires des unités d'impression....Un réveil brutal pourtant annoncé depuis bien longtemps? et que les gestionnaires institutionnels du secteur auraient dû prévenir !

- La presse en Algérie est l'une des «plus libres» dans sa sphère géographique, a affirmé lundi 8 mai 2017, à Genève, le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, relevant qu'elle reflète les opinions, les courants de pensée et la réalité sociologique en Algérie.

Dans sa déclaration introductive, à la 27ème session du Mécanisme d'examen par les pairs du Conseil des droits de l'Homme, le ministre d'Etat a indiqué que le paysage médiatique algérien s'est «grandement enrichi» ces dernières années, pour compter nombre de canaux de télévision et de titres qui garantissent la liberté d'expression, sous la supervision d'une autorité indépendante.

«La presse en Algérie est, de l'avis unanime des observateurs, l'une des plus libres dans sa sphère géographique. Avec 142 quotidiens, 43 hebdomadaires et 90 autres périodiques mensuels, elle reflète , à la fois, les opinions, les courants de pensée et la réalité sociologique en Algérie», a-t-il soutenu, soulignant que le secteur de la presse a longtemps bénéficié du soutien de l'Etat.

Ce secteur qui a, longtemps, bénéficié du soutien de l'Etat en matière de prestation et d'allègement de charges «est aujourd'hui dans un espace concurrentiel où seul le lecteur est juge et, par conséquent, détermine la viabilité économique des titres de presse», a-t-il expliqué, affirmant qu' «il n'existe pas de censure, ni de monopole sur l'impression, puisque des collectifs de journaux se sont organisés pour acquérir les équipements nécessaires et procéder, pour leur propre compte et pour d'autres titres, à l'impression de journaux».

- Par ailleurs, il a indiqué que les atteintes à la vie privée, à la considération des citoyens et la diffamation constituent, comme, partout ailleurs, la quasi-majorité des poursuites qui ont été intentées, par des citoyens, précisant que le juge est tenu par la loi de recevoir la requête, de l'instruire et de lui donner les suites appropriées dans le respect le plus strict du droit de la défense.

«Il n'existe pas de délit d'opinion en Algérie, ni de peine privative de liberté pour les professionnels de l'information», a-t-il ajouté.

On est tous bien d'accord avec ce discours assez diplomatique. Mais, la question centrale reste toujours ouverte : Bien que la presse soit libre, le journaliste algérien l'est-il vraiment et totalement ? That is the question !? Une question centrale qui reste ouverte depuis bien longtemps, le dindon de la farce n'étant ni l'entrepreneur de presse (qui a bien changé d'origine et de fortune), ni l'Etat qui a toujours des moyens de rechange pour mener à bien ses politiques, ni le public que la pluralité et la diversité arrangent, mais bel et bien le «manœuvre»... le journaliste payé au mois ou à l'article ou à l'émission... La faute ni à Rousseau, ni à Voltaire, ni à Arkoun ni à Bennabi, ni à Fawzi, ni à Chawki, ni à Grine (encore que...), mais au journaliste lui-même toujours inorganisé, faisant (après l'avoir bien préparé... involontairement) le lit de «patrons» mal intentionnés et/ou d'institutionnels qui, dans la manipulation, savaient y faire.

- La «République En Marche», parti du nouveau président français Emmanuel Macron, a investi pour les prochaines élections législatives françaises la candidate Leïla Aïchi, sénatrice d'origine algérienne, pour la 9e circonscription des Français de l'étranger (Afrique du Nord et de l'Ouest).

Cette investiture a provoqué un tollé au Maroc. Pourquoi ? Leïla Aïchi s'était distinguée sur la question du Sahara occidental avec des positions jugées favorables au Front Polisario.

En 2013, Leïla Aïchi avait lancé «un colloque sur le Sahara occidental» à Paris, parrainé par le Sénat français, durant lequel elle avait publiquement dénoncé «l'alignement systématique de la France sur la politique marocaine du Sahara, et ce malgré les graves violations des droits de l'Homme constatées par les ONG humanitaires». Elle s'était également «alarmée de l'indifférence internationale quant au sort réservé au peuple saharaoui», affirmant que «le Sahara occidental et ses habitants subissent l'occupation marocaine depuis près de quarante ans».

«Aujourd'hui, les Saharaouis sont privés du droit d'administrer leur propre terre. Prenons garde que, par désespoir, l'extrémisme ne l'emporte si aucune solution légitime n'est trouvée, et que le Sahara ne se transforme en un nouveau nord Mali», indiquait par ailleurs Leïla Aïchi en janvier 2013.

«Nous [?] sommes profondément choqués d'apprendre l'investiture de Madame Leila Aichi, sénatrice de Paris, sur la 9e circonscription des Français de l'étranger. Madame Aichi n'a eu de cesse d'entretenir des relations de connivence avec l'insignifiant groupe Polisario en vue de déstabiliser la relation séculaire qui unit la France et le Royaume du Maroc», a déclaré, dans un communiqué cité par LeDesk, le Cercle Eugène Delacroix, qui rassemble les élus français d'origine marocaine, en réaction à l'investiture de Leïla Aïchi, qualifiant son investiture de «faute morale».

L'antenne marocaine de la «République en Marche !» aurait également décidé de se désengager en se mettant «en stand-by», rapporte le HuffPost Maroc. «Nous ne ferons pas campagne pour le candidat de la 9e circonscription aux législatives», aurait confié l'un des membres à la même source, ajoutant que «les relations franco-marocaines se placent au-dessus de toute investiture».

Les médias marocains ont également réagi à l'annonce de l'investiture de Leïla Aïchi. «Leila Aïchi est un relais diplomatique d'Alger et un soutien au Front Polisario», affirme Le360. Pour LeDesk, la sénatrice française est une «girouette en politique» est «est surtout connue pour son appui inconditionnel aux frontistes de Tindouf».

Le camp de Leïla Aïchi a réagi à la polémique, et immédiatement réfuté l'étiquette «pro-Polisario» collée à la candidate, rapporte le site marocain Telquel. «Elle a été co-responsable il y a quelques années d'un colloque où il y avait quelques Saharaouis. Elle est sénatrice française, et elle a une ligne égale avec tous les pays. C'est aussi ça la démocratie. Elle est extrêmement critique sur la politique des pays voisins du Maroc au Maghreb ou en Afrique et n'a jamais eu un mot contre le Maroc, ni contre son peuple, ni contre son roi», a déclaré un collaborateur de Leïla Aïchi, cité par la même source. Résultat des courses, la ReM retire la candidature de Leila Aichi. Mais, l'ancienne écologiste qui, dès septembre 2016, a fait le choix de quitter le parti écologiste, EELV, pour rejoindre le Modem, «reste en campagne». «Elle a maintenu sa candidature en dépit du lynchage dont elle fait l'objet», car «elle porte un vrai projet à destination des Français résidant dans cette région», poursuit son entourage source. «Déterminée, elle ira à la rencontre des électeurs pour expliquer son projet».

- Morale de l'histoire : un chantage politico-diplomatique qui ne dit pas son nom... le Maroc représentant la plus grande partie des électeurs dans la 9e circonscription des Français de l'étranger, avec plus de 51.109 inscrits sur un total de 152 000, soit le tiers. Un chantage médiatico-politico-diplomatique qui remonte à 62, avec l' «invasion» du sud-ouest algérien, et peut-être même bien plus loin (sans remonter aux guerres incessantes entre Mérinides et Zianides. L'Emir Abdelkader, alors en guerre contre les forces d'occupation française, en sut quelque chose avec l'attitude inamicale du sultan marocain de l'époque à son égard), parfois frisant le ridicule et la «pièce de théâtre de bas étage» (Cf. les provocations ?une prétendue agression d'un diplomate marocain-, lors d'un séminaire des Nations unies à SaintVincent-et- les Grenadines, mi-mai).Tout cela, sans tomber dans le «complotisme», avec le soutien (visible ou non) des autres lobbies anti-algériens et ils sont nombreux : israéliens, pieds noirs racistes, droite revancharde, harkis rancuniers, journalistes et intellectuels désireux de passer de bonnes et belles vacances, gratuitement, sur les côtes marocaines, entreprises désireuses d' «exploiter» les ressources du Sahara occidental...Yves Bonnet, ancien Directeur de la Surveillance du territoire (Dst/France), qui vient de publier un ouvrage consacré, tout particulièrement, à la tragédie des moines de Tibhirine, a choisi un titre assez évocateur : «La Deuxième guerre d'Algérie». Pour lui, «le lobby anti-algérien en France n'est pas très puissant... mais il existe bel et bien !». Et, il commence à «faire des siennes» auprès de la ReM !

- Le nouveau président français E. Macron soigne sa com'. Aux manettes, sa (jeune) garde rapprochée qui l'avait grandement aidé lors de la campagne pour l'élection. La parole doit être rare, pas de «off»... et la sélection des journalistes devant couvrir les grands événements et surtout les déplacements du Président ; une entorse sans précédent aux relations entre l'exécutif et les médias : l'inverse de François Hollande qui, il est vrai, en avait trop fait. Une mise en œuvre par le nouveau chef de l'éxécutif, Edouard Philippe, connu il est vrai pour son engagement à droite (juppéiste), son comportement carré et son amour pour la boxe. Bref, on veut contrôler de bout en bout le processus d'où une «volonté d'organiser la communication» de l'exécutif vis-à-vis des médias afin de «ne pas nourrir un bavardage permanent». Raison avancée : «Dans la phase préparatoire d'un projet, personne n'a vocation à exposer sur la place publique des positions qui ne sont pas arbitrées». En même temps, une mise en garde à l'équipe gouvernementale.

Côté presse, c'est le tollé général et même Rsf s'est invitée à la partie protestataire.

Faut-il s'en étonner ? Seulement si l'on se base uniquement, sur l'engagement très ouvert, à l'endroit de la presse de l' équipe de communicants macronistes durant la campagne... les relations avec la presse étant placées sous le signe d'un long terme, avec un seul objectif? une bonne campagne électorale et la victoire finale de E. Macron. Aujourd'hui, l'on doit travailler surtout sur le très court terme d'autant que les élections législatives approchent à grand pas, ainsi qu'avec des objectifs multiples et divers. Toujours la même équipe («on ne change pas une équipe qui gagne»», dit-on), mais, obligatoirement une toute autre stratégie. Avec, certes, en cours de route, tout particulièrement au début, des dégâts, mais une cohérence qui devrait être payante... sauf s'il apparaît que les communicants d'hier, avec un président conquérant, ne pourront pas ou n'accepteront pas de «suivre» un chef bien «assis» et des conseillers plus prudents. Le pouvoir, ça use les «bonnes» intentions de départ et ça déforme ! On en a eu quelques exemples en Algérie avec des «chefs» (à tous les niveaux) qui, sitôt arrivés au pouvoir, soit «blindent» leur com' avec des équipes renforcées, soit se «lâchent» pensant pouvoir faire le travail seul, soit s'en désintéressent. Les cas ne manquent pas .Quatre cas de figure: l'un s'est entouré d'une cohorte de communicants qui l'ont «noyé» de conseils lui faisant oublier la réalité de la politique ; le second s'est cru spécialiste et n' a pas tardé à commettre des impairs irratrapables ; le troisième a quasi-totalement méprisé la com', les journalistes et les communicants, se retrouvant souvent bien seul face à ses adversaires...et à la presse ; et le quatrième a cultivé l'indifférence et une action au «coup par coup». Les trois premiers ont laissé dans l'imaginaire populaire une image bien dégradée ou excécrable. Trois échecs ! Seul le quatrième s'en est sorti, pas trop amoché.

- Un nouveau (et très jeune) ministre, celui du Tourisme et de l'Artisanat, n'aura duré que quelques heures à son poste. Il est démis de ses fonctions par celui-là même qui l'a désigné, ayant «découvert» qu'il traînait une quantité de «casseroles» . Bien sûr, on ne peut que louer la ferme et rapide décision du «Grand décideur» mais, avec le citoyen lambda, on ne peut que s'étonner de la facilité avec laquelle la scène politique (et administrative) fourmille, aujourd'hui, d'escrocs et de trafiquants, en tous genres, pouvant même arriver, rapidement et avec une facilité déconcertante, aux postes supérieurs des appareils de l'Etat. Tout ceci sans parler de la sphère économique, plus libre dans ses mouvements, où y pullulent mille et un charognards, à la fortune provenant de multiples trafics. A qui la faute ? A un système qui s'est, peu à peu, construit sur l'esbrouffe et la gueulante (ou la grosse gueule), l'argent vite et mal acquis, les relations inter-groupales ou inter-personnelles presque mafieuses (souvent avec l'extérieur),... sur une tolérance laxiste et, surtout, sur l'absence de prise en compte (c'est du moins l'impression qu'on retire des situations signalées par la presse et les réseaux sociaux, de plus en plus, vigilants) des résultats des enquêtes dites de «moralité» et d'habilitation, lorsqu'elles existent. Voilà donc des incidents de parcours (?!), de plus en plus nombreux et souvent graves (on se souvient d'une équipe de foot qui, après avoir perdu une finale de la Coupe d'Algérie, avait refusé de se soumettre aux règles protocolaires traditionnelles, ridiculisant un Premier ministre devant des milliers de spectateurs et des millions de téléspectateurs) qui, lentement mais sûrement, ont fini par décrédibiliser et à discréditer l'autorité de l'Etat, par vider la loi de sa force et par ridiculiser le concept de «démocratie participative».