Le
gaspillage devient un enjeu très important pour la sécurité alimentaire dans le
monde. L'analyse des chiffres sur l'importante quantité de nourriture que nous
gaspillons montre que c'est un problème qui concerne tout le monde. A Oran, le
gaspillage est devenu un fléau qui entrave notre économie et notre vie sociale.
Quelques exemples symboliques refléteront cette réalité. Le premier produit
visiblement gaspillé dans notre pays est le pain, produit pourtant déclaré sacré. En ces premiers jours du mois de Ramadhan, le même
scénario est au rendez-vous dans la plupart des foyers algériens. Les ménages
dépensent en nourriture dans ce mois bien plus que dans d'autres mois de
l'année et le gaspillage fait son effet. Tard le soir ou au petit matin, les
poubelles sont remplies de restes des plats et en particulier le pain. Du pain,
sous toutes ses formes (étoile, rond, baguette) et ses différents composants,
fait partie du décor des poubelles depuis le début du mois sacré dans tous les
quartiers de la ville d'Oran. Paradoxe, en ce mois d'abstinence, qu'il est
difficile pour un musulman de justifier. L'islam réprouve le gaspillage, a
fortiori au mois de Ramadhan, qui est un mois de spiritualité et de retour à
des valeurs. Le Coran compare les gaspilleurs aux diables. En effet, la
majorité des foyers à Oran cuisinent des quantités conséquentes de nourriture,
surestimant souvent les capacités de l'estomac du jeûneur. Le mode de
consommation frénétique et boulimique qui s'installe progressivement dans la
société. La consommation alimentaire excessive des ménages engendre un
phénomène nouveau, jamais connu par le passé : le gaspillage. Si durant toute
l'année, ce fléau connaît une tendance moyenne, il prend, en revanche, des
proportions alarmantes à l'approche et pendant le mois de Ramadhan. Et dans de
nombreux cas, ce surplus de nourriture finit malheureusement aux ordures. La
majorité des pères de famille font la queue, souvent longue, au niveau des
boulangeries, et le lendemain, toute cette peine est perdue et le pain est jeté
dans les poubelles. «Les ménages achètent toutes sortes de produits durant la
journée qu'ils jettent après en avoir mangé une partie. Tels
sont les Algériens, d'une part, ils se plaignent de la flambée des prix, et
d'autre part, ils jettent toutes sortes de produits de consommation», dira un
père de famille, et d'ajouter : « Les quantités de nourriture retrouvées dans
les détritus et les sacs poubelles qui s'entassent dans les rues après le f'tour seraient très importantes, c'est vraiment désolant,
surtout qu'il y a des gens qui galèrent pour offrir un bol de soupe à leurs
enfants alors que d'autres ne trouvent même pas un bout de pain». Durant
le mois de Ramadhan, le volume d'ordures augmente sensiblement et des piles de
déchets s'entassent dans nos villes. Des milliers de sacs poubelles contenant
des produits alimentaires sont souvent jetés pêle-mêle dans les rues, ruelles
et même dans les cages d'escalier offrant une image sinistre de nos cités et
quartiers. Ainsi, une partie de ce qu'achètent les Algériens durant la journée
de Ramadhan est jetée après le jeûne. Pour faire face aux collines d'ordures
qui se forment dans les quartiers d'Oran en quelques heures seulement, les
éboueurs redoublent leurs activités de jour comme de nuit et ont du mal à faire
face au volume impressionnant d'ordures ménagères jetées. Ainsi, dans le cadre
d'une campagne de communication et de sensibilisation sur la rationalité et
l'économie dans la consommation, le club des artisans boulangers de la wilaya
d'Oran a organisé la semaine passée une conférence. A Oran, un million de
baguettes de pain sont produites quotidiennement par les 520 boulangers
répartis à travers la wilaya. Un chiffre qui démontre toute l'ampleur du
gaspillage constaté chez les citoyens. A cet effet et à l'occasion du mois
sacré de Ramadhan, le club lance un appel pressant aux citoyens afin de ne pas
gaspiller le pain.