Le feuilleton du Comité olympique algérien se poursuit et semble s'exacerber après l'élection de Mustapha Berraf pour un second mandat de suite, samedi dernier lors d'une assemblée générale élective houleuse.

A peine qu'il a été élu que six membres du Comité exécutif du COA ont présenté une démission collective. Il s'agit des six représentants des fédérations olympiques sur les huit que compte le Comité exécutif du COA. Les présidents démissionnaires sont ceux des fédérations d'haltérophilie, Larbi Abdellaoui, de natation, Mohamed-Hakim Boughadou, de tennis de table, Chérif Derkaoui, de cyclisme, Mabrouk Kerboua, de basketball, Ali Slimani et de badminton Messaoud Zoubiri.

C'est en somme la majorité des représentants des fédérations olympiques qui démissionnent et comptent ainsi invalider l'AG qui avait vu l'élection de Berraf. Les six démissionnaires ont rendu public un communiqué dans lequel ils affirment «ne pas se reconnaître ni dans la démarche ni dans la composante ce bureau» qu'ils considèrent «non-représentatif du mouvement olympique algérien». «Par conséquent, nous vous prions de bien vouloir enregistrer notre désapprobation ainsi que notre démission», ont-ils souligné dans une lettre adressée au président de la commission de recours du COA, Mustapha Larfaoui. Ce dernier doit trancher dans les jours à venir. Pour rappel, Berraf, le président sortant du COA a été réélu pour un deuxième mandat à 80 voix contre 45 pour son concurrent Abdelhakim Dib, président de la Fédération algérienne d'athlétisme (FAA) et 11 bulletins nuls.

Le troisième candidat, Sid Ali Lebib s'était retiré avant le début des travaux de l'assemblée générale élective en signe de protestation contre ce qu'il a qualifié «d'interférences de l'administration centrale des sports». De son côté, Dib Abdelhakim avait regretté les conditions dans lesquelles s'est déroulée l'assemblée élective. «Les conditions idéales pour le déroulement de ces élections n'ont pas été réunies. Je ne comprends pas le fait que les fédérations d'escrime et de boxe dont la gestion est en suspens ont pu voter. Ces élections se sont déroulées dans un climat malsain», avait déclaré Dib.

Ce qui se passe au COA était prévisible compte tenu des accusations directes proférées par le ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hadi Ould Ali, qui est un membre du gouvernement, à l'encontre du président du COA, Mustapha Berraf. Ould Ali avait demandé des comptes à Berraf concernant l'argent de l'Etat dépensé aux derniers Jeux africains et Olympiques. Il lui reproche d'avoir permis à des intrus de faire partie de la délégation algérienne qui s'était déplacée à Rio de Janeiro où s'étaient déroulées les JO de 2016. Après son élection, Berraf s'est montré virulent à l'encontre du ministre et de ceux qui veulent sa tête. «J'ai décidé de mener la bataille en dépit des manœuvres entreprises par des personnes qui ne voulaient pas de moi au COA. Celui qui veut me menacer, doit le faire devant la justice algérienne et je défie quiconque de présenter des preuves. La seule autorité qui peut se prévaloir de juger les gens, c'est la justice », a affirmé Berraf lors d'un point de presse tenu peu après sa réélection. «Certaines personnes malintentionnées n'ont pas hésité à toucher à ma dignité, j'ai subi de grosses pressions mais j'ai fini par relever le défi.

Nous sommes dans un pays de loi et de justice, je ne suis pas du genre à faire marche arrière». Au sujet des relations entre le COA et le MJS, Berraf a indiqué : «Je n'ai aucun commentaire à faire sur ce qu'avait déclaré le ministre de la Jeunesse et des Sports. De mon côté, j'estime que la gestion du COA se fait d'une manière normale et en toute transparence.

Celui qui fait des réserves n'a qu'à nous appeler pour nous mettre autour d'une table et discuter au lieu de parler par voie de presse».

Le guerre est donc déclarée entre le MJS et le COA, sachant que l'actuel ministre des Sports a entamé le renouvellement de l'encadrement sportif dans l'ensemble des fédérations sportives. L'opération se poursuit au COA où Berraf continue de résister.

38 membres de l'AG dénoncent et demandent l'invalidation du scrutin

Par ailleurs, dans ce même registre, dans un communiqué rédigé par 38 contestataires et membres de l'AG, ces derniers ont tenu à dénoncer «haut et fort une mascarade électorale orchestrée par le président de la commission de candidatures et membre du bureau exécutif sortant du COA, Rabah Bouarifi, désigné dans le seul but de manipuler le processus électoral au profit d'une seule et unique personne, en l'occurrence, le président sortant», lit-on dans ce communiqué.

Tout en s'adressant au président de la commission de recours de l'AG élective, Mustapha Larfaoui, les 38 contestataires demandent «l'invalidation du scrutin entaché de fraude et l'organisation d'une autre assemblée générale élective, conformément aux principes de la charte olympique et des valeurs de l'olympisme, qui sont la neutralité et l'équité fondées sur les principes d'égalité de traitement des candidatures et de transparence des procédures».