Même s'il a quitté sa ville natale il y a près de quatre décennies, les Mascaréens se souviennent toujours de lui en raison des
beaux jours qu'il a connu au GCM alors au summum de sa gloire. Lorsqu'on évoque
Mohamed Tayeb, on pense tout de suite à sa modestie
et à son humanisme qui ont fait de lui un sportif et un homme très attachant.
Doué sur le plan technique, Tayeb a effectué une
carrière exemplaire. Surnommé «Gaucher», ce valeureux joueur a embrassé une
carrière professionnelle au sein des clubs français de Rennes, Bordeaux et
Reims durant l'ère coloniale. Après l'indépendance, son profil technique lui a
valu de la part de Kader Firoud une convocation en
équipe nationale pourtant constellée de stars. Par la suite, les dirigeants du Widad de Tlemcen l'ont sollicité. Aux côtés des talentueux Nava, Benyellès et Popov, il fut
un excellent meneur de jeu, surtout lors des palpitantes rencontres WAT-GCM, à
tel point que les fans mascaréens, par dépit, ont
placardé des affiches où étaient représentés les deux plus grands joueurs des
clubs rivaux. Pour les fans locaux, le WAT, c'était le WA Tayeb
et le GC Mahi pour le Ghali ! Et pourtant, il est
retourné au bercail pour devenir joueur, puis entraineur-joueur du Ghali après
le départ de Mahi. A cette époque, la concurrence au
sein du onze ghaliste était rude, puisqu'il y avait
de grands joueurs tels Botiche, Baker, Kaoubi, Tchiko, Meskine, Embarek, Maâmar, Mouadih, Ghomis, Dahiya, Boutaleb, Guedim, Dehim, Kessas, et Bougoufa, sous la houlette du Mahi
Khennane et du populaire président Meliani. Et que les oubliés nous excusent. Pour les
nostalgiques, on rappellera que le GCM a terminé son parcours avec une avance
de six points sur son plus proche poursuivant, mais qui fut lourdement
sanctionné par la FAF pour une opaque affaire de participation de juniors,
suscitant une énorme déception à Mascara et à l'Ouest. Pour sa part, Mohamed Tayeb a mené une vie paisible et pieuse, malgré les
contraintes de la compétition, comme l'attestent de très nombreux témoignages.
Puis, le destin lui a ouvert d'autres horizons pour atterrir à Mostaganem pour
y rejoindre son frère, également joueur du WAM, un club auquel il est resté
très attaché. En tant que coach, il a côtoyé de nombreux techniciens de la
balle ronde avec lesquels il s'entendait à merveille, et c'est en raison
justement de ce trait de caractère que la ville de Sidi Saïd l'a adopté. En son
for intérieur, il espérait certainement revenir à Mascara, mais le destin en a
décidé autrement. Il s'est installé définitivement dans la paisible localité de
Stidia où il fut même intronisé dans la fonction
d'imam, un poste qu'il a occupé jusqu'à son dernier souffle. Un concours de
circonstances malheureux a voulu que de nombreux Mascaréens
du milieu sportif n'ont pas été informés à temps du décès de Tayeb et de n'avoir pu assister à ses obsèques qui se sont
déroulées à Mostaganem, sa seconde ville où il jouissait de l'estime générale.