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Selon les
autorités et les médias marocains, un diplomate algérien aurait «sauvagement»
agressé un homologue marocain en pleine réunion jeudi à Sainte-Lucie aux
Caraïbes du comité des 24 de l'ONU pour la décolonisation. Les circonstances de
l'incident qui se serait produit entre les deux diplomates ne sont pas claires
pour les autorités de la petite île caribéenne et les responsables onusiens qui
se sont gardés d'abonder dans le sens de la version marocaine du fait. Il leur
a dû paraître étrange en effet qu'un diplomate défendant un point de vue ayant
obtenu satisfaction dans la réunion à laquelle il participe en viendrait à
«péter» les plombs jusqu'à commettre une agression physique contre un homologue
s'étant vu opposer une fin de non-recevoir de son avis contraire.
En attendant que soient éclaircies les circonstances de « l'agression » dont aurait été prétendument victime le diplomate marocain et sur laquelle les médias du royaume font un tapage à la tonalité hystériquement anti-algérienne, nous retenons que l'accusation dont fait l'objet son homologue algérien survient le jour même où commençait à Al Hoceima dans la province du Rif un gigantesque rassemblement populaire de protestation et de contestation n'épargnant ni le Palais royal ni le Makhzen. Coïncidence pour le moins étrange qui a permis fort opportunément aux médias du royaume de se focaliser sur «l'agression» commise à Sainte-Lucie plutôt que sur le rassemblement populaire d'Al Hoceima. Il y a que dans cette ville et au Rif en général il se produit une montée de la contestation dont le Palais royal et le Makhzen cherchent à cacher l'ampleur et à en réduire l'impact médiatique à effet contagieux sur le reste du royaume où le mécontentement social n'est pas moins grand que celui qui s'exprime dans la province du Nord. Sachant les autorités marocaines pratiquant systématiquement la stratégie de la tension et de la diversion quand elles sont en difficulté, il n'est pas extravagant de les soupçonner d'avoir sciemment prémédité l'incident de Sainte-Lucie. Leur diplomate qui a simulé avoir été agressé par son homologue algérien aurait été probablement instruit à agir de la sorte. Dans l'esprit méphitique du Makhzen, il n'y a pas plus efficace dérivatif à la colère du citoyen marocain que celui mettant en cause le pays voisin: l'Algérie. Son esprit bombardé depuis des décennies par une propagande anti-algérienne et ses réflexes formatés par elle, le citoyen marocain en est en effet arrivé à considérer comme « casus belli » toute affaire impliquant des Algériens. L'incident de Sainte-Lucie lui a été servi en connaissance de la réaction qui serait la sienne. Chevronné comme il est, le diplomate algérien incriminé dans la version marocaine de l'incident ne pourrait se laisser aller à commettre une « agression » dont il sait l'utilisation qu'en ferait le Makhzen auprès de l'opinion marocaine et contre son pays. En tout cas, « l'agression » n'a pas détourné les Rifains qui ont été des dizaines de milliers à se rassembler et à scander leur ras-le-bol d'une monarchie et d'un Makhzen qui bafouent leur citoyenneté et leur dignité. |
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