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En
proposant au MSP d'intégrer le gouvernement post-élections législatives dont il
va procéder à la nomination, le chef de l'Etat n'a probablement pas agi en
considération d'une nécessité pour lui de consolider la majorité parlementaire
qu'ont obtenue les partis qui sont dans l'allégeance à sa personne et le
soutien à son programme. L'appoint des 33 députés obtenus par la formation de Makri en alliance avec celle guidée par Menasra
n'est pas en effet indispensable à cette majorité. En s'essayant à débaucher le
MSP, Bouteflika espère faire coup double en y parvenant. Celui d'abord de
démontrer qu'il n'est pas réfractaire à la participation à la gouvernance du
pays sous son égide de partis islamistes. Celui ensuite de priver l'opposition
d'un partenaire qui a fait figure d'en être l'une des locomotives de sa
contestation du régime.
Le MSP répondra probablement positivement à la proposition présidentielle même si en apparence il semble que l'aile dans ce parti menée par son président Abderezzak Makri y soit opposée au principe que la participation du MSP au gouvernement constituerait un reniement du positionnement qui est le sien depuis 2012 qui va le conduire à l'implosion irrémédiable. Sauf que la cure d'opposition à laquelle Makri et son aile dans le parti ont soumis celui-ci ne s'est pas traduite en gains d'audience pour lui comme escompté par eux et l'a surtout privé des bénéfices que procure la collaboration avec le régime en place. La tendance dominante au sein du MSP est celle du retour à la stratégie dont l'a doté son fondateur feu Mahfoud Nahnah consistant à faire de l'entrisme dans les rouages du régime pour se ménager la position la plus influente en son sein qui se puisse pour une formation se revendiquant islamiste. Même si en apparence Makri semble déterminé à faire échec aux tenants de ce retour à la stratégie de l'entrisme, il sait néanmoins qu'il va être mis en minorité par eux. Si dans les tractations qu'il a eues avec le Premier ministre agissant au nom du président de la République Makri s'est abstenu d'endosser une décision, c'est uniquement pour accréditer l'impression chez son interlocuteur que la proposition présidentielle n'est pas sûre d'avoir l'aval de la direction du parti et ce faisant qu'il y a nécessité d'en revoir à la hausse la contrepartie qui la rendrait acceptable. Pour l'opposition qui a naïvement cru que le MSP en avait fini avec la politique opportuniste de l'entrisme et constitué avec lui une alliance ayant donné naissance à la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD), le retour quasi certain de ce parti à la « maison de l'obéissance » acte irrévocablement le décès de celle-ci et la fin des espoirs qu'elle a suscités. Que peut faire en effet cette instance de l'opposition après que l'un de ses chefs de file aura rejoint avec armes et bagages ce pouvoir dont il a été en son sein le plus « irréductible » détracteur. En ramenant le MSP dans le giron de son régime, Bouteflika parviendra incontestablement à rendre illusoire la probabilité d'une opposition contre lui rassemblée et agissant solidairement sur la base d'une plateforme politique commune. |
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